Avec un père professeur militaire, spécialiste des guerres le jeune Peter Berg a été bercé des histoires de grands combattants et des grandes batailles, il ne fallait pas aller chercher plus loin son admiration pour les hommes et des femmes risquant leur vie pour celle des autres, et plus précisément ce qui se cache derrière ce choix de carrière : "Ce qui m'attire c'est la psychologie de la violence. Les gens qui choisissent une vie dans laquelle la violence est une réelle possibilité".
Peter Berg commence par faire l'acteur, notamment dans Shocker de Wes Craven, mais ne trouvera jamais son compte dans cet exercice : "Je n'aimais pas jouer la comédie, je m'ennuyais à attendre qu'on me dise quoi faire, pour plaire à la vision d'autres réalisateurs. (...) Donc en tant qu'acteur, je m'intéressais plus à ce que faisait le réalisateur pour apprendre, poser des questions sur les caméras, les lumières, le choix des plans... Je savais dans mon cœur que le travail que je voulais, le meilleur, c'était celui de réalisateur".
Et force est de constater que depuis quelques années, Berg s'est tourné vers le film d'action, un fait qu'il commente avec humour : "Je me répète toujours que je vais réaliser un film de cuisine tourné dans le sud de la France avec un homme et une femme buvant un verre, pleurant et s'embrassant, mais je finis toujours avec Mark Wahlberg et une paire de mitrailleuses ! (...) J'y reviens toujours, mais un jour, je ferais une histoire d'amour".
Cette tendance à tourner des films "militaires" vient de l'enfance du metteur en scène mais aussi de ses références en matière d'action sont variées : Die Hard, French Connection, Terminator mais aussi C'était un rendez-vous de Claude Lelouch, une traversée de Paris à grande vitesse, réalisée en un plan-séquence filmé depuis l'avant de la voiture. Mais cette cinéphilie ne rassure pas Berg au contraire, et il confie avoir été très crispé sur les plateaux de ses premières mises en scène :
"Lorsque j'ai commencé à tourner, j'étais très tendu, si quelqu'un venait me saluer, je lui répondais d'aller se faire foutre ! Tout était prétexte à s'énerver, donc j'étais épuisé en fin de journée, mais maintenant que j'ai eu la chance de faire quelques films supplémentaires je suis beaucoup plus calme. L'action prend beaucoup de temps à tourner et je ne veux pas courir comme un fou pendant trois mois car [ce n'est bon pour personne]".
Depuis, Berg s'est détendu et il est devenu le spécialiste des adaptations d'histoires vraies (Deepwater, Traque à Boston, Du sang et des larmes), mais cela a fini par lui peser : "[Ces trois films] étaient extrêmement stressants car il y a vraiment eu des morts. Il fallait rencontrer les familles, les enfants des victimes après avoir fait le film et c'était déchirant, cela m'a beaucoup pesé. Voilà pourquoi 22 Miles est une histoire inventée, nous nous amusons plus sans oublier de rester réalistes. Le groupe dont il est question dans le film est adapté d'une organisation gouvernementale existant réellement, donc nous sommes proches de la vérité mais pas trop".
Le héros de cette histoire est incarné par Mark Wahlberg, avec lequel Berg collabore pour la quatrième fois sur un long métrage : "La raison principale pour laquelle je continue à travailler avec Mark Wahlberg c'est parce que nous sommes très amis. Nous sommes quasiment des frères, qui pouvons nous disputer sans que cela soit très grave. Je lui fait confiance, lui aussi me fait confiance, et nous nous amusons beaucoup. Tant que nous nous amuserons, nous continuerons".
Iko Uwais, c'est le nouveau Bruce Lee !
Dans le film, Mark Wahlberg se confronte à Iko Uwais (la star de The Raid), que Berg décrit comme "le nouveau Bruce Lee", reconnaissant que le jeune acteur avait quasiment réalisé ses scènes d'actions et que le projet 22 Miles était bâti autour de la personnalité d'Iko, avant même que le nom de Mark Wahlberg ne soit évoqué au casting.
Cette envie de chorégraphier des combats d'arts martiaux est arrivée récemment au réalisateur : "J'ai récemment rencontré Woo-Ping Yuen ; à 72 ans, il venait de diriger Tigre et Dragon 2 qui n'était pas mal mais pas au niveau du premier. J'ai aussi rencontré son équipe et ils m'ont montré des scènes d'une centaine de films d'arts martiaux qu'ils utilisaient comme références. (...) J'ai donc commencé à penser faire quelque chose dans le monde des arts martiaux (...). Ce n'est pas beau, c'est brutal, ils se jettent contre les murs. J'ai aussi pensé aux films Jason Bourne, notamment cette scène dans la bibliothèque très brutale. Ce sont les combats que j'aime".
Ceci étant dit, Berg tient à assurer qu'il n'oublie pas ses acteurs : "Je suis un directeur d'action mais je travaille dur pour faire sortir les émotions chez ceux qui font ces scènes d'action (...). J'adore la boxe, je possède une salle d'entraînement en Californie où je prépare des boxeurs et si vous allez voir un combat professionnel, il a sa propre histoire : ses hauts, ses bas, ses moments de silence (...) il y a tant de drame dans un combat... Donc lorsque je tourne une poursuite en voiture je me demande quelle est l'émotion, quelle est le drame de cette scène ? (...) Je ne sais pas si j'y arrive, mais j'essaye".
Son credo pour captiver le spectateur : "Lorsque je tourne de l'action, je ne vous veux pas détendus dans votre siège je veux que vous soyez dedans. Je veux vous effrayer, que votre cœur batte, que vous éteignez votre téléphone, je veux toute votre attention". Vous pouvez la diriger vers 22 Miles, actuellement dans les salles :