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    Tahar Rahim - Le Prix du succès : "C'était une envie que j'avais depuis très longtemps"

    Après "Jimmy Rivière", Teddy Lussi-Modeste signe "Le Prix du succès" avec Tahar Rahim dans la peau d'une star du stand-up, Roschdy Zem et Maïwenn. Rencontre avec l'équipe du film.

    AlloCiné : Qu'est-ce qui vous a attiré à la lecture du scénario ?

    Roschdy Zem (Mourad) : Teddy a réussi à trouver un sujet sur une histoire finalement assez simple, qu'on avait déjà tous plus ou moins entendu, la réussite d'un enfant prodige au sein d'une famille d'un milieu modeste. C'est un sujet que je trouve assez fascinant. Je n'avais jamais pensé à en faire un film et de lire ça, ça m'a paru comme une évidence. C'est un vrai sujet de film.

    Le rapport des deux frères qui est écrit dans le film, ce rapport organique, avec tout ce que ça implique dans la personnalité du personnage que j'interprète. C'est un personnage sans limite, excessif. C'est tout ce qu'on demande pour un acteur, de pouvoir jouer à ce point avec un réel lâcher prise.

    Est-ce que le stand-up est en quelque sorte un prétexte pour aborder plus largement différents sujets ?

    Teddy Lussi-Modeste, réalisateur et co-scénariste : Ce n'est pas quelque chose que je mésestime, pas du tout, mais le stand-up ici est comme un décor. C'est à dire que l'histoire aurait pu se passer avec un footballeur ou avec un rappeur. D'ailleurs on avait essayé de dérouler ces histoires avec différents types de personnages. Mais j'aimais bien l'idée du stand-up car je m'en sentais plus proche. Un stand-upper, c'est quelqu'un qui emploie les mots, qui fait de la mise en scène, même si parfois c'est sommaire. Ça me permettait de mettre en abyme le sujet du film qui est quelqu'un qui réussit, et qui peut parler de ce que créé la réussite. Pour moi le sujet du film n'est pas du tout dans le stand-up, même dans le show business. C'est l'histoire de quelqu'un qui réussit et j'avais cette hypothèse dans l'écriture que la réussite peut détruire une famille. 

    Ad Vitam

    Comment vous êtes-vous préparé à ce rôle de stand-upper ?

    Tahar Rahim (Brahim) : J'étais assez flippé de cette partie sur le stand up. Ce n'est pas le sujet principal du film, sauf que si cette partie est ratée, le film tombe. Comme c'est un métier, c'est un art, l'art des mots, l'art de l'interaction, l'art du corps, l'art de la scène de l'improvisation, ça n'est pas quelque chose d'inné. Peut être que l'humour est inné chez quelqu'un. Mais il n'y pas un stand-upper qui ne travaille pas. Aucun d'eux ne vient en disant : je vais me faire un spectacle en impro. Ça n'existe pas, c'est du travail millimétré. Mais c'est aussi un mélange d'écoute, d'être sur le pouls du public. Si à un moment donné il faut sortir de l'écriture pure du spectacle et improviser, il faut en être capable.

    J'ai rencontré beaucoup de stand-uppers avec qui j'ai parlé, je suis allé voir beaucoup de spectacles. Ensuite j'ai eu la chance de voir Kader Aoun qui m'a invité dans sa troupe au Festival du rire de Montréal et à passer beaucoup de temps avec lui, à converser autour de ce qu'est le stand-up à l'intérieur mais aussi à l'extérieur. On a la chance d'avoir de très grands stand-uppers en France : Jamel, Gad et toute cette nouvelle génération qui arrive comme Melha Bedia, Kheiron ou Chinois marrant. Ca m'a vachement aidé. Heureusement que j'ai eu ça, sinon je n'aurai jamais réussi.  

    Ad Vitam

    Quel a été le déclencheur de ce sujet ?

    Teddy Lussi-Modeste : Au départ, il y a une anecdote personnelle. Je viens d'un milieu plutôt modeste. J'appartiens aux gens du voyage. Quand j'ai voulu faire du cinéma et que j'ai réussi le concours d'une école à Paris, les gens de ma famille ont pensé que j'allais être riche. Quand on dit cinéma, musique, football, les gens imaginent qu'il y a toujours beaucoup d'argent. Il y a eu ces réactions très drôles qui étaient dites avec humour, mais dans l'humour il y a toujours une part de vérité : si tu fais des films, moi je veux une Rolex, un sac Vuitton, une Porsche, une maison devant la mer… Quelqu'un qui réussit peut en arriver à se faire racketter par sa famille. Ensuite, on est allé voir avec Rebecca Zlotowski, avec qui j'ai écrit le scénario, tout ce qui était arrivé dans la réalité, c'est-à-dire les grands parcours de réussite contemporains : Jamel, Faudel, dans le foot, dans le tennis, dans le métier d'acteur aussi. Ce n'était pas du tout un phénomène français ou lié à l'immigration. C'était vraiment beaucoup plus global : quand on vient d'une famille modeste, quand l'argent, la réussite arrivent, ça créé d'énormes problèmes.

    Ad Vitam

    Rebecca Zlotowski, votre co-scénariste, avait travaillé avec Tahar Rahim sur Belle épine. L'idée est-elle venue d'elle et ce film pour le choisir ?

    C'est vrai qu'avec Rebecca Zlotowski, il y a beaucoup de parallèles. On a le même compositeur par exemple. Mais je pense que c'est plus une question de génération. Elle avait travaillé avec Tahar, j'avais failli travailler avec lui sur Jimmy Rivière, mais finalement ça ne s'était pas fait. Rebecca n'avait pas eu cette idée là en tout cas, et elle était étonnée que je décide de prendre Tahar. Mais quand elle a vu les essais, elle a dit oui effectivement. Elle disait quelque chose de très juste : si on prend Tahar et Roschdy pour incarner les deux héros, tout à coup le film prend un côté presque de fable ou de conte moderne. C'était quelque chose vers lequel j'avais envie d'aller. J'ai envie de faire des choses à la fois réaliste mais j'ai envie aussi que ça soit très romanesque. C'est comme ça que l'on atteint quelque chose d'universel, qui peut concerner tout le monde.

    Vous êtes peut être le premier film à utiliser un morceau de The Blaze dans la bande-son, de même que dans la bande-annonce. Pouvez-vous nous parler de ce choix ?

    La musique est quelque chose de très important dans le film, de même que la lumière, donc on a beaucoup travaillé avec le chef opérateur sur la question de la luminosité, de flare... Il y a aussi la musique car j'imagine que les personnages dans leur milieu écoutent beaucoup de musique. Ils écoutent les nouvelles choses qui sortent ; ils sont toujours très au fait. C'était important qu'il y ait cette contemporanéité musicale.

    Un jour, une amie m'envoie le clip de The Blaze de Virile. C'était vraiment au tout début. Je suis tout de suite époustouflé par le morceau, mais aussi par le clip. Il y a vraiment un univers à la fois visuel et musical. C'est un morceau qui m'accompagne pendant tout le film, l'écriture, la mise en scène, la préparation… J'aime bien écrire avec de la musique, je trouve que ça donne beaucoup d'énergie, de l'imagination... Et pour la bande-annonce, on a mis un autre morceau de The Blaze qui est sorti après. Le morceau est encore plus beau. Le clip est aussi vraiment magnifique. Je crois que c'était une bonne idée car beaucoup de gens m'en parlent. 

    La bande-annonce du Prix du succès :

     

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