Mon compte
    "Red Sparrow est un anti-James Bond, un anti-Mission : Impossible" selon le réalisateur Francis Lawrence

    Trois ans après la fin de la saga "Hunger Games", Francis Lawrence retrouve Jennifer Lawrence pour les besoins de "Red Sparrow". Mais dans une autre ambiance, beaucoup plus dure : celle de l'espionnage en Russie, et dont le réalisateur nous a parlé.

    Après Mockingjay (le geai moqueur en VF), titre anglais des deux derniers volets de la saga Hunger GamesFrancis Lawrence retrouve Jennifer Lawrence pour un autre film avec un oiseau dans son titre : Red Sparrow (le moineau rouge). "C'est une coïncidence oui", nous explique le réalisateur en riant, à Londres. "Quelqu'un nous a même demandé quel serait le titre du troisième volet de notre trilogie sur les oiseaux, et nous avons répondu 'Corbeau' sans nous concerter. Je ne sais pas ce que serait le film ceci dit." En attendant, c'est de son dernier long métrage en date dont il nous parle : une rude plongée dans le milieu de l'espionnage en Russie.

    AlloCiné : "Red Sparrow" est un film américain avec une espionne russe pour héroïne, ce qui paraît osé aujourd'hui. Cela a-t-il impacté le long métrage pendant que vous le tournage et le montage ?

    Francis Lawrence : Non. Nous avons commencé à travailler dessus il y a trois ans, alors que l'idée d'une Guerre Froide moderne n'était pas présente. Je ne considère pas mes films comme politiques : il y en a un peu, mais bien en-dessous de l'aspect humain de l'histoire. Et cet élément du récit ne nous paraissait pas pertinent par rapport au monde de l'époque, donc nous n'y avons pas vraiment pensé. Puis les choses ont changé et Red Sparrow nous a paru plus en phase avec l'actualité sur ce plan, mais je ne le considère pas comme un film politique pour autant. Il est davantage humain pour moi.

    Est-ce pour cette raison que l'époque à laquelle le récit se déroule n'est pas clairement indiquée ?

    Je cherche toujours à rendre mes films intemporels, autant que faire se peut. Et les lieux dans lesquels nous avons tourné avaient un côté rétro, avec ces vieux endroits décorés et ces bâtiments socialistes des années 60. Red Sparrow se déroule au présent mais doit avoir l'air intemporel.

    Je dessine ici une image plus sombre du monde de l'espionnage

    Le côté rétro que vous mentionnez correspond également à votre approche de l'espionnage. Avez-vous été influencé par des vieux films du genre, en matière de rythme notamment ?

    Pas forcément le rythme des films d'espionnage, mais j'ai été influencé par des longs métrages des années 70. Je sortais d'une série de films dotés d'un rythme plus rapide, avec une caméra plus proche des visages, beaucoup d'énergie et d'action. Et j'ai senti, dès la lecture du livre dont Red Sparrow est adapté, que je voulais tourner de façon plus formelle, aborder les scènes de manière plus large. Être plus précis dans l'usage des gros plans et ne pas trop changer la cadence.

    Mais ce n'est pas en regardant des films d'espionnage que j'ai voulu adopter cette approche. Au contraire, j'en ai regardé pour tenter d'éviter de reproduire ce que les autres avaient fait auparavant. Il m'a fallu me demander comment me démarquer, lors des scènes de torture notamment, pour ne pas tomber dans le piège. Je conçois Red Sparrow comme un anti-James Bond, un anti-Mission : Impossible. J'adore ces films, mais ils glamourisent le monde de l'espionnage, et j'ai voulu faire l'opposé, avec une femme confrontée à ces choses horribles et qui veut quitter ce milieu. Je dessine ici une image plus sombre du monde de l'espionnage.

    Depuis "Hunger Games", Jennifer Lawrence affiche une volonté de casser son image. Mais Dominika et Katniss ont en commun le fait d'être prisonnières d'un système qui les instrumentalise. Est-ce à cause de ce parallèle que vous avez pensé à elle pour le rôle ?

    Non, je n'avais même pas vraiment réalisé cette similitude avec les Hunger Games avant d'être bien avancé sur Red Sparrow. Je suis attiré par le même type d'histoires : des histoires de survie avec des personnages solitaires, qui doivent cheminer seuls. Ce film parle également de survie, et c'est en cela que Dominika est proche de Katniss, lorsqu'elle est aspirée dans un monde dont elle doit ensuite trouver comment s'échapper. Mais les thèmes restent très différents : les Hunger Games étaient anti-guerre alors que Red Sparrow parle d'émancipation.

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Londres le 20 février 2018

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top