AlloCiné : Il y a une part de défi en terme de mise en scène de réaliser un film dont la situation se répète. Est-ce ce défi qui vous a intéressé avant lorsqu'on vous a parlé de ce projet ?
Alexandre Castagnetti, réalisateur : Quand j’ai été contacté par Mathias [Rubin] et Eric [Juherian] qui sont les producteurs, j’ai eu un scénario de Christophe Turpin qui m’a attiré parce que c’est à la fois effectivement un défi, une gageure de faire un film d’1h30 presque dans la meme salle tout le temps. Donc ça m’excitait en tant que metteur en scène. Mais ce n’était pas la principale raison pour laquelle j’étais attiré. Ca me rappelait des films de mon adolescence que j’avais adoré. On pense tout de suite à Un jour sans fin avec l’histoire d’amour qui doit se conclure au bout de la boucle. Mais aussi Retour vers le futur qui n’est pas une boucle mais un voyage temporel. Ce sont des films fondateurs dans mon amour pour le cinéma. J’ai tout de suite senti une attirance naturelle pour le sujet.
Et évidemment le principal était de se pencher sur la vie des ados un peu comme pour Tamara [précédent long métrage d'Alexandre Castagnetti]. Ce qui m’intéresse, c’est d’essayer de décomplexer ou en tout cas de rassurer une grande partie du public par rapport à ces doutes que moi j’ai eu quand j’étais plus jeune, au collège, au lycée. Par rapport à des soucis pour trouver sa place parmi les autres. Par rapport à tous ces complexes qu’on peut avoir. Complexes physiques pour Tamara, complexes de cancre dans La Colle. Les professeurs peuvent parfois catégoriser des élèves et ils se retrouvent un peu étiquettés. Donc je continue cette exploration avec La Colle, avec un groupe cette fois-ci, qui est bloqué dans une salle.
Vous l'avez dit, le film est très référencé : il y a des références à des films des années 80-90, mais aussi au graff et à la BD, particulièrement la bande dessinée...
C'est vrai que ça fait deux films où l'on retrouve des éléments de BD. Tamara, évidemment, ça vient d'une BD. Dans La Colle, le personnage dessine des BD, ce qui permet une mise en abyme. En dessinant sa BD, qui raconte sa propre aventure, il arrive à avoir une réflexion, une auto-critique sur ce qu'il se passe. C'était un bon moyen de raconter l'évolution de son personnage, en tout cas de le concrétiser visuellement. Il comprend qu'il faut s'intéresser aux autres.
Après la BD, c'est très lié au cinéma. C'est assez proche en terme de travail visuel, de découpage, de construction de plan et d'incarnation de personnages. Naturellement, on en arrive à mêler BD et cinéma.
Si vous pouviez faire un voyage dans le temps, comme dans Retour vers le futur, où iriez-vous ?
Je crois que je partirai dans le futur parce que ça m'arrive souvent de me dire que je ne verrai pas toutes ces évolutions incroyables. Je suis en train d'écrire, préparer une série un peu d'anticipation. Je trouve ça fascinant de voir comment on pourrait améliorer le monde.
J'aurai du mal à vous donner une date, mais il faudrait un peu de distance, dans 200 ans, pour voir si la vie se rallonge, explorer d'autres planètes. Est-ce que les humains vont devenir des hommes machines ? Ces questions me passionnent.
Karidja Touré et Arthur Mazet sont-ils incollables sur La Colle ?