AlloCiné : Comment décririez-vous S.W.A.T., la nouvelle série dont vous êtes la star ?
Shemar Moore : J’ai adoré les onze ans que j’ai passé à jouer dans Esprits criminels, et toute l’équipe me manque beaucoup, mais je crois aussi que ces onze années m’ont préparé à devenir le premier rôle de ma propre série. S.W.A.T. s’est imposée comme un projet très excitant pour moi. Nous jouons des sortes de super-policiers. Une unité composée des meilleurs qui a pour but de combattre le crime et d’aider ceux qui sont en danger. Et chaque épisode contient des séquences d’action vraiment folles. Chaque semaine vous avez vraiment l’impression d’être face à un film d’action à gros budget.
Vous avez quitté Esprits criminels et vous êtes désormais à la tête d’une autre série qui s’inscrit pourtant dans le même genre, celui de la série policière procédurale. Qu’est-ce qui a fait la différence et vous a donné envie de dire "oui" immédiatement ?
S.W.A.T. est une superbe opportunité pour moi. Cela fait 23 ans que je suis comédien à Hollywood, et il faut savoir qu’Hollywood est un univers qui s’apparente à un peu à la roulette russe. On ne sait jamais si une série va fonctionner ou pas. Et je dois bien avouer que j’ai eu beaucoup de chance jusqu'à présent car j’ai incarné pendant longtemps Malcolm Winters et Derek Morgan dans Les Feux de l’amour et Esprits criminels, deux séries qui rencontrent le succès dans le monde entier. Mais aujourd’hui je tiens enfin le premier rôle d’une série grâce à S.W.A.T., et j’incarne le leader de l’équipe, le patron. On me voit enfin faire beaucoup plus de choses à l’écran, j’ai une vraie responsabilité, et je joue un héros qui a du cœur, au sein d’une série qui a des choses à dire.
Car malgré toutes les scènes d’action, S.W.A.T. véhicule aussi des messages. Nous parlons de la vraie vie, des Etats-Unis sous la présidence de Donald Trump, sans pour autant parler de Trump, car nous ne sommes pas une série politique. Mais nous parlons de l’état actuel des Etats-Unis et du reste du monde. Evidemment notre but premier est de divertir, mais nous nous attachons à parler de vrais problèmes. Et notamment de l’opposition, de la scission qui existe entre les policiers et les civils aujourd’hui. De cette peur que la police provoque chez les civils. Nous voulons changer cela, monter l’humanité de ces hommes et de ces femmes qui portent l’uniforme et tentent de servir leur pays jour après jour.
Vous pensez que les fans d’Esprits criminels qui vous ont adoré dans la peau de Derek Morgan vont facilement adhérer au personnage de Daniel Hondo ?
Vous savez, entre les fans d’Esprits criminels et moi c’était un peu comme une grande histoire d’amour. Les téléspectateurs ont évolué avec Derek, ils l’ont suivi durant onze saisons. Donc mon départ de la série et mon arrivée dans S.W.A.T. sont en quelque sorte comparables à une rupture amoureuse (rires). Mais j’ai envie de leur dire de donner sa chance à Daniel. C’est un personnage qui a du cœur, et que j’ai vraiment envie de faire évoluer avec le temps. J’aime bien décrire Daniel en disant que c’est "Derek Morgan sous stéroïdes" (rires). Pas juste au niveau des muscles, mais aussi dans la tête. C’est un vrai leader né, qui doit agir en tant que chef pour son équipe et prendre soin de ses collègues. J’ai pris près de six kilos, j’ai fait beaucoup de musculation, de sport, j’ai mangé. Beaucoup mangé (rires). Afin d’avoir cette carrure imposante et intimidante. Daniel est quelqu’un d’intense et de sérieux, mais il a aussi un côté plus doux, comme Derek. Ce sont deux personnages assez similaires, mais si Morgan et Hondo se battaient, Derek se retrouverait vite au tapis (rires).
Quel genre de préparation et d’entraînement avez-vous suivi pour entrer dans la peau de Daniel Hondo justement ?
Nous avons la chance d’avoir été vraiment entraînés par le S.W.A.T. de la police de Los Angeles. Il faut savoir que le S.W.A.T. est une vraie unité d’élite, qui est en quelque sorte l’équivalent des Marines dans les rues des différentes villes américaines. Les Marines nous protègent à l’étranger, et le S.W.A.T. nous protège au quotidien à travers le pays. On ne se contente pas d’être des acteurs qui essayent d’être cool avec des armes. On veut se montrer respectueux des membres du S.W.A.T.. Il faut que la série soit la plus réelle possible et montre la réalité des hommes et des femmes qui risquent leur vie tous les jours au sein du S.W.A.T.. C’est super de pouvoir s’amuser en faisant son travail d’acteur et de pouvoir en même temps faire passer des messages importants et rendre hommage à ces policiers. Avant de tourner le pilote, nous nous sommes tous entraînés durant trois mois avec le S.W.A.T.. Nous avons appris le maniement des armes et aussi comment fonctionner en tant qu’équipe. Et nous avons fait beaucoup de sport et d’exercice.
