Mon compte
    Beaune 2017 : Jean-Paul Rappeneau confie sa vision du cinéma policier
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Président du jury du 9e Festival du film policier de Beaune, le cinéaste Jean-Paul Rappeneau a accepté de nous livrer son rapport au genre policier, encore si populaire.

    Denis Guignebourg / Bestimage

    C'est dans un coin de verdure du parc d'un hôtel au plein centre de Beaune, que nous rencontrons le cinéaste Jean-Paul Rappeneau. Réalisateur du Hussard sur le toit, de Cyrano de Bergerac et de Bon Voyage présenté en séance culte au 9e festival de Beaune, celui qui assure la présidence du jury se confie sur le genre du polar et de ceux qui ont pu émailler son parcours de metteur en scène.

    AlloCiné : Ce n'est pas votre première présidence de festival, mais c'est votre première dans le domaine du polar. En tant que spectateur, quel regard portez-vous sur ce genre ?

    Jean-Paul Rappeneau : le polar c'est quelque chose que je ne saurais pas faire. C'est même loin de ce que je sais faire. Mais justement, je suis fasciné par les choses qui sont loin de moi, mais qui arrivent à me saisir, comme le font certains films policiers. Ils me saisissent comme quelque chose d'instinctif, et d'une façon parfois plus violente que certains films plus classiques.

    Ce qui est intéressant, et on le voit [au Festival de Beaune] depuis deux jours, c'est qu'on pense qu'il est facile d'émouvoir les spectateurs avec des bastonnades, des mitraillades et des poursuites et de la violence. Or la violence, si elle est mal utilisée elle ennuie, comme toute dramaturgie mal foutue. Et comme dans tout genre, il y a quand même des bons films et ceux qui, avec les mêmes ingrédients, n'arrivent pas à l'être.

    Les Films Corona

    Quel est votre premier souvenir marquant d'un film policier ?

    Alors là, on revient à l'archéologie de ma cinéphilie. Au moment de ma préadolescence, et donc à la fin de la guerre de 45, comme beaucoup de gens de ma génération et les gens qui sont devenus la Nouvelle Vague, je découvre le cinéma américain qui réapparait en France. Et mon premier souvenir de polar, c'était dans ma petite ville d'Auxerre au cinéma Casino. Je n'ai plus le titre du film en tête mais il était en noir et blanc évidemment et je me souviens encore des poursuites et des coups de feu. Je n'avais pas vu tellement de films à l'époque, mais il m'avait marqué.

    Quelques années après, je découvre Quai des orfèvres de Clouzot, et là, je vois un film si différent du monde des gangsters que le cinéma américain exploite encore ! Je l'ai vu et revu, à l'époque j'étais un fan de Louis Jouvet, et je l'ai montré il y a quelques temps à mes enfants, qui ne l'avaient jamais vu, car c'est un classique mais un peu ancien. Et ils étaient sidérés par la science du récit, de l'écriture, des acteurs : Simone Renant, Suzy Delair...

    Je voulais vous demander ce qui fait un bon polar, mais ne vaut-il pas mieux se demander ce qui fait un bon film ?

    Evidemment, et il n'y a pas à dire, pour moi comme pour beaucoup, le cinéma c'est quand même la mise en scène. Il y a ceux qui savent et qui peuvent, et ceux qui ne peuvent pas. C'est pour ça que je suis content que l'on accueille au festival Park Chan-Wook, car lui a une mise en scène extraordinaire. Il faut un auteur.

    Gaumont

    J'ai vu que votre première expérience professionnelle dans l'écriture avait été de travailler sur le scénario de "Signé Arsène Lupin" en 1959. Déjà un polar !

    Oui, j'étais un fan des livres de Maurice Leblanc, et donc j'ai fait une sorte de "à la manière de", un faux Maurice Leblanc et j'étais heureux de voir que dans Les Cahiers du Cinéma (...) un très beau papier disant que j'avais fait mieux que dans le film de Jacques Becker [Les Aventures d'Arsène Lupin, NdlR] dans le respect de l'esprit de Leblanc et que ça aurait pu être un film inventé par Leblanc.

    C'est un beau compliment !

    Et pour tout vous dire, il y avait dans mon scénario qu'Yves Robert a mis en scène, une histoire de retable en trois parties dont chacune des parties était dans un musée différent aux quatre coins de l'Europe. Et lorsque De Broca s'est vu proposer de faire L'Homme de Rio, il m'a dit : "est-ce qu'on ne pourrait pas reprendre ton idée de trois statues..." et [ce fut le cas].

    J'ai aussi découvert que vous aviez été second assistant réalisateur sur Les Suspects de Jean Dréville...

    Je travaillais à l'époque pour la même firme de production, C.C.F.C., et j'ai pu travailler avec Raymond Bernard, Jean Dréville, Georges Lacombe. Mais être assistant n'est pas forcément un bon moyen d'apprendre, mais ça m'a permis d'apprendre à gérer les plateaux de cinéma.

    Plus proche de nous, vous avez sorti en 2013 "Belles familles", avez-vous un autre projet ?

    Je voudrais vraiment refaire un film. J'ai une idée ancienne tirée d'un bouquin anglais, que j'ai essayé de monter dans le temps et par superstition, je préfère ne pas trop en parler. Mais je veux en refaire un !

    "Bon Voyage" de Jean-Paul Rappeneau fait l'objet d'une séance culte au Festival de Beaune :

     

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top