De quoi ça parle ?
Alexandra (Helena Noguerra), célèbre actrice d’une série à succès rentre chez sa famille à l’occasion de ses 40 ans qu’elle doit célébrer avec sa soeur jumelle Manon. Alors que tout le monde se retrouve dans la maison maternelle, le retard de Manon devient inquiétant.
Série en 6 épisodes de 50 minutes, diffusée en deux soirées sur France 3
ça vaut le coup d’oeil ?
On ne choisit pas sa famille. Thématique usée de la télévision, difficile de tirer son épingle du jeu quand on aborde la toxicité familiale. Comme son titre l’indique Au-delà des Apparences veut gratter le verni et sortir les cadavres du placard. Un anniversaire comme prétexte à réunion ; une disparition comme prétexte à introspection. Une construction classique sur laquelle se plaque une vague trame policière.
Adaptation d’une série québécoise (Apparences), la nouvelle série de France 3 dissèque ainsi les rapports familiaux, révélant au fil des épisodes combien les non-dits pourrissent les racines d’un arbre généalogique. A cela, s’ajoute un thriller psychologique sur les liens troubles qui unissent des (faux) jumeaux. Obsession, jalousie, crise d’identité seront au programme d’une série qui finit par dérouler une partition très appliquée mais très scolaire également.
Les thèmes de la famille ou de la gémellité ont très largement été exploités aussi bien au cinéma qu’à la télévision. Dans ce contexte, trouver le décalage devient un exercice périlleux que les auteurs n’arrivent pas tout à fait à surmonter. Une impression tenace de déjà-vu parcourt l’ensemble de la série. Que ce soit dans les rapports conflictuels des différents membres de la famille ou au très Hitchcockien arc narratif concernant les jumelles Alexandra (Helena Noguerra) et Manon (Hélène Seuzaret), l’ensemble sonne beaucoup trop familier pour prétendre à surprendre.
Au-delà des apparences souffre également d’une construction chaotique, résultat probable de la compression en six épisodes des dix originaux. Les auteurs ont énormément de mal à tenir leur narration, lui imposer une progression constante. L’ensemble fonctionne par à coup, révélations brutales suivies d’une stupeur générale. Les climax de fin d’épisode arrivent avec dix minutes d’avance. Difficile dans ces conditions d’obtenir un résultat fluide et intéressant quand la narration souffre autant d'arythmie. On retrouve cette inconsistance générale jusque dans le jeu hésitant ou limité des acteurs. Eux aussi montrent des courbes sinusoïdales, comme s’ils avaient du mal à se situer dans le récit et à quel état psychologique ils doivent répondre. Un jeu cyclothymique que la série ne justifie jamais. Dans ces conditions, difficile d’obtenir des prestations remarquables et on n’est jamais très loin du cabotinage, notamment chez Helena Noguerra, Pascal Demolon et Hélène Seuzaret.
Grande exploration de la culpabilité, du manque d’attention et des rapports que l’on imagine acquis, Au-delà des Apparences reste en surface. Elle porte finalement mal son titre, tant ce que l’on voit est ce qui est. La série ne s’affranchit jamais d’un lourd héritage (en vrac, Hitchcock, De Palma, Six Feet Under,...) et se contente de livrer un produit dont l’emballage brille mais où l’intérieur déçoit par son aspect quelconque. « Si je meurs, est ce que vous ferez enfin attention à moi ? », cette supplique désespérée pourrait s’appliquer également à la série. Et la réponse s’avère cruelle.