Hier, deuxième jour du festival, trois nouveaux films de la compétition étaient présentés au public entre rayons de soleil et chutes de flocons.
Le matin, Rampant, un wu xia pian coréen avec des zombies, puis, dans l'après-midi, le film de science-fiction suédois Aniara, primé aux Arcs. Enfin, le soir, The Dark, un film de forêt hantée sur fond de drame adolescent qui était présenté par son réalisateur Justin P. Lange. Hors compétition, on a aussi découvert Beyond Blood, un documentaire sur la Nouvelle Vague du cinéma d'horreur française.
Rampant
Le Prince Ganglim, l’un des fils du roi au pouvoir réputé pour sa maîtrise des arts martiaux, revient au royaume coréen de Joseon après de nombreuses années passées en captivité dans les geôles des Mandchous de la dynastie Qing. Des luttes pour obtenir le pouvoir, entretenues par le ministre de la Guerre, apparaissent bientôt au sein du palais royal alors qu’une épidémie transforme les humains en morts-vivants errants à la nuit tombée...
Rampant, réalisé par le Coréen Kim Seong-Hoon, qui avait rencontré un franc succès en 2017 en Corée du Sud avec son précédent long métrage Confidential Assignment, est un objet hybride. Film en costumes à mi-chemin entre le wu xia pian - le film d'arts martiaux - et le film de zombies, il a le mérite d'être original. S'il traîne parfois en longueur et s'enfonce parfois dans les méandres d'intrigues de cour un peu complexes, il offre quelques scènes d'actions divertissantes et son lot d'hémoglobines et d'yeux révulsés. Pour le moment, il n'a pas encore de date de sortie.
Aniara
Après avoir fini d'exploiter la Terre, ce qui reste de la population humaine lance plusieurs vaisseaux dans l'espace pour transporter des colons vers leur nouvelle maison : Mars. Un de ces vaisseaux s'appelle Aniara. L'engin, qui ressemble à un immense centre commercial, offre tous les services nécessaires à satisfaire une société profondément consumériste et destructrice. Tout semble bien se passer jusqu'à ce qu'un accident le fasse dévier de sa trajectoire.
Adapté d'un poème de science-fiction d'Harry Martinson, lauréat du prix Nobel, Aniara, réalisé par un duo de cinéastes suédois, Pella Kågerman et Hugo Lilja, regorge de belles idées. Toutefois, si la fable écologique et le drame existentiel intéressent et convainquent souvent, le film pèche par le rythme et peine à nous emporter tout à fait. Il n'a pas non plus de date de sortie en France pour l'instant.
The Dark
Une jeune fille morte-vivante hante les bois dans lesquels elle fut assassinée des années auparavant. Le jour où elle découvre un garçon maltraité dans le coffre d’une voiture, sa décision de l’épargner va bouleverser leurs existences. Tous deux ont subi de terribles abus et s’apportent mutuellement du réconfort. La lumière pourrait enfin apparaître au bout du tunnel, mais les cadavres risquent de s’amonceler en chemin…
Fort d'une séquence d'ouverture efficace et flippante à souhait, The Dark met en scène deux âmes en peine, deux adolescents portant les stigmates de maltraitances innomables, qui vont s'appuyer l'un sur l'autre pour survivre et espérer peut-être se reconstruire. Si son tempo est malheureusement inégal, le film est élégamment mis en scène et ses deux personnages sont touchants. Pour le moment, on ignore encore si l'on pourra le voir en salle.
Beyond Blood
Entre 2003 et 2008, une série de films d'horreur français, comme Haute tension d’Alexandre Aja, À l'intérieur d’Alexandre Bustillo et Julien Maury, Frontière(s) de Xavier Gens ou Martyrs de Pascal Laugier, fait sensation dans les festivals internationaux et fascine à la fois le public et les professionnels du monde entier. Ce documentaire donne la parole à ces jeunes metteurs en scène responsables de cette nouvelle vague de l'horreur à la française et explore les origines et le sens caché de ce mouvement.
Il est fascinant de prendre la mesure de l'impact de cette Nouvelle Vague du cinéma d'horreur français à l'étranger, à travers le regard d'un réalisateur japonais et d'intervenants japonais, nord-américains ou espagnols, cinéastes, programmateurs de festivals ou journalistes. Cette Nouvelle Vague jusqu'au-boutiste et sans concession, née en France au début des années 2000 avec Haute tension, s'est poursuivie pendant toute la décennie et ses films les plus emblématiques sont certainement A l'Intérieur et Martyrs.
En France, elle est passée quasiment inaperçue, on peut même considérer qu'en-dehors du petit cercle des cinéphiles amateurs de cinéma de genre, elle n'existe pas. Si le documentaire, qui ouvre de nombreuses portes sans toujours les explorer, manque parfois de tenue et de profondeur dans l'analyse, il met en évidence combien ces films sont importants encore aujourd'hui dans l'histoire du genre et combien le public français, qui les a quant à lui rejetés en bloc à l'époque, reste une énigme. Passionnant.
C'est une question qu'on évoquait par ailleurs à l'issue du festival de Gérardmer l'année dernière au sein d'un dossier feuilletonnant consacré à l'état du cinéma d'horreur en France et que vous pouvez retrouver ici dans son intégralité.
Et n'oubliez pas de garder un oeil ouvert sur l'actualité du festival : c'est toujours par ici !