Jeudi 15 septembre 2016. Nous arrivons aux portes du majestueux château d'Alnwick, en Angleterre. Celui-là même où furent tournées des scènes extérieures de Poudlard dans les deux premiers volets de la saga Harry Potter. Mais aujourd'hui, pas de petit magicien dans les environs. En ce début de journée aux airs fantômatiques, empli d'un fog typiquement british, AlloCiné est invité sur le tournage de Transformers: The Last Knight, cinquième opus de la saga culte signée Michael Bay. Un privilège.
10h30 - Badge "presse" autour du cou, nous observons les préparatifs de tournage à l'extérieur de la vénérable demeure. Câbles, caméras, malles en pagaille, et des dizaines de techniciens qui s'affairent... Mais pas d'agitation frénétique, plutôt une ambiance détendue avec cette impression bizarre de débarquer sur le "set" d'un blockbuster hollywoodien en mode champêtre.
Perdus dans la nature, nous n'avons donc pas vraiment l'impression, pour le moment, d'être sur le tournage d'un film de Michael Bay, véritable monstre de l'entertainment XXL à qui l'on doit la saga Transformers (près de 3,8 milliards de dollars de recettes dans le monde !), les Bad Boys ou encore Armageddon. Tout est donc plutôt calme quand, soudain, une impressionnante voiture travelling (un véhicule équipé pour effectuer des travellings sur une longue distance) sort bruyamment du château d'Alnwick.
10h55 - Alors que les préparatifs se poursuivent, nous stationnons à quelques mètres d'une petite régie. Sur l'un des écrans, un technicien visionne ce qui s'apparente à une course-poursuite entre bolides. Les images sont impressionnantes. En quelques minutes, l'ambiance a radicalement changé. De champêtre, l'atmosphère est désormais en mode "BAY", avec une caméra drône qui survole le château, rien que ça !
Yeah baby, yeah baby !
11h15 - Michael Bay fait son apparition. Le sourire aux lèvres, il fait les cent pas aux côtés de Sir Anthony Hopkins, pipe au bec et bérêt vissé sur le crâne. Les deux préparent en toute décontraction la scène qu'ils s'apprêtent à tourner. "Yeah baby, yeah baby", lance alors Michael Bay. Ce n'est évidemment pas au célèbre interprète d'Hannibal Lecter que le réalisateur s'adresse, mais à Freya, le chien qui les accompagne.
L'histoire du toutou qui incarne l'animal de compagnie d'Hopkins dans Transformers: The Last Knight est pour le moins hors du commun. Cette Staffordshire Bull Terrier de six ans atteinte d'épilepsie a en effet vécu la majeure partie de sa vie dans des refuges pour animaux. L'histoire de celle qui fut surnommée par le Mirror "chien le plus seul de Grande-Bretagne" car ne trouvant aucune personne pour la recueillir malgré 18 000 visites, a touché Michael Bay, qui lui a donc donné un rôle dans le cinquième film de sa franchise. Et vous savez quoi ? Freya a été adoptée par l'un des membres de l'équipe.
Anthony Hopkins, Michael Bay et... le chien Freya :
11h40 - Brève rencontre avec Jim Schwalm, coordinateur des effets spéciaux sur la saga Transformers, fidèle de Michael Bay depuis Armageddon, mais qui a également travaillé sur les Spider-Man de Sam Raimi. Une pointure qui, pointant deux sacs de poudre à ses pieds, nous explique travailler sur une explosion qui aura lieu plus tard dans la journée. Un souvenir marquant de la saga robotique ? Schwalm marque un temps d'arrêt puis évoque une explosion, parfaitement réussie à ses yeux de technicien, ayant impliqué Shia LaBeouf et Megan Fox dans le premier film sorti en salles à l'été 2007. Car oui, la sortie de Transformers: The Last Knight sera l'occasion de fêter, déjà, les 10 ans de cette franchise SF célébrée par des millions de spectateurs.
12h - Le soleil se lève. Une luminosité tardive qui coïncide avec le tournage de la première scène de la journée. Michael Bay est aux commandes de la voiture travelling. "It's rolling", s'exclame l'Américain ! Anthony Hopkins déambule avec son chien, un tank démarre juste derrière lui. Soudain, à une centaine de mètres, dans la campagne et aux côtés d'un enfant, on distingue Mark Wahlberg effectuant de grands gestes à destination de l'acteur britannique.
La scène est tournée à plusieurs reprises, puis Bay décide que la bonne prise est dans la boîte. "Vous avez l'air de reporters, vous êtes si sérieux !", nous lance-t-il en se marrant. Reporters, peut-être, mais qui ne parviendrons pas à savoir de quoi parle la scène tournée sous nos yeux. Le mystère sera d'ailleurs à l'honneur, de manière générale, tout au long de la journée, l'intrigue de cette nouvelle aventure étant jalousement tenue secrète.
