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    Né sous silence : “le rôle était trop canon pour le refuser, même si ça s’annonçait assez fatigant...”

    Après "Les Innocents", Odile Vuillemin revient sur nos écrans avec “Né sous silence”, sa nouvelle fiction sur l’accouchement sous X. À cette occasion, la comédienne nous livre les difficultés et les challenges qu’elle a rencontré lors du tournage.

    France 3 aborde, ce mardi 20 février dès 20h55, un sujet difficile avec Né sous Silence, de Thierry BinistiOdile Vuillemin nous délivre les dessous de cette nouvelle fiction sur l’accouchement sous X.

    Vous interprétez le rôle de Sophie, une prestigieuse avocate. Comment décririez-vous votre personnage ?

    Odile Vuillemin : Sophie est une avocate qui a vécu un accouchement sous X. Ce n’est pas un personnage facile à expliquer puisqu'elle dépend tellement de son histoire. Je dirais que c’est le cas précis d’une femme qui s’est coupée de toutes émotions possibles pendant des années, et au bout d’un moment la vie va la rattraper.

    Pierre PLANCHENAULT / FTV

    Qu’est-ce qui vous a inspiré pour jouer le rôle de Sophie ?

    O.V. : Je me suis principalement centrée sur l’image de la coquille qui se fissure. J’appréciais beaucoup l’idée de la vie qui reprend ses droits. Je trouve que c’est souvent le cas quand on grandit et qu’on se rend compte de certains de nos traumatismes ou de nos dénis. Majoritairement, tout le monde a des casseroles. Si l’on observe un peu la vie, on se rend compte qu’inconsciemment, à un moment donné, on est prêt à affronter notre passé. À instant T, la vie peut nous offrir la possibilité de passer de l’autre côté, celui de la lumière. J’aimais bien cette trajectoire-là, qui était très évidente avec ce personnage. Au final, Sophie prend très clairement le risque de tout perdre aussi bien son métier que sa famille. À ce prix-là, elle va se retrouver et ça, ça n’a pas de prix. C’est pour cette raison que j’ai voulu la jouer.

    Aviez-vous carte blanche pour votre interprétation ? Vous a-t-on donné une ligne de conduite ?

    O.V. : Je suis assez autonome. On s’est posés beaucoup de questions avec le réalisateur sur l’idée de coquille. Même si c’est lui qui dirige sur le plateau, il me laisse assez libre de proposer des choses. C’était très agréable pour moi d’avoir quelqu’un qui me pousse à aller plus loin tout en respectant ma direction. Pour l'interprétation, j’ai beaucoup joué sur le visuel. Au début, je voulais un maquillage très mat, très dur, très défini avec petit à petit, toujours dans cette image de coquille qui se fissure, un maquillage qui se met à suer, à transpirer avec toute l’humanité qui se met à rejaillir, le teint devient plus lumineux plus transparent comme un masque qui tombe. Je me suis tiré une balle dans le pied avec les galères de maquillages pendant le tournage, 4 heures par jour, mais c’était chouette puisque pour le coup, ça se voit vraiment visuellement.

    Pierre Planchenault / Telfrance / FTV

    Comment avez-vous réussi à jongler entre une avocate de 40 ans et une jeune fille d’une vingtaine d’années ?

    O.V. : C’était assez sportif car on tournait les deux rôles dans la même journée. D’un côté, on a une femme renfermée alors qu’à 20 ans, elle a la vie devant elle. Il m’arrivait de commencer à mon âge puis dans la scène suivante, je me retrouvais à jouer une gamine d’une vingtaine d’années. C’était une mécanique cérébrale assez dure. En plus, au-delà du changement de maquillage et de coiffure, leur vision de la vie n’est pas la même. Physiologiquement, il fallait apporter une forme de naïveté lorsqu’elle était jeune. J’ai modifié ma façon de regarder, ma démarche, l’attitude du corps, pour apporter une certaine forme d’innocence.

    Comment vous vous y êtes pris pour aborder ce thème de la naissance sous X ?

