Il y a quelques mois, son nom ne vous disait sûrement pas grand chose et son visage ne vous semblait pas familier. Du haut de ses 22 ans, Timothée Chalamet est pourtant la révélation de cette année 2018. En l’espace de 3 semaines seulement, il est à l’affiche de trois films présentés à Sundance en 2017 : Hostiles, en salles le 14 mars, Lady Bird et Call Me By Your Name, tous deux au cinéma ce mercredi 28 février. Si ses petits rôles dans le western de Scott Cooper et dans la comédie dramatique de Greta Gerwig passent plutôt inaperçu, c’est surtout grâce à la prestation qu’il livre dans la romance sensuelle de Luca Guadagnino que le jeune comédien attire tous les regards. Et c’est justement de son regard dont il est question. Celui, désinvolte puis lascif, qu’il prête à Elio, un garçon de 17 ans qui va tomber amoureux d’Oliver, de 7 ans son aîné, le temps d’un été dans le nord de l’Italie.
PRÉDESTINÉ ?
Timothée Chalamet baigne dans les arts de la scène dès son plus jeune âge. Sa mère, danseuse à Broadway, le fait suivre ses cours et lui transmet l’amour de la performance. Derrière lui, le garçon traîne un sacré bagage, entre une grand-mère actrice, un oncle réalisateur, une tante auteure et un grand-père scénariste. Si, jeune, il rêve un temps de devenir footballeur ou basketteur professionnel - il supporte l’équipe de St Etienne - il entre très vite dans le milieu du théâtre en intégrant à 13 ans le lycée d’arts de LaGuardia à New York. Une inoubliable expérience qui selon lui a forgé l’acteur prometteur qu’il est devenu. Parmi ses modèles, il cite Joaquin Phoenix dans The Master, Heath Ledger dans The Dark Knight ou encore Andrew Garfield et Philip Seymour Hoffman dans la pièce Mort d’un commis voyageur, d’Arthur Miller, qu’il découvre en pleine adolescence à Broadway. Avec un père français, il acquiert, en plus d’un bilinguisme quasi-parfait et un nom qui fait ramer tous les journalistes américains, une culture ciné bien plus vaste, des 400 coups à La Grande Vadrouille.
DES PREMIERS PAS REMARQUÉS
Après être passé par l’inévitable case “publicités”, Timothée est choisi pour interpréter le rôle de Finn Walden dans la saison 2 de Homeland en 2012, dès la fin de ses études. Deux ans plus tard, il fait ses premiers pas au cinéma chez nul autre que Christopher Nolan, dans Interstellar où il joue le fils de Matthew McConaughey. En 2016 il décroche un rôle majeur dans la comédie indé Miss Stevens, celui d’un lycéen embarqué dans un road-trip à travers les Etats-Unis pour se rendre à une compétition d’art dramatique. Si le film ne fait pas grand bruit, lui crève l’écran. Il brille notamment dans une scène où il interprète face caméra un monologue poignant tiré de… Mort d’un commis voyageur. S’il n’est pas réticent à l’idée de participer à des projets bien plus grand public - il passera le casting de Spider-man : Homecoming - il semble avoir une inclinaison naturelle pour le cinéma indépendant.
2017, L'ANNÉE DE LA CONSÉCRATION
Call Me By Your Name arrive dans la vie de Timothée alors qu’il n’a que 17 ans. A l’époque, Luca Guadagnino n’est que consultant, c’est James Ivory qui doit réaliser le film. Les étés se succèdent et le projet n’avance pas au grand désarroi du jeune comédien. Enfin, en 2016, toutes les conditions sont réunies et le tournage démarre à Crema, en Italie. Acteur-caméléon très impliqué dans le projet depuis le départ, Timothée s’y rend 3 semaines avant le tournage pour pratiquer l’italien, le piano et la guitare. Dans le même temps, il signe pour un court rôle dans le western Hostiles dans lequel il partage l’affiche avec Christian Bale et Rosamund Pike. Et pour les besoins du film, il apprend notamment à monter à cheval et à manier un fusil. Fin janvier 2017, son omniprésence à Sundance est très remarquée et lui ouvre une voie royale vers la reconnaissance de la critique et du public. Tout le monde se l’arrache, il fait la une des magazines et démarre près d’un an d’une tournée internationale pour Call Me By Your Name. Sa performance inattendue - il parvient à voler la vedette à Armie Hammer - lui vaut une nomination à l'Oscar du meilleur acteur face aux vétérans Gary Oldman et Denzel Washington. Woody Allen lui offre un rôle central dans son prochain long-métrage, A Rainy Day in New York, dans lequel il donne la réplique à Selena Gomez. Les accusations dont le cinéaste fait l’objet en pleine affaire Weinstein menacent l’avenir du film et amènent Timothée à faire don de son salaire à plusieurs associations, dont Time’s Up, le centre LGBT de New York et RAINN (Rape, Abuse & Incest National Network). Cette affaire n'entache pas pour autant sa réputation. Avec son allure désinvolte, son apparente humilité et sa sincère sympathie, il reste la coqueluche d’Hollywood. On le verra prochainement à l’affiche de Beautiful Boy avec Steve Carell et de The King, drame historique de David Michôd (War Machine) dans lequel il incarnera le roi Henry V. Longue vie à Timothée Chalamet !