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    Un Jour mon Prince : "On m'a dit que jamais je n'arriverais à faire une comédie pour mon premier film..."

    Rencontre avec Flavia Coste, réalisatrice et actrice de la comédie féérique en salles cette semaine...

    Sophie Davin / Alberto Bocosgil
    "Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants..." Pourquoi beaucoup ?

    Votre comédie joue avec les codes du conte de fées. Que dit-il de la quête amoureuse "classique"?

    Flavia Coste : Un Jour mon Prince parle de la quête amoureuse comme quête toute personnelle. Il est impossible de trouver l’homme idéal pour La Belle au Bois Dormant parce qu’il n’y a qu’elle qui peut savoir qui peut lui correspondre. Mais comme elle dort, il faut bien que quelqu’un la réveille. Pour moi, l'histoire de ce conte a toujours sonné comme un "sois belle et attends". Ce n’est plus le cas. Il faut prendre aujourd'hui les choses en mains. Aller à la rencontre de l’Autre, c’est prendre des risques, risquer de rencontrer des faux princes charmants, des menteurs, des affreux et de temps en temps, quelqu’un de bien. Si tu attends chez toi ou ne prends aucun risque, il ne se passera rien. Attention, il ne faut pas non plus attendre tout de l’autre. 

    Un propos résolument moderne donc et même féministe ?

    Le film est féministe dans le portrait de l’anti prince charmant. Dans ma liste des qualités de l’homme idéal, je me moque des hommes et des femmes. Personne ne peut être tout pour quelqu’un d’autre. Le site adopteunprince.com est en cela un exemple du travers qu’il y a à faire un portrait de soi-même. Cela m’a amusée de pousser le trait. Je me moque de la naïveté de mes héroïnes mais sans faire la morale non plus à ces hommes un peu paumés. L’expérience d’une des jeunes héroïnes est en outre comparable à celle d’une adolescente blessée, mise en échec pour la première fois (elle perd ses pouvoirs) par le monde adulte, et pas encore prête pour l’affronter. "Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ?" Beaucoup non, pourquoi ? Un c’est déjà pas mal, non ? Il n’y a pas de recette. Dix ans après, pourquoi ne pas explorer ce que seront devenus tous ces personnages. Cela me plairait, je pense.

    Sophie Davin
    Mon univers de comédie et surtout de conte de fées a fait douter les commissions d'aides cinématographiques...

    Vos jeunes comédiennes, peu connues en France, sont remarquables. Un mot sur votre rencontre et votre collaboration ?

    Mes deux actrices Sarah-Jeanne Labrosse et Mylène Saint-Sauveur sont très connues au Québec, où elles tournent depuis qu’elles ont dix ans et essentiellement dans des drames. Mais elles ont une légèreté à l’écran et dans le travail : elles sont lumineuses et entièrement dévouées au projet de l’auteur. Sur le tournage, elles étaient heureuses d’être dans un univers baroque et décalé, n'ont jamais eu peur du décalage, me faisant confiance complètement sur la base de l’écriture.

    Avez-vous trouvé cette confiance à toutes les étapes de développement du film ? Votre film est tout sauf banal...

    Les comédies en France attirent les spectateurs et font vivre les autres films, mais lorsqu’il ne s’agit pas d’une grosse machine avec des têtes d’affiches comme Gad Elmaleh ou Dany Boon, c’est très difficile à vendre aux commissions d'aides cinématographiques. Pourtant, pour moi la légèreté, c'est la classe. Certains lecteurs en commissions voient le film à la lecture, d’autres ne le voient pas. Quand on ne connaît pas ton univers, ou qu’on ne cherche pas à le connaître à travers les courts métrages que tu as faits, cela n’aide pas à savoir comment tu mets en scène, diriges les acteurs, ou crées une imagerie.

    Mon univers de comédie mais surtout de conte qui part de références comme les fées ou La Belle au bois dormant, a en effet suscité le doute. "Quel public visez-vous? Adulte ou enfant?", m'a-t-on demandé. Comme s'il fallait choisir alors que Tim Burton ou Jacques Demy pour Peau d'Ane, ne choisissent pas. "Il vous faut cent millions sinon votre film ne ressemblera à rien, car c'est du Tim Burton à la française, or on ne sait pas le faire en France", m'a-t-on dit également. Or si j’avais eu plus d’argent, j’aurais demandé plus de temps mais je n’aurais certainement pas utilisé d’autres décors, ni d’autres acteurs, ni d’autres costumes. Il faut en fait persuader les gens que ça aura de la gueule, que ça ne sera pas kitsch.

    Sophie Davin
    "Vous êtes une femme et vous voulez faire une comédie pour un premier film ? Vous n’y arriverez jamais !"

    Je me suis pour finir entendue dire : "Vous êtes une femme et vous voulez faire une comédie pour un premier film ? Vous n’y arriverez jamais !" Déjà, je n’ai jamais décidé de faire une comédie, j’ai écrit un scénario parlant d’amour sur un angle léger. Heureusement qu’on a trouvé un partenaire au Québec, qui recherchait justement ce genre de films. Il faut faire avec les 3% de personnes qui vont vous dire oui : pour ce film, mon producteur Antoine de Clermont-Tonnerre et France 3 qui ont lu il y a plus de trois ans, et n’ont jamais lâché. Et au Québec, Christian Larouche puis le distributeur Paradis Films.

    Chez Canal +, on m’a aussi dit que ma comédie était trop originale. Mais on nous demande d’être originaux ! Le risque au terme de tout cela, c’est que le film ne nous ressemble plus. J’ai résisté aux injonctions cherchant à me rendre à la mode, cherchant à draguer le public en essayant de faire ce qu'on croit qu’il attend. Parce que personne n’attend mon film donc j’ai préféré raconter une histoire que j’aurais aimé qu’on me raconte. Je la mets en scène avec le plus de sincérité, le plus de fantaisie possible et avec le besoin de rire qui m'anime en ce moment.

    Découvrez les images du film :

     

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