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    Cannes 2017 : film dans le film, coulisses de tournage... Quand la compétition parle du cinéma
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    "Le Redoutable", "Les Fantômes d'Ismaël", ces films présentés au Festival de Cannes proposent certes une histoire, mais aussi un regard sur le 7e Art, passé ou présent. Retour sur ces films de cinéma qui nous parlent du cinéma.

    A Cannes on parle de cinéma, dans la file d'attente, dans les salles et aussi dans les films eux-mêmes ! Cette année, la 70ème édition du Festival propose des longs métrages de cinéma... Sur le cinéma !

    L'artiste torturé

    Ambiance "méta" dès l'ouverture du Festival avec Les Fantômes d'Ismaël, le nouveau film signé du cinéaste Arnaud Desplechin. Le personnage joué par Mathieu Amalric, Ismaël, est un scénariste et réalisateur torturé. Il l'est d'abord via le drame de sa vie (la disparition de sa femme Carlotta, jouée par Marion Cotillard) et comme auteur cherchant l'inspiration entre un verre d'alcool et un cachet de somniphère. On voit ainsi Ismaël passer des heures à écrire, puis à tourner son film, une histoire d'espionnage.

    Le montage de Desplechin alterne les séquences réelles et les images du film écrit par Ismaël. On y aperçoit les coulisses du tournage, et on découvre que cet artiste torturé hurle sur son équipe, à la grande surprise de sa petite amie (Charlotte Gainsbourg), venue le voir sur le plateau. Presqu'une caricature de cinéaste !

    Quant au "faux film", l'histoire tournée par Ismaël, elle fait penser aux longs métrages d'espionnage sortis dans les années 60, avec une tendance à lorgner du côté d'OSS 117.

    Cannes se regarde

    L'une des présentations les plus attendues de cette première partie du Festival était celle du Redoutable, inspiré d'un moment de la vie de Jean-Luc Godard. Réalisé par Michel Hazanavicius, cette comédie commence par la fin du tournage par Godard (joué par Louis Garrel) du film La chinoise, sorti en 1967.

    La chinoise marque le début de la période au cours de laquelle le cinéaste suisse croit farouchement en la révolution culturelle maoïste. Elle inspirera plusieurs de ses longs métrages suivants, et Le Redoutable suit ce basculement idéologique du réalisateur. L'aspect "méta" s'invite dans le film lorsque Michel Hazanavicius reprend des éléments de mise en scène à Godard, et s'amuse à utiliser le double langage.

    C'est ainsi que l'on entend par exemple Louis Garrel jouant Godard dire qu'il a parfois l'impression de n'être qu'un acteur jouant Godard. Un acteur "pas très bon, en plus". Mieux encore, le Festival de Cannes est présent dans le film, notamment l'annulation de l'édition de 1968, causée par Godard. Et un des personnages de dire, pendant une manifestation étudiante de mai 68 : "Cannes ? Qui s'intéresse à Cannes ? Faudrait être complètement con pour aller à Cannes cette année !"

    Une phrase qui a fait rire une partie de la salle du Palais des Festivals.

    La fascination Barbara

    Mathieu Amalric propose cette année son nouveau film de metteur en scène, présenté comme un biopic sur la chanteuse Barbara. Sauf qu'il s'agit de tout autre chose, puisque le film met en scène Jeanne Balibar, qui joue une actrice jouant Barbara ! Quant à Amalric, il interprète Yves, un acteur-réalisateur vouant une obsession morbide au fantôme de la Dame en noir.

    Cannes 2017 : Mathieu Amalric ou la fascination de l'abîme

    Le film montre la fascination d'Amalric pour Barbara plus qu'il ne propose un biopic. Ainsi, le déroulement du tournage d'Yves tente de suivre les traces d’une artiste insaisissable, en mêlant réalité et fiction, reconstitution minutieuse et improvisations. Encore un film dans le film et la quête d'un réalisateur cherchant à la fois à réinventer l'interprète de L'aigle noir, et à régler les problèmes de sa vie passée.

    Et encore à venir...

    La première réalisation de Dave McCary fera la clôture de la Semaine de la critique. Elle s'intitule Brigsby Bear, et d'après les critiques américaines du film lors de sa présentation à Sundance, ce film est une ôde à la créativité, notamment cinématographique. Il raconte la vie de James, qui après 25 ans de vie dans un maison isolée, décide d'aller vivre sa vie. Il emménage, et apprend que personne à part lui ne connaît l'émission Brigsby Bear Adventures, qui s'est d'ailleurs arrêtée sans jamais se terminer.

    3311 productions

    Pour affronter sa nouvelle vie, le jeune homme décide de mettre en pratique les leçons de Brigsby et de lui donner une fin, en imaginant un film. Une belle promesse qui s'inscrit dans la lignée de Soyez sympas, rembobinez de Michel Gondry, sorti en 2008.

    Plus que jamais donc, le Festival de Cannes est l'un des endroits phares où le spectateur vit le cinéma, et où le cinéma vit.

    "Le Redoutable" débarque au cinéma le 13 septembre :

     

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