"Je n'arrivais pas à y croire", nous dit Jon Watts lorsqu'il s'agit d'évoquer le moment où Marvel et Sony lui ont proposé de réaliser le nouveau Spider-Man, intitulé Homecoming. "Et d'ailleurs je n'y ai pas cru au début. Mais c'est vrai apparemment." Oui, c'est bien à ce metteur en scène, qui vient de fêter ses 36 ans et à qui l'on doit Cop Car et Clown (tous deux inédits dans nos salles), qu'a été confié ce nouveau reboot des aventures de l'Homme-Araignée, emmené cette fois-ci par le très énergique et convaincant Tom Holland.
AlloCiné : Etiez-vous un fan de Spider-Man ou de comic books en général, ou cet univers était-il nouveau pour vous au moment de vous lancer sur "Homecoming" ?
Jon Watts : Il est difficile de ne pas être un fan de Spider-Man. Chaque enfant s'identifie à lui d'une façon ou d'une autre, car c'est le super-héros dont on peut le plus facilement se sentir proche, en ayant le sentiment qu'il est comme soi-même. Donc j'étais moi aussi fan de lui étant petit.
Pourquoi peut-on autant s'identifier à lui ?
Il n'a pas demandé ses pouvoirs, il les a obtenus par accident. Et c'est un gamin qui se débat avec tout cela et doute de lui-même, y compris lorsqu'il a ses pouvoirs : il n'est pas toujours sûr de lui ni de sa place dans le monde, il cherche toujours à faire le bien mais ça ne fonctionne pas toujours. C'est en cela que le personnage est très humain et que l'on peut s'identifier à lui.
Spider-Man n'a pas demandé ses pouvoirs, il les a obtenus par accident
Le fait d'être le troisième réalisateur à diriger Spider-Man sur grand écran vous a-t-il fait hésiter au moment de prendre votre décision, vu que les comparaisons seront inévitables ?
Oui mais plusieurs choses ont rendu le film unique à mes yeux : avoir quelqu'un comme Tom, dont l'âge est proche de celui de Peter Parker dans le récit, pour jouer Spider-Man, ça aide quand un jeune homme incarne un jeune homme comme celui-ci.
Mais c'est surtout la possibilité d'intégrer Spider-Man à un monde de super-héros qui a rendu Homecoming complètement différent. Dans les films de Sam Raimi et Marc Webb, il est le seul super-héros au monde, ce qui change l'histoire racontée. Faire de Spider-Man un super-héros ado dans un univers où les Avengers existent, c'est une toute autre chose, et je n'ai jamais eu l'impression de raconter la même histoire que ceux qui m'ont précédé.
C'est aussi pour cette raison que vous renvoyez Peter sur les bancs du lycée ? Comme pour repartir de zéro ?
Ces prémisses, avec cette idée que Peter Parker est Spider-Man dans cet univers depuis un bout de temps, vient des frères Russo [réalisateurs de Captain America : Civil War, ndlr]. Tout comme le fait que Tony Stark l'ait sorti de l'ombre pour l'entraîner dans une folle aventure avant de le renvoyer dans son appartement du Queen's alors qu'il vient de combattre Captain America. C'est un point de départ que j'ai trouvé très riche en matière de potentiel, et tout a été facile à partir de là.
Le fait que Peter Parker soit adolescent place "Homecoming" dans la lignée de vos précédents films, "Clown" et "Cop Car"...
(rires) Oui, on passe du petit enfant, à l'enfant de dix ans et maintenant au lycéen. Je continue de grandir.
Et il est souvent question d'un enfant ou adolescent confronté à un adulte maléfique. Est-ce pour vous une façon métaphorique de montrer à quel point le monde adulte peut être effrayant ?
Oui et c'est ainsi que l'on grandit : le monde est un lieu effrayant lorsque l'on est enfant, même si on ne le sait pas forcément à cet âge-là. Et c'est ce qui rend les histoires de passage à l'âge adulte si impactantes, cette idée d'exubérance et d'excitation juvéniles dans un monde plein de possibilités, par opposition au fait que le monde en question soit en fait dangereux et effrayant, même s'il regorge encore de merveilles. Je pense que j'explorerais toujours dans mes films ce conflit et cette tension.
Mission sauvetage pour Spider-Man :
C'est Michael Keaton qui incarne le Vautour et il est difficile de ne pas penser à Batman lorsqu'on le voit dans un film de super-héros. Etait-ce votre cas aussi ? Ou est-ce justement pour cette raison que vous l'avez choisi ?
J'ai surtout pensé à lui en tant que Beetlejuice. Mais c'est un excellent acteur qui apporte toutes ses qualités à chacun de ses rôles. Il est tellement iconique en tant que Michael Keaton qu'il porte cette histoire avec lui. Et quand on l'oppose à Spider-Man, le résultat se joue à pile ou face car il peut vraiment gagner (rires)
C'est pour cette raison que le film s'ouvre sur une scène avec lui ? Comme pour nous faire comprendre qu'il sera aussi important ?
Je voulais montrer à quoi peut ressembler un super-vilain ancré au niveau du sol dans cet univers. Peter Parker nous permet de voir ce que c'est qu'être une personne normale dans un monde aussi dingue où les Avengers existent, et un super-héros terre-à-terre. Mettre le Vautour en scène permettat d'avoir un méchant qui l'est aussi, et d'avoir un personnage plus humain et crédible, voire que l'on pourrait soutenir, aussi étrange que cela puisse paraître.
Tom Holland est aussi content de jouer Peter Parker que Peter Parker à être Spider-Man
Entre le costume, l'importance du lycée et l'esprit dont le héros fait preuve, le film présente beaucoup de similitudes avec la série des "Ultimate Spider-Man". A-t-elle été votre principale source d'inspiration ?
Oui, plus que n'importe quoi d'autre. La première chose que j'ai faite, après avoir eu le poste, c'était de relire les comic books depuis le tout début, et ça m'a permis de me rappeler pourquoi Spider-Man est si spécial au premier abord : il vous offre une vision complètement différente de ce monde. C'était un adolescent blagueur mais mal à l'aise dans un monde de super-héros. C'était original à l'époque, et je pense que ça l'est encore aujourd'hui.
En quoi Tom Holland est-il un parfait Spider-Man pour vous ?
Il possède une grande physicalité déjà : il peut faire des saltos arrière et vraiment être Spider-Man. Mais plus que tout, c'est son excitation et son enthousiasme à l'idée d'être Spider-Man auxquels il est difficile de résister. Si vous aviez de tels super pouvoirs à 15 ans, vous seriez plutôt excités, et Tom parvient à capturer cet état d'esprit à la perfection. Il est aussi content de jouer Peter Parker que Peter Parker à être Spider-Man.
Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Paris le 13 juin 2017
Tom Holland : le nouveau Spider-Man vous a répondu