On connaissait le Daniel Dae Kim acteur, dans Lost évidemment où il incarnait Jin, mais aussi dans Hawaii 5-O, la saga Divergente et prochainement dans le nouveau Hellboy; on connaissait moins le Daniel Dae Kim producteur. Pourtant, la série médicale Good Doctor qui cartonne actuellement dans le monde et chez nous sur TF1 c'est lui qui la produit et c'est même lui qui a porté le projet depuis le début ! Nous l'avons rencontré sur le tournage de la saison 1 il y a quelques mois à Vancouver, il revient sur cette aventure incroyable, semée d'embûches...
Adapté d'une série coréenne, le concept de Good Doctor lui a tout de suite tapé dans l'oeil : "J'en ai entendu parler pour la première fois en 2013 lors de la diffusion de la série originale et en 2014 j'en ai acheté les droits d'adaptation. C'était un gros succès là-bas, je commençais tout juste ma société de production à l'époque et je cherchais des projets coréens qu'il ferait sens d'adapter pour le public américain. Il me semblait qu'elle avait toutes les qualités pour ça : c'était plus qu'une série médicale, plus que des médecins qui parviennent à sauver des vies malgré des cas qui paraissent impossibles, c'était une véritable vision du monde."
Pourtant, il a fallu faire preuve de patience et surtout de persévérence avant que les diffuseurs américains ne voient en ce projet ce que lui y avait vu : "J'y ai cru énormément. Il faut beaucoup de détermination pour réussir dans ce métier, comme dans beaucoup d'autres. J'ai dû me battre, car à plusieurs reprises il est tombé à l'eau." En effet, à l'origine développé pour la chaîne CBS avec laquelle il était en contrat via Hawaii 5-0, Good Doctor a été refusé par deux fois. Puis la 3e, cette fois chez ABC, a été la bonne. En tout, il aura fallu 3 ans pour le mener à bien. Il n'est toutefois pas amer, estimant que tout est une histoire de moment : "Le succès des séries est toujours lié à l'époque, certaines n'auraient jamais marché quelques années plus tôt ou quelques années plus tard. Le timing est important. Et on n'a pas d'emprise là-dessus."
Ce qui a tout fait basculer selon lui ? Lorsque le scénariste David Shore s'est emparé du projet, lui qui avait créé Dr House une décennie auparavant, il avait la stature nécessaire et la réputation pour faire avancer les choses : "Il a d'abord amené son expertise en matière de série médicale, mais aussi un talent pour les dialogues, pour créer des personnages complexes et qui sont tous très intelligents. J'adore lire ses scripts, j'en ai lu des milliers, et les siens sont frais et efficaces, je vois tout de suite la différence."
Good Doctor : "Shaun n'est pas un super-héros" selon le créateur David ShoreUne chose qui tenait extrêmement à coeur à Daniel Dae Kim, c'est que la série soit inclusive et représente toutes les minorités, y compris celle dont il est issu et que l'on ne voit toujours pas assez à l'écran : "Nous avons beaucoup réfléchi à la distribution. Je la voulais variée et représentative des Américains tels qu'ils sont vraiment. De plus, Shaun est autiste et les gens pourraient ne pas s'intéresser à quelqu'un comme lui dans la vie, l'ignorer ou le sous-estimer, et notre série, je l'espère, montre qu'il faut aller au-delà des apparences et des idées préconçues et donner sa chance à tout le monde. Par ailleurs, en tant qu'acteur moi-même, je peux vous dire que certains sont un enfer sur les plateaux. Je tenais absolument à ce que l'alchimie à l'écran soit la même en coulisses, c'est aussi ça la clé d'une série réussie."
Ce qui lui plaît le plus dans ce rôle de producteur ? "Quand je suis derrière la caméra, que je regarde une scène qui se tourne, le sourire qui illumine mon visage n'est pas le même que celui que j'ai quand je suis acteur. C'est formidable de voir la série que l'on a développé prendre vie. Créer un monde à partir de rien. C'est finalement beaucoup plus créatif que ce que j'imaginais. A part l'avalanche d'e-mails toute la journée, j'adore ça !"
Et pour le moment, il n'a pas l'intention d'apparaître dans Good Doctor pour un petit ou un grand rôle : "Les acteurs veulent toujours que tout tourne autour d'eux, c'est 'moi je moi je moi je'; ce projet n'a jamais été développé pour moi, pour que j'en sois l'une des stars; je voulais juste faire partie de cette aventure et surtout qu'elle existe."
Propos recueillis à Vancouver en février 2018
Notre interview vidéo de Freddie Highmore :