Le CNC organisait ce matin à Cannes une grande rencontre autour de la parité et la diversité dans le milieu du cinéma, en présence de plusieurs représentantes internationales des différents mouvements nés avec la prise de parole provoquée par l'affaire Weinstein (Time's Up US, Time's Up UK, Dissenso Commune (Italie), CIMA (Espagne), et Greek Women’s wave (Grèce)). Un rendez-vous qui faisait suite à la montée des marches des 82 femmes samedi soir.
Avec une introduction de Françoise Nyssen, Ministre de la Culture, cette grande table-ronde était modérée par les réalisatrices Céline Sciamma et Rebecca Zlotowski, très impliquée dans la mise en place du mouvement 5050 pour 2020. Le rendez-vous a rassemblé un très grand nombre de professionnels et de médias, et le jury officiel a fait la surprise de venir assister à la signature de la charte.
Nous nous sommes entretenus avec Bérénice Vincent, co-fondatrice de l'association Le Deuxième Regard, membre du collectif 5050 pour 2020 militent pour l’égalité femmes-hommes dans le milieu du 7e art.
AlloCiné : Pouvez-vous donner les coulisses de la montée des marches des 82 femmes samedi soir et cette rencontre ce matin ?
Bérénice Vincent : Les coulisses de cette journée, comme l’a dit Rebecca Zlotowski tout à l’heure, ça a été fait de manière assez artisanale. C’est vraiment le collectif, qui est constitué d’un noyau dur de 10 personnes, mais qui avait été amorcé par des ateliers le 24 mars qui ont rassemblé plus de 100 personnes du secteur professionnel de la création et de l’industrie, où des propositions avaient été émises.
Petit à petit, on en est venu à cette idée d’imaginer d’une part d’image symbolique par rapport à cette montée des marches et d’autre part de mise en place très concrète d’engagement du côté du festival de Cannes dans son ensemble, avec les sections parallèles, et des annonces aussi de Madame Nyssen.
Cannes 2018 : le discours engagé de Cate Blanchett sur les marches du palaisPouvez-vous me résumer en quelques mots en quoi va consister cette charte qui a été signée ce matin ?
Tout d’abord, il va y avoir une vraie transmission de données chiffrées, par exemple sur le nombre de femmes qui postulent à la Sélection officielle et aux sections parallèles. C’est-à-dire qu’on saura combien de productrices, réalisatrices, etc. ont postulé, ce qui nous permettra sur le long terme d’avoir une visibilité sur l’évolution des données.
D’autre part, il y a la question de la transparence des comités de sélection, et un engagement par rapport à la parité aussi des comités d’administration et de sélection, bref de toutes les structures qui encadrent le festival.
Ce matin, la Ministre de la culture a également annoncé la tenue d’Assises…
Tout a fait. Ces Assises vont s’organiser autour de table-rondes, avec des thèmes qui seront proposés. Des modérateurs, modératrices qui encadreront le débat avec des professionnels de l’industrie et de la création qui participeront par leur énergie et leurs idées à faire avancer les choses très concrètement. Il a également été évoqué la mise en place de ce mouvement 50-50 pour 2020. Les choses sont allées assez vite, cela fait seulement 3 mois.
Pouvez-vous nous resituer un peu la création de ce mouvement 5050 pour 2020 ?
La création de ce mouvement a été initiée par le Deuxième regard, qui est allé chercher des personnes engagées et soucieuses de ces questions comme Céline Sciamma et Rebecca Zlotowski, pour amorcer justement un vrai levier politique. Le Deuxième regard fait aussi d’autres choses, comme des interviews, des avant-premières, etc. Là, l’idée était vraiment d’avoir un « Action Think Tank » qui fait des propositions concrètes pour faire avancer de manière plus efficace et plus rapide des choses dans le secteur.
Cannes 2018 : la montée des marches de 82 femmes