AlloCiné : Vous avez tourné en région parisienne puis vous êtes envolés pour la Guadeloupe, est-ce que vous connaissiez cet endroit ?
Fabien Onteniente : Non, c'est l'occasion qui a fait le larron ! Je voulais tourner dans une région où il fait très beau, c'est un beau département, la Guadeloupe. C'est chaud, il y a de la musique, la mer bleue et des cocotiers, donc ça rentrait dans ce que Franck et moi faisons comme genre de film. Dans le cinéma de genre, il y a les films policiers, d'auteur, d'épouvante et puis il y a les comédies balnéaires, le genre dans lequel on s'inscrit depuis les Camping. Ce qui m'intéresse, c'est de transporter les problèmes que l'on pourrait avoir Porte de la Chapelle sous les cocotiers. Si on exporte un problème de couple dans ces endroits, cela produit une dimension et un décalage. Voilà pourquoi je suis parti en Guadeloupe.
Je crois que vous avez aussi fait construire le club du film.
Le club [que l'on voit dans le film] est un assemblage de tous les clubs que j'ai vu. Et puis j'avais une obsession : je voulais une grande piscine. Dans les Camping, elles étaient petites donc je ne pouvais pas y mettre de champignon. Là j'ai pu mettre un champignon kitsch et jaune ! (rires)
Vous aviez déjà tourné beaucoup avec Franck Dubosc, comment se sont passées vos retrouvailles et est-ce que vous vous quittez en fait ?
C'est pas tout à fait vrai, on se retrouve tous les trois ans à peu près. Il a écrit et réalisé son film, donc on se retrouve, un peu comme Souchon et Voulzy, mais dans la connerie.
Il est souvent votre coauteur, comment se passe concrètement votre collaboration ?
Ça se passe comme un millefeuille, en couches. L'un dit un truc, l'autre rebondit, on monte, on monte et on se met les dialogues et les situations en bouche quand on écrit. On a une certaine gourmandise à écrire les dialogues, Franck et moi. Un journaliste vient de me dire que les dialogues de All Inclusive étaient truculents et ça me fait plaisir car on y accorde beaucoup de temps. Et vous savez, Franck a changé, il est devenu papa, il a réalisé son film donc on ne voulait pas rester sur le petit Patrick Chirac. On voulait lui trouver un cousin et on lui a trouvé Jean-Paul Cisse. Il est plus "papal" mais tout aussi con.
Justement, est-ce que ça veut dire que ce film ouvre une nouvelle porte et que la franchise "Camping" va être un peu laissée de côté ?
Nous on ne dit jamais jamais, on se laisse guider par nos instincts. Je travaille sans filtre, je n'aime pas truquer. Donc si je sens, je fais, sinon je ne fais pas.
Dans ce nouveau film en tout cas, vous retrouvez François Xavier-Demaison, avec qui vous aviez fait Disco.
Oui, quand je lui ai parlé de ce film, j'ai vu dans son oeil qu'il avait une gourmandise à vouloir faire une comédie populaire. J'ai toujours été persuadé qu'il avait un physique à être un Bernard Blier, un p'tit Lino Ventura, Jean Carmet... Il a un physique très populaire, c'est un peu Monsieur Tout-le-monde. Le personnage de Franck est tellement extrême qu'il nous fallait Monsieur Tout-le-monde, la "Gap attitude", un mec lambda, qu'on aime pour ça. (...) Il a une bonne tête, comme celle d'un copain de lycée ou de mariage !
Peut-être que c'est une idée à creuser pour un prochain film, une comédie de mariage...
Rires.
Est-ce qu'en engageant Josiane Balasko et Thierry Lhermitte vous ne réalisez pas un rêve de gosse ?
Complètement ! Mais ça ne s'est pas fait avec la volonté de réunir les deux. J'écrivais une comédie qui se passait au Pays basque, et j'avais un copain qui tient une pizzeria du côté de Pau qui m'avait dit qu'une dame avait fait ses calculs et préférait aller dans les clubs All Inclusive plutôt que dans les maisons de retraite car ça lui coûtait moins cher. Je me suis dit que ça plairait à Josiane et on a créé Lulu. On l'a appelée et on a créé ce personnage. Puis on a cherché un directeur de club un peu ambiguë, et on est tombés sur l'idée de les réunir. Ça s'est fait en strates (...).
Quelque chose m'a ému : pendant les essais costumes, on réglait les caméras, les décors, c'était le début, ils ont fait un selfie ensemble car apparemment ils ne se voient pas tout le temps. Donc c'était un petit moment où je me suis fait discret et je les ai laissé faire leur selfie. C'était touchant.
Est-ce qu'à l'époque des réseaux sociaux il est toujours aussi facile de faire une comédie populaire, vous avez des haters qui attendent vos films au tournant ?
Rien n'est facile, mais les haters ce ne sont pas des savants. La comédie a toujours existé depuis Charles Chaplin. Aux haters je leur réponds avec Coluche : "L'humour c'est mieux quand ça fait rire".
On retrouve dans vos films un côté Francis Veber, avec deux hommes réunis pour le meilleur et pour le pire, mais quelles sont vos influences de cinéma comique ?
Chaplin, La Party de Blake Edwards, j'ai becketté Oury qu'on allait voir après l'école comme Le Corniaud... Et puis j'aime aussi les comédies avec Gabin, Belmondo, Lino Ventura, j'adorais [Jacques] Villeret aussi. J'ai toutes sortes d'influences. Mais dans le genre de la comédie balnéaire, j'aime beaucoup L'Hôtel de la plage de Michel Lang. Dans cet hôtel arrivent des couples remplis d'embrouille, on pense que ça va être des vacances tranquilles mais c'est l'inverse ! (...) Et je conseille aux gens qui passent des vacances comme nos héros passent de prendre des vacances après !
(...) J'adore montrer des gens qui vont en vacances et qui ont plein de problèmes. Dans la vie, un couple avec des enfants, ils se croisent, emmènent les enfants à l'école, les ramènent, les douchent etc... Ils ne se parlent pas vraiment. Et quand arrivent les vacances, ils sont faces à eux-mêmes ! Et là, qu'est-ce qui existe de leur amour, de leur histoire, on ne peut pas échapper à son histoire ! C'est pour ça que les vacances sont plus intéressantes et qu'il vaut mieux pour moi montrer ces problèmes sous le soleil que sous la grisaille...
La bande-annonce de "All Inclusive", ce mercredi dans les salles :