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    The Good Doctor, Atypical : l'autisme dans les séries en 2018

    L'année 2018 a confirmé les espoirs placés en 2017 concernant la représentation de ce trouble neurobiologique sur les écrans, loin des stéréotypes disgracieux.

    DR

    Depuis 30 ans, l’autisme à Hollywood s’est résumé au personnage de Dustin Hoffman dans Rain Man. Une vision caricaturale qui voyait les personnes souffrant de ce trouble comme des génies matheux capables de battre Las Vegas à son propre jeu. Pire, on a longtemps assimilé le comportement particulier de Sheldon Cooper dans The Big Bang Theory à une forme d’autisme, imaginant que son inadaptation sociale pouvait posséder une cause neurobiologique. Il y a bien eu Jerry Espenson dans Boston Legal (2004 - 2008) ou encore Max Braverman dans Parenthood (2010 - 2015) pour offrir des visions plus justes et moins sensationnalistes mais leur relative notoriété ne leur a pas permis de marquer les esprits.

    2017 fut une année charnière pour la représentation de l’autisme avec le lancement de The Good Doctor et d’Atypical ; le film Power Rangers qui accueillait un personnage autiste dans son groupe (pour un résultat très réducteur) ; enfin la série de marionnettes, Sesame Street qui inaugurait une nouvelle création, Julia, également atteinte du trouble neurobiologique. 2018 confirme la prise de conscience d’Hollywood.

    Beth Dubber/Netflix

    Au quotidien

    L’idée derrière The Good DoctorAtypical ou encore On the Spectrum, série israélienne présentée à Séries Mania cette année, c’est de montrer comment l’autisme agit sur le quotidien. Que ce soit du côté des personnes souffrantes que de l’entourage familial, sentimental ou professionnel. Atypical illustre le caractère extraordinaire d’être ou d’élever un enfant atteint d’un trouble autistique, tout en appuyant sur la banalité d’être ou d’élever un garçon de 18 ans. La nature de la série emprunte aux traditionnels teen shows, au « coming out of age » (école, job, relations amoureuses, sexe). The Good Doctor est plus démonstrative, dans sa façon de montrer les interactions entre Shaun et son entourage, posant des sujets ponctuels afin d’illustrer quelques problématiques liées à sa condition, notamment dans la gestion des crises ou dans le rapport direct.

    Si Atypical ou The Good Doctor illustre l’autisme, elles montrent aussi comment s’entretenir avec des gens autistes. Que ce soit de façon pédagogique (The Good Doctor) ou banalisée (Atypical, On the Spectrum) ces séries offrent aux spectateurs des clés pour comprendre et savoir comment se comporter. Des petits détails qui permettent à ceux qui ne sont pas en contact régulier ou occasionnel avec des personnes autistes de mesurer leur attitude.

    ABC/Jeff Weddell

    Au travail

    La question du travail est au centre de The Good Doctor et en périphérie d’Atypical. C’est l’un des problèmes majeurs dans la société américaine. Selon l’association Autism Speaks, 50 000 personnes atteintes d’un trouble autistique sortent diplômées chaque année de l’école et près de 80% d’entre elles se retrouveront aux chômages ou sous-employées d’après le département du travail. La télévision américaine envoie un message positif sur l’autisme dans le milieu professionnel, en montrant qu’il est possible de travailler, aussi bien dans un cadre très particulier (la chirurgie pour Shaun) que plus généraliste (Sam travaille dans un magasin d’électroniques).

    Côté coulisse, le sujet est plus compliqué. Ni Atypical, ni The Good Doctor n’emploient à long terme de personnes souffrant de troubles neurobiologiques. La production s’entoure de consultants occasionnels afin de superviser les scénarios ou donner des indications aux acteurs, mais personne n’est invité à prendre place à la table des auteurs. Néanmoins, toutes ont travaillé avec le studio d’animation et école d’art numérique pour jeunes autistes Exceptional Minds, pour la composition d’effets visuels.

    Beth Dubber/Netflix

    Des séries caricaturales ?

    Atypical comme The Good Doctor ont parfois été attaquées pour entretenir des stéréotypes quant à la représentation de l’autisme. Les avis divergent sur cette question. Certains autistes célèbrent la mise en avant et le respect ; d’autres les accusent de ne pas être suffisamment fidèles. Au milieu, la National Autism Association tempère en affirmant que l’autisme varie énormément d’une personne à l’autre, que deux personnes autistes sont loin de se ressembler. La difficulté pour Atypical ou The Good Doctor est de faire d’un personnage très spécifique, quelqu’un capable de toucher le plus grand nombre. L’autisme étant peu représenté à l’écran, il est quasi impossible de créer le sujet universel. C’est en cultivant sa singularité et en multipliant les représentations que l’autisme gagnera une authenticité générale, capable de satisfaire le plus grand dénominateur commun.

    Un grand pas en avant a été effectué avec The Good DoctorAtypical ou On the Spectrum. On est sorti des schémas disgracieux et réducteurs. Ces séries ont aussi permis de rire avec l’autisme. L’acceptation et la compréhension peuvent passer par le rire, tant qu’il ne s’efface pas derrière le jugement. Toutes ces séries ont ouvert un dialogue entre le public et un trouble qu’on a peut-être encore du mal à comprendre si on n’y est pas confronté. Cette discussion entraîne des pistes de réflexions sur une maladie et ses conséquences aussi bien pour la personne souffrante que son entourage, que ce soit au sein de la famille ou dans le milieu professionnel. Et montre qu’il est possible, même à Hollywood, d’ouvrir un peu plus grand le champ des représentations.

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