Vous n'êtes pas seulement la star de la série, vous avez également la casquette de producteur. À quel point êtes-vous impliqué dans les choix créatifs, les intrigues, le processus de casting ?
Je suis le seul acteur afro-américain à tenir actuellement un premier rôle dans un drama qui ne soit pas exclusivement composé d’acteurs afro-américains, et je dois dire que j’en suis très fier. Ce n’est pas la première fois que cela se produit, et j’espère que cela sera encore le cas à l’avenir, mais c’est une fierté et une responsabilité pour moi. C’est une réalité qui montre qu’il y a un vrai manque de diversité à la télévision américaine. Et le fait que la série soit un succès pourra, je l’espère, ouvrir la porte à d’autres comédiens afro-américains, hispaniques, ou asiatiques. Cela étant dit, je ne suis pas le patron. Shawn Ryan et Neal H. Moritz sont les têtes pensantes de la série. Mais j’ai la liberté de donner des idées sur des histoires, des comédiens, ou la direction que l’on prend avec la série. Je suis persuadé qu’avec S.W.A.T. on peut proposer quelque chose d’inédit sur un grand network américain et je pousse pour qu’on se différencie et que la série ne soit pas juste un simple divertissement.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la série n'est pas l'adaptation du film S.W.A.T. avec Colin Farrell, mais plutôt un reboot d'une série des années 70, Section 4, qui a elle-même inspiré le film, c'est bien ça ?
Oui, c'est ça. En fait, je suis juste assez vieux pour me souvenir de la série des années 70 dont S.W.A.T. est un reboot. Je me souviens très bien du générique (rires). Lorsque j’étais petit tous les gamins voulaient être flics à cause de cette série. C’est d’ailleurs pour cela qu’on a décidé d’en faire un reboot. Pour faire plaisir à ceux qui sont nostalgiques de l’originale. Et dans le film avec Colin Farrell, qui était lui-même adapté de la série, c’est Samuel L. Jackson qui jouait Daniel Hondo. Je ne cherche évidemment pas à lui arriver à la cheville. Après tout, qui le pourrait, franchement ? (rires). Mais je propose la version Shemar Moore de Hondo. Et la série n’est pas un remake du film ou de la série à proprement parler. Nous reprenons juste la marque, la signature, le postulat de base, et certains personnages. Mais nous racontons notre propre histoire. Une nouvelle version totalement dans son époque, qui fait écho aux problématiques actuelles, comme le mouvement Black Lives Matter, le fait que des gamins se fassent tirer dessus injustement, le terrorisme. Les séquences d’action sont proches de celles du film, mais le propos est actuel et totalement inédit.
Est-ce qu’on peut s’attendre à vous revoir prochainement dans Esprits criminels ?
Je suis parti en saison 11 et ils en sont aujourd’hui à la saison 14. Je suis déjà revenu à deux reprises dans la série depuis mon départ le temps d’une petite apparition, principalement pour flirter avec ma Baby Girl Garcia (rires). Et ce qui est important pour moi c’est de ne jamais oublier d’où je viens. Sans Les Feux de l’amour et sans Esprits criminels je ne serais pas là aujourd’hui. Donc cette décision ne me revient pas, c’est CBS qui décide d’un retour ou non de Derek dans la série. Mais Derek n’est pas mort donc s’ils me demandent de revenir je dirais évidemment oui. Car les gens qui travaillent sur la série sont comme ma famille et je le ferais pour les fans.
Et la comédie, c'est un genre auquel vous aimeriez vous essayer un jour ?
J’aime beaucoup les dramas, et toute la palette d’émotions que cela me permet d’explorer. Mais mes fans le savent, j’ai aussi un côté "clown" dans la vie et j’aime pouvoir apporter une touche d’humour à mes personnages, même dans une série sérieuse. Donc oui, même si je serais bien évidemment incapable de faire ce qui font des comédiens comme Jamie Foxx ou Kevin Hart, qui sont des comiques nés, j’adorerais jouer dans une comédie. Quand mon emploi du temps me le permettra bien sûr, car pour l’instant j’ai signé un contrat de six ans avec S.W.A.T.. Mais la comédie est un genre qui m’attire beaucoup en tout cas. Et j’aimerais aussi, dans un tout autre registre, jouer un méchant. Probablement car j’ai pendant très longtemps joué les gentils. Ce serait assez drôle de passer de l’autre côté de la loi (rires).
La bande-annonce de S.W.A.T., diffusée chaque mardi à 21h sur TF1 :