    O.V. : Je me suis renseignée sur le sujet de façon évidente, mais je n’ai pas cherché à traiter le sujet plutôt le cas précis de Sophie, l’histoire de cette femme à cet instant T et comment elle a réagi. Je suis là pour défendre mon personnage. C’est pour ça que je dis toujours que je travaille au niveau moléculaire.

    Thierry Binisti : De mon côté, en préparant la fiction, j’ai pu rencontré plusieurs sage-femmes. J’avais  réellement besoin de savoir comment ça se passait. Elles m’ont expliqué le processus. Combien de temps l’enfant reste avec sa mère ? Qui va donner les prénoms si la mère n’en donne pas ? Elles ont insisté sur le fait que chaque cas est particulier. Ce film en est un exemple. Dans notre histoire, on a choisi un enfant qui ne pouvait pas vivre sans savoir d’où il venait et pourquoi il avait subi cette abandon. En terme de mise en scène, jouer ce premier regard entre cette mère et son fils, avec ce déséquilibre : elle sait et lui non, était très intéressant. De même, en terme de jeu, il se passait des choses extrêmement fortes.

    Quel message vouliez-vous transmettre à travers ce personnage ?

    O.V. : Le non-jugement, la liberté de pouvoir assumer ses choix. Il n’y a pas de culpabilité, elle n’est pas rongée par le remords. La vie lui donne la chance de résoudre son acte passé qu’elle a enfoui comme si de rien n’était. J’avais envie de montrer un personnage qui ne ressent pas de surculpabilité, mais plutôt l’acceptation des choix et des jugements.

    Pierre PLANCHENAULT / FTV

    “Né sous silence” vous a permis de relever un défi ?

    O.V. : Oui, celui de tourner deux séries d’affilées. Le tournage du film était prévu pour mi-août ,sauf qu’entre-temps je finissais Les Innocents. Vu le peu d’espace entre les tournages, en l'occurrence quinze jours, j’ai dit à mon agent : “ça n’a aucun sens, je ne le lis même pas.” Après avoir insisté, j’ai fini par le faire. À la première lecture du scénario, je n’étais pas trop emballée par le script.

    T.B. : Oui, tu étais au festival de Monaco avec les Américains. Je te proposais un film français, évidemment, tu allais pas aimer. Je t’ai demandé de le relire une fois rentrée du festival.

    O.V. : Au final, je l’ai relu. Et là, je le rappelle : “Mais en fait c’est vachement bien !” Au-delà d’avoir eu le temps de me reposer, je venais d'enchaîner trois mois de tournage, le rôle était trop canon pour le refuser même si ça s’annoncait assez fatigant... Je me suis arrangée pour pouvoir partir avec mon équipe de maquillage et de coiffure. À la première lecture du scénario, j’ai eu une idée très précise du personnage. Du coup, j’ai pu en parler sur mes jours off et mes week-ends avec mon équipe. Je connaissais aussi la costumière, grâce à ça j’ai pu gagner une semaine de préparation. Thierry tenait réellement à ce que je sache courir comme une professionnelle. Du coup, j’ai pris pour coach un champion d’athlétisme parce que personnellement je cours comme un pingouin. Il m'avait préparé un entraînement qui s'effectuait tous les deux jours. Je me suis dis "je vais jamais tenir le tournage avec tout ça". Étrangement, j’ai été une machine de guerre. Autant sur Les Innocents, j’avais des coups de pompes, mais là jamais. Au final, j’ai réalisé que j’étais capable d’enquiller les deux tournages. Par contre, j’ai mis trois mois à m’en remettre. J’étais dans un tel état de nerfs pour tenir que j’ai mis un mois et demi pour redescendre. Sur l’instant, je me suis dis "je savais pas que j’avais une telle pêche !”

    Juste une dernière question : pourquoi avoir changé le titre “La Pièce manquante” par “Né sous silence” ?

    T.B. : C’est sur les conseils de France 3 qu’on a décidé de changer “La Pièce manquante” par “Né sous silence”. Le premier titre ne définissait pas assez le sujet principal du film. Appeler la fiction “Né sous X” était trop brutal. On a alors opté pour “Né sous silence” car ce nouveau nom apporte une forme de poésie à la fiction.

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