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    Girls With Balls : "C'est une comédie qui peut surprendre, parce qu'il y a plein de codes"
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    A l'occasion de la présentation de la comédie horrifique "Girls With Balls" d'Olivier Afonso au PIFFF (Paris International Fantastic Film Festival), rencontre avec une partie de l'équipe de ce film déjanté, projeté déjà dans plusieurs festivals.

    AlloCiné : Comment nous présenteriez-vous Girls With Balls en quelques mots ? En d'autres termes, comme le film peut surprendre, voire diviser, nous dire savoir où l'on met les pieds !

    Louise Blachère, comédienne : Comme je dis à mes copains, c'est une comédie sur une équipe de volley féminine qui se retrouve perdue dans la forêt et qui est traquée par des chasseurs, qui va devoir faire équipe, pour survivre et se battre parfois même avec des ballons.  

    Anne-Solenne Hatte, comédienne : Nous non plus, on ne savait pas où on allait mettre les pieds, à tous niveaux. A la fois dans la narration : on est une équipe de volley, on gagne des matchs, on part dans l'inconnu, on se perd dans le village et tout bascule. Au même titre que cette rencontre et ce tournage ont été abordés de la même façon : ça a commencé par une semaine de répétitions, rencontre avec les filles, plage, pour justement être beaucoup plus complices. Après, on s'est entrainées, on a fait des cours de casacades, il y a eu plein de variations, de climat...

    Olivier Afonso, réalisateur : J'en parle beaucoup comme une comédie avant tout, une comédie trash. C'est vrai que c'est une comédie qui peut surprendre, parce qu'il y a plein de codes. On se permet des libertés. Si je veux faire exploser une tête, je la fait exploser ! Je ne suis pas du tout dans une volonté de démonstration gore ou quelque chose de douloureux, ça reste toujours très fun.

    L'histoire de base est assez simple : ce sont des joueuses de volley qui se perdent en forêt et qui d'un coup sont prises en chasse par des dégénérés. Tout ça n'est qu'une excuse pour parler de la cohésion du groupe, quelles sont les personnes qui vont se séparer, qui va prendre la tête du groupe et comment ça va se passer... Tout ça pour se rendre compte très vite que dès qu'elles unissent leurs forces, ça peut marcher ou non. C'est toute cette vie de groupe qui m'intéressait. Je voulais vraiment un film féminin, avec des rôles féminins forts, que ça parle d'autres choses que de problèmes de mecs.

    Le film va assez loin, il y a des scènes un peu extrêmes...

    Olivier Afonso : A partir du moment où on est dans quelque chose d'extrême, c'est là que ça en devient amusant. Dès l'introduction, dès le début du film, on comprend que c'est un film pour rigoler, que c'est une fiction. Il y a même un narrateur qui rappelle qu'on est au cinéma. C'est juste pour détendre le spectateur et lui dire qu'il va peut être voir des choses parfois effrayantes ou violentes, mais c'est pour rire ! C'est pour blaguer. Donc détends-toi, c'est pour le fun !

    Cette vision parfois extrême de certaines scènes, c'est juste pour être totalement honnête avec le spectateur. J'en ai marre des films qui suggèrent et où on comprend très vite qu'il ne peut rien se passer. Je voulais qu'on se dise qu'à tout moment, il peut tout se passer, il peut tout arriver.

    Quelle a été la préparation physique pour ce film qui comporte beaucoup de cascades ?

    Anne-Solenne Hatte : Au delà du fait que ce soit un film avec un casting assez féminin, ce qui était génial, c'est qu'on a pu apprendre à se battre pour faire nos propres cascades. On a fait plusieurs sessions d’entraînement, assez militaire. On avait quand même 3-4 heures d’entraînement. Avec toutes les filles, on a adoré. Après, sur place, c'était différent, on tournait dans la montagne, c'était plus complexe, plus dangereux. Il a fallu qu'on compose avec les éléments naturels. 

    Louise Blachère : Il faut dire que la cascade, c'est du jeu. En tant qu'acteurs, on apprend aussi beaucoup à tomber, à faire semblant de recevoir des coups. Les cascadeurs avec qui on a travaillé sont vraiment géniaux et ont fait de nous de grandes cascadeuses et de grandes bagarreuses, grâce à leur travail. C'est une autre corde de jeu pour un acteur, c'est agréable. 

