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    "Sans pitié apporte un peu de fraîcheur" au polar coréen selon ses acteurs

    De passage au dernier Festival de Cannes, où le long métrage était présenté en Séance de Minuit, Kyung-gu Sol et Si-wan Yim nous présentent "Sans pitié", polar coréen qui tente de dépoussiérer le genre.

    Depuis le succès d'Old Boy, Grand Prix du Jury en 2004, Cannes n'a pas manqué de prouver son amour du cinéma de genre coréen. Et l'édition 2017 n'y a pas dérogé en offrant au polar Sans pitié la très prestigieuse Séance de Minuit, en présence de ses deux acteurs, venus défendre un long métrage moins classique qu'on ne pourrait le croire.

    AlloCiné : Dans sa note d'intention, le réalisateur Sung-hyung Byun explique avoir voulu créer "un nouveau style de film auquel le public coréen n'est pas habitué". A quoi fait-il référence selon vous ?

    Kyung-gu Sol : Il a dit ça ? (rires) Je ne sais pas exactement ce qu'il entendait par là mais je pense que ce qu'il voulait dire, c'est qu'il cherchait à réaliser un film qui n'ait pas de nationalité. Qui ne soit pas coréano-coréen et destiné au public coréen. Un film qui puisse aller au-delà des frontières et que n'importe qui pourrait comprendre. C'était vraiment son intention.

    Il a aussi expliqué avoir été influencé par Martin Scorsese, Quentin Tarantino et Johnnie To : vous a-t-il demandé de regarder des films pour vous permettre de voir ce qu'il avait en tête ?

    Kyung-gu Sol : Oui, il m'avait demandé de regarder Infernal Affairs [dont Scorsese a réalisé le remake américain, Les Infiltrés, ndlr] et Reservoir Dogs de Tarantino. Et un article a justement dit que Sans pitié avait réussi à bien mélanger les deux, ce qui avait fait plaisir au réalisateur.

    Réaliser un film qui n'ait pas de nationalité

    Quel élément de ce thriller vous avait le plus attiré ?

    Kyung-gu Sol : Je n'ai pas immédiatement été partant car il y a énormément de films policiers et de gangsters qui sortent chaque année en Corée, donc je n'étais pas très chaud. Mais c'est le réalisateur qui m'a convaincu, en m'assurant que le sujet et le traitement allaient être différents, donc je lui ai fait confiance, et j'étais même curieux du résultat.

    Si-wan Yim : Moi j'ai été emballé dès le départ. Le scénario m'avait emballé et je me suis dit que, même si je ne le faisais pas, c'était le genre de film que j'aurais absolument voulu aller voir en salles. Je ne me sentais toutefois pas capable de dire au public que le film allait être du jamais vu, et il a complètement adhéré à mon propos. Et c'est là que nous nous sommes mis d'accord et que j'ai rejoint le casting.

    Pourquoi le cinéma coréen a-t-il autant de prédispositions lorsqu'il s'agit d'aborder le genre policier ?

    Kyung-gu Sol : C'est vrai qu'il y en a beaucoup et nous sommes même envahis. Je pense que c'est parce qu'il y a beaucoup d'histoires à raconter qu'il y a autant de films de ce genre. Et c'est aussi parce que cela parle d'un univers masculin et que l'impact est ainsi plus fort, ce qui permet d'avoir des films plus commerciaux. En ce moment, la tendance est quand même à la réduction de leur fréquence, peut-être parce que les gens sont fatigués et que ces films restent dans le même cadre, avec la même trame.

    Si-wan Yim : Je pense quand même que Sans pitié se démarque un peu car, même sans être spécialiste du cinéma, je dirais qu'il possède quand même un certain style, qu'il est très stylé mais dans le bon sens du terme. Et le réalisateur est très jeune donc il y a un côté très dynamique dans sa réalisation et, même si cela parle d'un sujet déjà vu, nous y apportons un peu de fraîcheur.

    A quel point un Festival comme celui de Cannes est important pour le cinéma coréen, et plus précisément le cinéma de genre ?

    Kyung-gu Sol : Cannes a ses réalisateurs coréens fétiches comme Lee Chang-Dong, Park Chan-wook, Hong Sangsoo, Kim Ki-duk, Im Sang-soo ou Bong Joon Ho. Quand un film est sélectionné, cela créé une petite excitation chez nous car tout le monde veut savoir qui va y aller. Mais moins du côté du cinéma de genre où nous sommes moins aux aguets, car ce ne sont pas les longs métrages que le Festival sélectionne en général. Donc ça a été une énorme surprise pour nous, surtout que nous n'étions pas les candidats potentiels.

    ARP Sélection

    Comment avez-vous travaillé la relation entre vos deux personnages pour parvenir à une telle alchimie à l'écran alors que vous passez par tous les états ?

    Si-wan Yim : Avant de parler d'alchimie, il faut savoir que, dans la culture coréenne, nous accordons beaucoup d'importance au respect des aînés, ce qui fait que, lorsque l'on travaille dans un même milieu, on appelle une personne dotée de plus expérience "sunbae" au lieu de son prénom. Je devrais donc appeler Kyung-gu Sol "sunbae-nim", mais le réalisateur m'a demandé de l'appeler "hyung", qui signifie "grand frère" et me permet d'instaurer mon de distance avec mon aîné. Ça nous a beaucoup aidé dans ce sens et nous avons établi une relation de grand frère/petit frère et sommes encore très proches aujourd'hui.

    Kyung-gu Sol : Je pense que cette alchimie est à mettre au crédit du réalisateur, qui a bien réussi à trouver un certain équilibre entre nos deux personnages même s'ils traversent des moments difficiles, peuvent être trahis ou s'aimer. C'est vraiment dû à lui.

    Si-wan Yim : Et nous avons beaucoup bu ensemble, ça a aidé (rires)

    Qu'est-ce qui a été le plus dur ? Trouver la justesse dans les scènes de dialogue, ou le côté physique de l'action ?

    Kyung-gu Sol : Moi je n'avais pas beaucoup de scènes d'action par rapport à Si-wan Yim, donc le plus difficile a été de garder la part de mystère, de montrer que mon personnage était insaisissable. Et puis avec les scènes physique, ils arrivent toujours à se débrouiller au montage, donc c'est moins important.

    Si-wan Yim : C'est vrai, l'aspect psychologique est toujours plus compliqué que le côté physique.

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Cannes le 24 mai 2017

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