AlloCiné : Etiez-vous déjà fan de l’univers d’Edouard Baer avant de rejoindre Ouvert la nuit ?
Sabrina Ouazani : Totalement ! J’admirais déjà Edouard pour son travail. Je l’avais vu sur scène. J’ai vu bien sûr de nombreux films avec lui. J’étais admirative de ce qu’il faisait, et encore plus après la rencontre. Humainement, c’est une personne dingue ! Quand on m’a appelé pour me proposer d’avoir un autre rôle, parce que c’est une histoire un peu folle, j’étais déjà flattée qu’il pense à moi et de pouvoir le voir, qu’il me dise qu’il aime mon travail... Le fait qu’il veuille travaille avec moi, vraiment, j’étais aux anges !
Comment se passe un tournage avec un acteur et réalisateur comme Edouard Baer ?
C’est dingue de tourner avec lui. Ce n’est pas un tournage comme les autres. C’est peu commun. Il a quelque chose de très poétique. J’avais la pression parce que j’avais beaucoup de scènes uniquement avec lui et il fallait envoyer vachement de texte ! Vraiment, il a l’art des mots ! Je me disais : comment je vais faire ? Si on part un tout petit peu en impro, je ne sais pas si je vais réussir à suivre. J’ai énormément appris. Je voyais qu’il savait vraiment où il voulait aller, aussi bien en termes techniques qu’artistiques. Et en même temps, je voyais que quand il lançait le moteur, parfois il avait un peu le trac, qu’il allait batifoler un peu. Mais toujours bienveillant ! C’est toujours un amour ! Edouard, il me touche vraiment !
Comment ça a commencé le cinéma pour vous ?
En fait, c’est ma Maman qui a trouvé une affiche en bas de chez moi à l’arrêt du tramway à La Courneuve. J’avais 13 ans. Elle m’a demandé si j’avais envie d’essayer un casting avec mon frère. C’était les vacances, c’était pour occuper une matinée comme on n’était pas partis voir la mer. Du coup, on avait pris ça comme un jeu avec mon frère. On s’est dit : allez, on va essayer, pourquoi pas ! C’était vraiment comme un jeu, sans jamais se prendre au sérieux, sans jamais croire que je puisse être repérée ou même prise tout simplement. Et on me rappelle pour me dire que je suis prise et c’était pour L’esquive ! L’esquive qui m’a ensuite valu une nomination aux César. Ça m’a permis d’avoir des propositions et faire d’autres choses après.
Sur ce tournage, est-ce que vous vous êtes dit que c’était ce que vous vouliez faire ? Il y a eu une révélation ?
Oui. Je ne me le suis pas dit tout de suite, mais c’est vrai qu’au casting, je me souviens encore de la sensation quand on m’a dit "action" et que j’ai commencé à jouer. Ça m’a fait un truc dans le ventre, dans le cœur… J’aimais ça profondément, mais je ne me permettais pas d’y croire. Mais quand on m’a rappelé, on ne m’a pas tout de suite dit que j’étais prise. Pendant un mois, j’ai fait des répétitions tous les jours ! Je n’osais pas demander. J’ai attendu juste avant de commencer une scène, j’étais dans le couloir, je devais rentrer dans la salle. Il dit : "Action !" Je me tourne vers l’assistante et je lui dis : "au fait, je suis prise ou pas ?" Parce que j’avais peur de la réponse ! "Oui, oui, vas-y, vas-y ! Action ! Action ! Action !" (rires)
Premier souvenir marquant de spectatrice ?
Mon premier souvenir, c’est Le Roi Lion. Je suis allée le voir avec le centre aéré, avec ma Maman qui nous accompagnait. C’était un double souvenir parce que c’était la première fois que j’allais au cinéma avec ma Maman pour voir un Walt Disney. Imaginez l’état dans lequel j’étais ! Toutes ces couleurs sur grand écran ! Le Roi Lion, ça m’a marqué !
Quel est aujourd’hui le genre de cinéma vers lequel vous vous tournez en tant que spectatrice ?
Parce que je fais ce métier, j’essaye de voir des choses totalement différentes. Mais je sens quand même qu’il y a quelque chose qui a changé en moi. Quand j’étais plus jeune, j’allais vraiment voir les gros blockbusters américains. Maintenant quand je vais les voir, je trouve parfois le scénario un peu creux. Mais je vais quand même encore en voir de temps en temps.
J’aime le cinéma français. Je vais en voir beaucoup. J’aime bien allé voir des petites pépites sur le plan international aussi, faire de belles découvertes. J’aime beaucoup le cinéma de Maïwenn, de Nadine Labaki qui a fait Caramel et Et maintenant on va où ? qui est un de mes films préférés. Mustang aussi… Du cinéma avec des femmes ! (rires)
Et puis il y a Asghar Farhadi aussi… (Sabrina Ouazani a tourné dans Le Passé, Ndlr.)
Asghar, c’était un rêve ! Je connais son cinéma par cœur. J’aime son cinéma, j’aime son univers. C’est quelqu’un d’extraordinaire. Avant dans mes interviews, je disais que je rêvais de tourner avec Maïwenn, Nadine Labaki et Asghar Farhadi. J’ai réalisé une partie de mon rêve. Quand on m’a appelé pour rencontrer Asghar, c’était fou. Je n’y croyais pas. J’avais les genoux qui se cognaient. J’avais la pression, vous n’avez même pas idée ! En terme de direction d’acteur, en terme de travail, tout ce qu’on a fait pour la voix, pour tout, dans les intentions, dans les répétitions qu’on a fait avec Tahar [Rahim], c’était vraiment génial.
Est-ce que vous avez des amis comédiens de votre génération ?
Oui, bien sûr, bien sûr ! Stefi Celma que j'aime vraiment vraiment beaucoup qui est une personne merveilleuse avec un coeur immense et qui est une personne normale ! Avec elle, ça a tout de suite été un coup de coeur. Après, il y a la bande de Pattaya : Franck Gastambide que j'aime beaucoup beaucoup, Malik Bentalha, Anouar Toubali... On s'éclate ! Il y a Sara Forestier que j'aime beaucoup aussi. Leila Bekhti aussi, qui est vraiment une amie. Enfin, dans l'univers musical, Léa Castel.
De votre génération ou d'autres générations, avez-vous des comédiennes qui vous inspirent, des comédiennes préférées ?
J'aime beaucoup Marion Cotillard. Je la trouve dingue et sa carrière est vraiment super. Maïwenn, en tant qu'actrice, elle m'a mis des gifles. Le film Pardonnez-moi, ça a été fou. J'aime beaucoup Bérénice Bejo. J'ai eu la chance de tourner avec elle dans Le Passé, mais je l'aimais car il y a un film qui a marqué mon enfance qui s'appelle Meilleur espoir féminin de Gérard Jugnot. Ca m'a motivé à assumer, même si je faisais déjà partie de cet univers, le fait de dire : je veux être actrice !
La bande-annonce d'Ouvert la nuit, de et avec Edouard Baer, à l'affiche depuis mercredi :