LA NATURE REPREND SES DROITS
Le parti pris d’Annihilation est de nous raconter l’histoire à travers les yeux de Natalie Portman. L’actrice interprète ainsi Lena, ex-militaire et biologiste, recrutée par le gouvernement pour comprendre l’origine d’une invasion extra-terrestre. Son mari Kane (Oscar Isaac), seul rescapé d’expéditions ratées, souffre de séquelles neurologiques et physiques. Accompagnée de quatre autres scientifiques, Lena s’enfonce dans la zone X, protégée par un miroitement.
Dans cet espace naturel, la faune et la flore règnent en maîtresses et prennent l’ascendant sur le paysage. En apparence paradisiaque, la zone se révèle plus dangereuse que prévu et la « nature », contrôlée par la force alien, reprend peu à peu le pas sur la civilisation. Elle accélère le processus en s’appuyant sur n’importe quel être vivant, animal, végétal et même minéral. C’est le cas lorsque Josie Radek (Tessa Thompson) devient un arbuste humain ou lorsque le groupe retrouve le cadavre d’un soldat dans le repère. Le corps est intégré au mur, devenu floral, et continue d’évoluer malgré l’éviscération du soldat.
Comme il l’a confié à Vulture, le chef décorateur Mark Digby, qui a aussi travaillé sur Ex Machina, et Alex Garland ont cristallisé la puissance de la nature dans cette scène en illustrant l’expansion des éléments. Sous forme de ramification, inspirée de la figure de Lichtenberg, la fusion de toutes les croissances organiques possibles apparait comme un éclatement de couleurs : « Cela ressemble en quelque sorte à de la moisissure qui pousse dans une sorte d’arbre ou de rivière […] non pas comme une explosion mais comme un accroissement de plus en plus étendu ».