James Wan est un peu le Michael Jordan de l’horreur moderne. Il sait faire peur mieux que personne. Avec la saga Insidious, lui et Leigh Whannell ont créé un terrain de jeu paranormal idéal. C’est une saga nostalgique, mélancolique, surréaliste, avec des démons très différents de ce que la culture judéo-chrétienne et les précédents films du genre ont pu offrir. C’est un monde avec d’innombrables options en terme d’horreur et d’histoires. Nous en sommes au quatrième volet, et l’histoire doit rester captivante. Ce film doit avoir un but, un sens, une raison d’exister. (…) Insidious : La Dernière Clé est une origin-story autour du personnage d’Elise Rainier incarnée par Lin Shaye. Elise est un peu le super-héros qui porte cette franchise, pour moi. Elle n’a jamais peur des fantômes, elle passe son temps à les traquer avec son oreillette… C’était donc intéressant de revenir sur son enfance et de montrer aux spectateurs ce qui peut bien lui faire peur. Durant le film, nous découvrons quel événement traumatisant l’a marquée, et comment son père ne l’a pas aidée avec son don. On comprend d’où vient le personnage, ce qu’elle a traversé, et pourquoi sa raison de vivre est d’aider les autres. Elle a ce pouvoir, elle ne l’a pas demandé, et elle va comprendre que cela peut être un don et pas une malédiction.
Ce qui est unique avec cette franchise et la manière dont elle s’est développée au fil des films, c’est le personnage incarné par Lin Shaye. Elle est le centre de gravité de tous les épisodes. C’est un personnage très particulier, extrêmement aimable, qui donne beaucoup. Elle est ce visage amical inattendu dans une telle saga. Un peu comme Miss Marple, qui tranche avec l'archétype du détective privé viril. Lin Shaye arrive dans les films Insidious avec cette énergie positive et désarmante, et on ne s’attend pas à ce qu’elle soit celle qui affronte et élimine le démon qui hante votre maison ! Et pourtant elle le fait : elle prouve que les héros s’incarnent de différentes manières, finalement. C’est vraiment ce que j’aime dans notre saga. Et j’aime dès lors mettre Lin en avant, quand bien même elle n’en a pas envie ! Notamment sur ce quatrième volet. Nous la mettons dans la lumière en disant : "C’est ta saga, tu n’es pas un second rôle qui vient aider les protagonistes, tu es la star, ton nom est en haut de l’affiche."
Avec l’intrigue que Leigh Whannell a développée sur ce quatrième opus, on découvre de quel passé sombre Elise revient. Malgré cela, elle parvient à émerger comme quelqu’un qui donne sans compter, qui aide autrui… C’est un personnage qui regarde constamment vers les autres et jamais vers elle-même. Avec ce film, on découvre ses peurs pour la première fois. Et on prend conscience qu’elle est finalement faite comme ceux qu’elle aide. Sur ce film, nous avons veillé à montrer les petits morceaux qui permettent de construire le personnage complet qu’elle deviendra et que nous avions vu dans le premier Insidious. Je suis ravie du résultat, j’ai passé un moment merveilleux sur ce film et cette saga… même si se retrouver en haut de l’affiche est le plus terrifiant ! (Rires)