De quoi ça parle ?
Alors qu’on pense avoir vaincu la mort, sont découverts les corps de sept suicidés, tous mineurs. Dérive sectaire, acte politique, cri d’alarme d’une jeunesse qui cherche sa place ? Darius, flic de 119 ans, mène l’enquête avec Christa, jeune fille révoltée et rebelle.
Ad Vitam, 6x52 minutes, prochainement sur Arte
C'est avec qui ?
Co-écrite et réalisée par Thomas Cailley, à qui l'on doit le long métrage Les Combattants, très remarqué en 2014 et lauréat du César de la Meilleure première oeuvre l'année suivante, Ad Vitam, la nouvelle série d'Arte entre science-fiction et polar qui arrivera à l'antenne dans les prochains mois, peut se targuer de posséder un (très) joli casting.
C'est en effet Yvan Attal, qui trouve ici son premier rôle dans une série, qui campe Darius, le héros flic de cette enquête - également quête existentielle et philosophique - en six épisodes. Un personnage qui, comme la majorité de la société telle qu'elle est présentée, sait qu'il a la vie devant lui, approche désormais les 120 ans (à la suite de trois régénérations), et qui va voir son quotidien, et possiblement certaines de ses certitudes, chamboulées par une vague de suicides inquiétante, qui va faire remonter à la surface les fantômes d'un mal enfoui depuis dix ans, qui semble prêt à frapper à nouveau. Encore plus fort.
Dans cette enquête où tout est plus que jamais une question de vie ou de mort, Darius est épaulé par Christa, une jeune femme psychotique, emprisonnée dans un centre de détention depuis des années, qui va retrouver le monde extérieur pour aider la police. Elle qui, il y a dix ans, a fait partie du mouvement sectaire Saul, qui pourrait bien avoir refait surface, pour mettre à mal l'ordre établi et pousser la jeune génération à renoncer à l'immortalité et à choisir la mort. Personnage le plus intriguant, et le plus percutant d'Ad Vitam, Christa est incarnée par Garance Marillier, la révélation de Grave, qui crève à nouveau l'écran.
Aux côtés de ces deux têtes d'affiches, le reste de la distribution comprend Niels Schneider (Odysseus, Diamant noir), Rod Paradot (La Tête haute), Anne Azoulay, Ariane Labed (Voir du pays), Hanna Schygulla, et Anthony Bajon (La Prière).
Notre avis sur les deux premiers épisodes
Dire que l'on attendait Ad Vitam, première série de Thomas Cailley, avec impatience relève de l'euphémisme. Et le moins que l'on puisse dire, après la projection en avant-première des deux premiers épisodes hier soir à Lille, dans le cadre de la compétition officielle du festival Séries Mania, c'est que cette nouvelle série de SF proposée par Arte est déconcertante. Parce qu'elle propose quelque chose de rare et d'innovant à la télévision française mais n'exploite pas pleinement son potentiel et finit par souffrir, dans une moindre mesure, des mêmes problèmes qui ont fait de Trepalium et de Transferts, les précédentes tentatives d'Arte dans le genre de l'anticipation, des déceptions.
Pourtant, ne vous méprenez pas, à bien des égards, Ad Vitam est très réussie. Déjà, elle parvient à nous embarquer dès le départ dans son univers et dans son atmosphère particulière, qui possèdent ce petit quelque chose qui nous fait souvent penser à certain mangas et animes japonais de science-fiction ultra dark. Une vraie patte qui fait de cette série une oeuvre à part dans la paysage audiovisuel français, et qui est renforcée par une réalisation hyper soignée et une musique envoûtante et percutante, signée HiTnRuN. Et puis il y a Garance Marillier. Qui, n'ayons pas peur de le dire, survole l'ensemble, tant sa prestation est remplie d'une intensité, d'une force émotionnelle, et d'une justesse folles, de tous les instants. Son personnage, Christa, mystérieuse jeune femme qui semble davantage attendre la mort qu'espérer la vie éternelle, est le coeur palpitant de la série, dont on a évidemment hâte de suivre le cheminement et les questionnements liés à toute une génération en perdition au cours des prochains épisodes.
Mais si la forme est on ne peut plus soignée, c'est sur le fond qu'Ad Vitam déçoit (un peu). Probablement car son propos, qui nous propulse à une époque non définie (qu'on imagine être un futur plus ou moins proche) où les Hommes sont parvenus à vaincre la mort en parvenant à régénérer les cellules humaines, amène forcément à tout un ensemble de réflexions passionnantes sur notre société actuelle, le refus de vieillir, la peur de la mort, la politique, ou encore la science qui ne sont malheureusement qu'effleurées, ou laissées au second plan. Pour le moment en tout cas. Mais ce n'est pas le seul reproche que l'on peut faire à la série sur la base de ces deux premiers épisodes. Non, il y a aussi cette sensation, par moment, d'être face, dans le cas des seconds rôles, à des comédiens un peu désincarnés, qui ne jouent pas toujours très juste, ou en tout cas sans conviction. Même Yvan Attal ne convainc pas totalement, mais son personnage est plus en retrait que Christa dans le deuxième épisode notamment, et n'a certainement pas encore livré toutes ses clés et toutes ses facettes.
Des éléments qui, on ose l'espérer, seront corrigés au cours des quatre épisodes suivants. Mais ce qu'Ad Vitam aura plus de mal à rattraper, c'est probablement le problème de rythme et de construction qui se dégage de l'ensemble. Car la série passe la majeure partie de ses deux premiers épisodes à poser les bases de son intrigue, de ses personnages, sans faire vraiment beaucoup avancer son récit. D'où l'impression d'être face à une série (trop) lente, qui n'utilise, à notre goût, pas assez les aspects pourtants fascinants de son mystère de base (le suicide de plusieurs mineurs dans une société où la mort n'existe plus) et met trop longtemps à livrer ses réponses ou ses twists - que l'on voit parfois venir. Ce qui est dommage pour une mini-série de seulement six épisodes. Reste que l'on ressort quand même du visionnage de ces deux épisodes introductifs avec l'impression d'avoir vue une série à part, qui mérite le coup d'oeil, et fascine par de nombreux aspects. Et qui malgré les défauts que l'on peut lui reprocher donne tout de même envie d'en voir plus. Ce qui est déjà pas mal du tout.