En 1953, l’écrivaine américaine Shirley Jackson publie ce qui deviendra l’un des romans gothiques les plus lus et les plus appréciés : Hantise – la maison hantée. Elle fait de Hill House le lieu de tous nos cauchemars, nos plus grandes peurs et nos insomnies. C’est dans ce décor lugubre et labyrinthique qu’évoluent ses personnages – à savoir le professeur Montaigue et ses différents sujets qui vont participer, de leur plein gré, à des activités paranormales. Livre de chevet de Stephen King qui le considère comme le meilleur roman d’horreur, La Maison hantée a abreuvé l’imagination (et les psychoses) de nombreuses personnes, notamment à Hollywood. À commencer par le réalisateur Robert Wise, fan de l’histoire, qui en propose une adaptation en 1963. Il le tourne en noir et blanc (et se bat contre la colorisation de son film) et pose ses caméras dans un château qui, selon la légende, accueillerait lui aussi un fantôme. La Maison du diable est aujourd’hui un véritable classique du film d’épouvante. À cette époque, ce sous-genre commence à émerger (La Nuit de tous les mystères de William Castle, et Les Innocents de Jack Clayton sont sortis peu de temps avant).
Swashbuckler Films
La Maison hantée a donné lieu à un remake en 1999, sobrement intitulé Hantise. Liam Neeson incarne à son tour le professeur passionné de parapsychologie et emmène dans l’enfer de Hill House Lili Taylor, Catherine Zeta-Jones et Owen Wilson. La première version du script a été écrite par Stephen King lui-même. Entre ces deux films, Wes Craven planche lui aussi sur sa propre adaptation. Mais face au désintérêt du studio, il préfère se concentrer sur un nouveau projet qu’on lui propose : Scream.
Le roman de Shirley Jackson fait reparler de lui grâce à Netflix et sa nouvelle série horrifique, The Haunting of Hill House, disponible depuis aujourd’hui sur la plateforme. Écrite et entièrement réalisée par Mike Flanagan (Ouija : les origines, Pas un bruit), cette adaptation prend malgré tout une certaine distance avec le roman puisqu’elle suit une fratrie qui a grandi dans la demeure. Adultes, ils sont contraints de se retrouver pour faire face à cette tragédie ensemble. Les dix épisodes qui composent la saison 1 se construisent sur deux temporalités, pour mieux comprendre le mal qui ronge cette famille et "donner une vraie profondeur aux personnages" selon l’acteur Henry Thomas.
Le metteur en scène se réapproprie le mythe de la maison hantée tout en appliquant les nouveaux codes de l’horreur, comme il l’explique dans le making-of ci-dessous : "L’horreur a évolué. Au point de se contenter de faire sursauter le public. De nos jours, les spectateurs sont plus avertis. Pour cette série, je voulais revenir à une époque où l’horreur avait un but bien plus profond que l’épouvante.". S’il s’agit d’une adaptation libre, les spectateurs familiers de cet univers retrouveront certains personnages phares et en rencontreront de nouveaux. "Nous n’avons pas voulu faire un remake. Mike [Flanagan] est parti du matériau de base pour faire des expériences sur cette famille. Et c’est le cœur de cette série : comprendre ce qui leur est arrivé et pourquoi ils sont comme ça aujourd’hui" nous a révélé Oliver Jackson-Cohen.