    Olivier Afonso : C'était super important pour moi que ce soit les comédiennes qui fassent leurs cascades. Quand on a commencé ce film, écrit cette histoire, on n'était pas du tout dans un militantisme ou revendiquer quelque chose de féministe, etc. On voulait quand même aller au bout du truc : si on créait des personnages qu'on n'a pas l'habitude de voir, il fallait aussi qu'on fasse les choses jusqu'au bout : les comédiennes font leur propres cascades. Que les gens y croient !

    Louise Blachère : On a même essayé d'apprendre à jouer au volley ! C'était dur ! Il fallait avoir l'air pro.

    Olivier Afonso : En face de l'équipe des Falcons, on a de vraies joueuses de volley, de l'équipe de Tenerife. On se rend compte que ça nécessite une discipline, une rigueur, une dévotion. C'est assez militaire ! On a eu cette chance de travailler avec elles. 

    Il y a d'ailleurs Jeanne et Serge parmi les références dans le film. Quelles étaient les autres références ? 

    Olivier Afonso : Jeanne et Serge, c'est un pied de nez à la série, ça nous faisait marrer. D'ailleurs le personnage d'Azuki, c'est Jeanne Azuki. Evidemment il y a des références à d'autres films. Mais ce n'était pas une volonté de fanboy, du style : « je vais vous faire des clins d'oeil ».

    Je suis un enfant des années 80. J'ai grandi avec les films des années 80-90 comme Ghostbusters. Il y a le cinéma espagnol que j'aime beaucoup aussi, comme De La Iglesia. Il y a aussi les débuts de Peter Jackson, les Monty Python, Les Nuls… Tous ces films m'ont évidemment nourri. Les BD, les dessins animés… Je voulais retrouver un petit côté Scooby Doo dans le film, avec le van, etc. Tout ça fait partie de la culture populaire, la pop culture qui m'a nourri, surtout avec une volonté de totale liberté.

    Il y a d'ailleurs un petit côté Red is dead [le film parodique qui ouvre La Cité de la peur], évidemment en moins décalé ou surjoué...

    Olivier Afonso : D'ailleurs, j'aimerais vraiment avoir l'avis d'Alain Chabat sur mon film, si un jour il entend ça. J'aimerais bien qu'il voit le film, qu'il me dise ce qu'il en pense.

    Le film a déjà un petit peu voyagé…

    Olivier Afonso : Oui, il était à Austin au Texas au Fantastic Film Fest. Il a fait GrimmFest à Manchester, et ensuite Sitges en Espagne, Ithaca à New York, à l'AFM de Los Angeles. Ce film a été écrit comme un film de festival.

    Et d'ailleurs, il y a un truc que je regrette beaucoup en ce moment, c'est que l'on perd ce côté spectacle au cinéma, le côté sortie. Quand j'étais gamin, d'aller au cinoche, c'était la fête. C'est pour ça que j'ai envie de faire un film de festival avec un public qui va réagir ou à voir chez soi entre potes parce que c'est marrant. C'est un film que tu as envie de partager. 

    Est-ce qu'il a été compliqué de monter ce projet ? 

    Olivier Afonso : Oui, c'est une vraie guerre de monter des films comme ça. Tu passes ton temps à essayer de convaincre que ça peut se faire. Ce sont des films qui se font dans des économies assez modestes, avec peu de temps de tournage. On y va à l'énergie, aux tripes. 

    Un petit mot pour terminer sur Orelsan qui ouvre ce film, parmi d'autres caméos qu'on gardera secret...

    Olivier Afonso : Avec Orelsan, ça s'est fait tout simplement. Je travaille avec lui depuis un petit moment et c'est devenu un pote. Je lui ai proposé comme ça : "Tu ne veux pas faire le narrateur de mon film ? Tu vois le coq dans Robin des bois ? Eh ben, voilà c'est ça !" Je lui ai demandé s'il jouait de la guitare. Il m'a dit : "non". Je lui ai demandé de jouer de la guitare et lui ai dit que je ne voulais pas Orelsan, mais Aurélien Cotentin, de son vrai nom. Je voulais Aurélien le comédien.

    Il a accepté de ne pas faire très attention à la façon dont il allait chanter, jouer sur le fait que parfois il chante faux. De jouer vraiment la comédie. Un narrateur bien à l'Ouest, complètement à la ramasse, qui est dans le film, sans être dans le film. Il spoile le film, en racontant la fin ! C'est le narrateur le plus pourri du monde et aussi le plus indispensable et génial que j'ai trouvé ! 

    Propos recueillis par Brigitte Baronnet au Festival de La Roche sur Yon, en octobre 2018

    >>> Girls With Balls est projeté ce soir au PIFFF à 19h15 et Lundi 10 décembre à 16h30. En savoir plus...

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