AlloCiné : Qu’est-ce qui doit vous plaire dans une série pour que vous acceptiez de la produire ? Et dans le cas présent, Jack Ryan ?
Graham Roland : Plusieurs choses. Le personnage principal doit tenir la route pour commencer. Dans le cas présent, on part d’un matériau déjà existant puisqu’il est issu de l’imagination de Tom Clancy. Il doit aussi y avoir une bonne dose de drame, un héros en plein conflit. Ici l’action se déroule à la CIA mais la série aborde un sujet qui touche de nombreux pays à l’heure actuelle.
Carlton Cuse : Ce Jack Ryan est basé sur une histoire que Graham et moi avons imaginé. On voulait que cette série soit une sorte d’instantanée de la situation géopolitique actuelle. Nous vivons à une époque où nous avons peur du terrorisme et de ce qui se passe au Moyen-Orient. Nous savons tous ce qui se joue là-bas, les bombardements, les attaques… C’est terrible. Avec cette série, nous avons voulu expliquer d’où tout cela venait. Le premier épisode commence en 1983, par un bombardement de la vallée de la Bekaa au Liban qui a été mené par les soldats français. Ces deux enfants se retrouvent seuls et démunis, quittent leur pays pour la France, où ils vont rencontrer de nombreuses embûches. On suit tout leur parcours pour essayer de comprendre pourquoi ils sont devenus terroristes, sans pour autant leur trouver des excuses. On va beaucoup plus loin dans l’analyse psychologique si on se compare aux autres films dans le genre.
C’était un sacré pari que de tenter une nouvelle adaptation de Jack Ryan. Le dernier film avec Chris Pine n’a pas vraiment marqué les esprits. Ça ne vous a pas fait peur ?
Graham Roland : Non pas vraiment. Chacun des acteurs qui ont incarné cet agent de la CIA a apporté sa propre patte. John [Krasinski] a lui aussi ce quelque chose d’unique. On a travaillé avec beaucoup de scénaristes et de réalisateurs sur cette série et ils se sont donnés à fond. N’oubliez pas que nous sommes ici sur un format plus long, de huit épisodes, ce qui permet d’adapter au mieux les livres de Tom Clancy. J’ai espoir que les fans, et ceux qui aiment regarder des séries, s’y plongeront avec plaisir.
Netflix est actuellement le plus gros mais Amazon n’est pas très loin derrière.
C’est la première fois que vous collaborez avec Amazon Prime Vidéo. On parle toujours de la liberté créative que Netflix accorde à ses collaborateurs, mais est-ce pareil avec leur concurrent ?
Carlton Cuse : Nous évoluons dans un monde où les services de streaming deviennent de plus en plus importants. Netflix est actuellement le plus gros mais Amazon n’est pas très loin derrière. Apple sera bientôt aussi de la partie. Amazon nous a donné l’argent et le temps nécessaires pour faire quelque chose de qualité. Nous sommes plus proches d’un film de huit heures. C’est une qualité à laquelle nous n’aurions pas pu prétendre si on était passé par un network classique.
Pourquoi dire "un film de huit heures" plutôt qu’une série en huit épisodes ?
C.C : Tout simplement parce qu’on s’approche plus d’un film en termes de qualité. La plupart des séries ont un périmètre d’action assez réduit. Nous avons tourné dans plusieurs pays, on a posé nos caméras à Montréal, Washington, à Paris, Chamonix, on est restés quatre mois au Maroc … On n’aurait jamais pu faire ça avec une série de network. Au niveau des scènes d’action aussi nous avons vu grand. Voilà pourquoi je dis qu’on peut comparer ça à un film.
Avez-vous aussi présenté votre projet à Netflix ?
G.R : Nous avons rencontré de nombreuses personnes, je ne m’en souviens pas.
Amazon a renouvelé la série avant même sa diffusion. C’était quelque chose que vous leur aviez imposé ?
G.R : Non, c’était leur décision. Ils savaient bien évidemment que l’on avait un plan sur le long-terme. Ils ont vu la première saison et l’ont aimé. On a mis trois ans à faire ces huit épisodes. Amazon, Carlton et moi voulions aussi prendre notre temps avec cette saison 2 c’est pourquoi nous avons voulu débuter la production avant même que la première ne soit dévoilée, de sorte à ce que la saison 2 soit diffusée dès l’année prochaine.