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    The Rider : "l'Ouest américain est fait par ceux qui l'habitent" selon la réalisatrice

    La réalisatrice Chloé Zhao évoque "The Rider", son nouveau long métrage. Il est centré sur un champion de rodéo qui se blesse et se retrouve du jour au lendemain sans but. Jusqu'au jour où il reprend son destin en main.

    Les Films du Losange

    Ce mercredi sort en salles The Rider, Grand prix du festival de Deauville en septembre dernier. Second film de la réalisatrice sino-américaine Chloé Zhao après Les chansons que mes frères m'ont apprises sorti en 2014, The Rider est un drame touchant situé dans l'Ouest américain.

    AlloCiné : Ce film est sur un jeune cow-boy blessé en réalisant un rodéo mais Brady -dont le film raconte le parcours- a dû rejouer son accident pour les besoins du tournage. Était-ce difficile pour lui ?

    Chloé Zhao : Nous avons tourné assez peu de temps après sa blessure, il était donc assez émotif. Je pense que la reconstitution, même si c'était pour des moments très durs, l'a aidé à maîtriser ses émotions.

    Vous avez tourné "The Rider" dans la même réserve indienne que votre précédent long métrage, on dirait qu'il s'y passe énormément de choses à raconter.

    The Rider m'est venu lorsque j'ai fait la connaissance de Brady [le personnage principal du film]. Il y a beaucoup de gens très intéressants à rencontrer dans cette partie des États-Unis.

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    Comment avez-vous travaillé avec Brady justement ? Il n'avait aucune expérience d'acteur, comment s'est-il comporté sur le tournage ?

    J'ai travaillé avec lui comme je l'aurais fait avec n'importe quel acteur professionnel. Je préfère ne pas trop répéter, nous avons donc juste fait quelques lectures. Parfois, nous changions un tout petit peu le dialogue, la façon de dire telle ou telle chose. Nous improvisions aussi, sur la même méthode. Si une scène ne marchait pas, je réécrivais sur le moment ou je filmais autre chose pour mieux y revenir plus tard.

    Etiez-vous familière de la vie de rancher avant le tournage, et était-ce facile d'être acceptée dans cet univers encore très masculin ?

    Oui, je connaissais la plupart des habitants de ce ranch. Il y a aussi des femmes qui y travaillent, mais définitivement plus d'hommes car il y a une culture de la masculinité dans le monde des cow-boys. Cela, dit, ça n'a jamais affecté ma relation à chaque individu car lorsqu'on passe beaucoup de temps ensemble au milieu de nulle part, on se traite comme des êtres humains.

    On peut voir que vous adorez la nature et les chevaux, quelle est votre façon de mettre en scène l'Ouest américain ?

    Nous avons filmé chaque coucher de soleil durant les cinq semaines de tournage. Nous tournions habituellement de 13h à 20h. C'est important pour moi de laisser le public ressentir ce que cela fait de vivre parmi les animaux. J'essaye aussi de toujours avoir quelqu'un dans le paysage. L'ouest américain est fait par ceux qui l'habitent.

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    Lors de précédentes interviews, vous avez déclaré que vous ne regardiez pas beaucoup de westerns, on ne le dirait pas à voir vos films.

    J'ai grandi dans le Beijing des années 90, en Chine, et ces films n'étaient pas accessibles. Culturellement, ils nous semblaient aussi vraiment étranges.

    Vous avez une approche très "cinéma vérité" cher à la Nouvelle Vague, très documentaire mais avec des éléments de fiction. Cela vous plaît de mêler faits et fiction ?

    Je pense qu'il y a davantage de fiction. Une histoire imaginaire inspirée par la réalité et la vie de certaines personnes. Je me base sur la fiction, mais je veux être certaine que la fiction est très inspirée par la vie, pas par mon imagination ou un programme préétabli. Je travaille ensuite avec mon casting et mon équipe comme si je tournais une fiction totale. Je m'assure simplement que je tourne avec les acteurs de façon authentique et que mon équipe crée un environnement de tournage encourageant les moments spontanés.

    Vos films parlent de solitude et d'isolement, est-ce ce qui vous intéresse dans ces histoires ?

    Je suis très intéressée par les êtres humains et leur relation avec la nature. Je pense que la solitude et l'isolement découlent de cette exploration.

    Pourriez-vous faire tous vos films dans cette réserve indienne ?

    Probablement ! Mais j'adorerais être là juste pour y passer du temps et ne pas faire de film ! (rires)

    Les Films du Losange

    Quelles sont vos influences de cinéastes ?

    Je ne pense pas être cinéphile en termes de connaissances filmiques, mais il y a des cinéastes vers qui je reviens toujours : Wong Kar Wai, Terrence Malick, Werner Herzog, Jacques Audiard, Michelangelo Antonioni, etc.

    Vous avez récemment remporté le Bonnie Award des Film Independent Spirit Awards, je crois que c'était un prix important pour vous...

    C'était très émouvant pour moi de recevoir ce prix devant une salle pleine de réalisateurs que j'admire et dont certains sont des amis de longue date. Je suis vraiment reconnaissante qu'une récompense comme ça soit créée pour soutenir les réalisatrices.

    Sur quels projets travaillez-vous aujourd'hui ?

    J'en ai plusieurs. Un road movie. Un western historique. Une histoire de science fiction et une mini-série sur la frontière américaine.

     

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