12h20 - Anthony Hopkins a fini de tourner sa scène et s'avance vers nous. Occasion surréaliste d'échanger quelques mots avec une légende du 7e Art aux pieds d'un château médiéval. L'acteur de 78 ans est en pleine forme, ravi de participer à une saga qu'il qualifie de "fascinante". Et d'ajouter : "J'adore ce genre de films. Vous savez, je viens tout juste de finir le tournage de Thor 3 en Australie." Quelques mots sur son rôle ? "J'incarne un étrange visionnaire qui connait les secrets des Transformers, d'où ils viennent." "De quels secrets s'agit-il ?", s'empresse-t-on alors de demander. Autant vous dire qu'on attend toujours la réponse !
Michael Bay me fait penser à Eastwood dans sa manière de travailler
Si on n'aura pas plus de détails sur son personnage, on aura de la part d'Hopkins un portrait sacrément flatteur de Michael Bay. "C'est un passionné. Il travaille très vite, ne perd pas de temps. Ce n'est pas quelqu'un de passif sur un tournage, c'est "Let's go, let's go", j'adore ça !", s'enthousiasme l'acteur. "Il est inventif, tout le temps dans la réflexion. Il est curieux de tout ce qui se passe autour de lui, c'est très amusant. Ce tournage, c'est comme jouer avec un gamin qui a de gros jouets ! J'aime travailler avec des gens bien préparés, qui ne font pas trop de prises ! Je n'ai jamais travaillé avec Clint Eastwood, mais lui aussi est comme ça. Michael Bay me fait penser à Eastwood dans sa manière de travailler."
12h35 : La deuxième scène de la journée se tourne. Elle semble se dérouler chronologiquement juste après la première, puisqu'elle met en scène Mark Wahlberg, toujours accompagné d'un enfant, surpris par une explosion derrière lui alors qu'il marche dans la campagne britannique. L'explosion en question n'est pas très impressionnante, mais on parie qu'elle le sera bien plus sur grand écran !
"Transformers" : dix ans de collaboration avec IMAX !
12h45 - Juste après avoir tourné cette scène, Michael Bay vient nous parler quelques minutes. "Ce film, c'est une aventure encore plus vaste que les précédentes", déclare tout de go l'Américain. Enthousiaste comme jamais, il se félicite d'emblée de cette "writer's room" mise en place pour le futur de la saga Transformers, ce pool de douze scénaristes chargé de plancher sur l'avenir de la franchise qui a, selon lui, "résolu de nombreux problèmes alors qu'il fallait réussir à relier les quatre films précédents. Ca a insufflé une nouvelle inspiration."
Bay se montre disponible devant les micros. Notre chance : la journée de tournage au château d'Alnwick n'est pas centrée sur des scènes d'action. "Je vais un peu plus lentement aujourd'hui, ce n'est pas le jour le plus animé", concède le cinéaste réputé pour son hyperactivité. "C'est un rythme différent, il y a beaucoup de dialogues, de scènes amusantes."
Je me demande toujours : "Mais comment on va faire pour tourner ça ?"
Conscient de l'opportunité, nous essayons donc de profiter du temps que nous consacre le cinéaste de 51 ans. Les questions fusent. Le char qui roule aux côtés de Sir Anthony Hopkins ? "Il a la dimension d'un robot", glisse-t-il malicieusement. Mark Wahlberg, un acteur qu'il retrouve pour la troisième fois après No Pain No Gain et Transformers : l'âge de l'extinction ? "Un type toujours disponible, qui fait ses propres cascades, drôle, avec du charme, du charisme et qui se lève à 3h30 tous les matins pour se préparer physiquement."
Puis Bay s'emballe en se remémorant une discussion avec un certain Steven Spielberg, producteur exécutif sur la saga. "Il m'a dit qu'il fallait toujours être excité par ce qu'on faisait, sinon ce n'est pas drôle." Et de poursuivre, toujours volubile et passionné. "Le truc compliqué, c'est comment toujours faire des choses nouvelles et différentes. Le challenge, c'est comment ne pas se répéter ! Dans The Last Knight, il y a beaucoup de nouvelles choses. Mon équipe me challenge, et je me demande toujours : "Mais comment on va faire pour tourner ça ?" Donc, on cherche, on cherche... Je fais des films depuis des années et je me demande toujours : "Mais comment on va faire pour tourner ça ?" (rires) Mais c'est un travail d'équipe, c'est ce qui est génial quand on fait des films !"
Hot Rod parle avec l'accent français, c'est un peu l'adjoint de Bumblebee
On tente ensuite d'obtenir quelques infos sur l'histoire de ce nouvel opus, défi ardu tant le secret est ici de mise. Une histoire difficile à décrypter avec des scènes tournées aux quatre coins du monde qui semblent à la fois convoquer les périodes médiévales et nazies. Les rumeurs autour du Roi Arthur ? Bay botte en touche : "Ce qui a été dit sur le Roi Arthur est faux, laissez les gens parler, mais les choses sont un peu fausses. Ce que je peux vous dire, c'est que je vais m'amuser avec l'histoire comme je l'ai fait avec les dinosaures, c'est ça qui est fun ! Le film n'est pas nécessairement sur le Roi Arthur, mais la période est la bonne, ok ?" (rires)
Sans véritable scoop à se mettre sous la dent, on demande alors au cinéaste quelques mots sur Hot Rod, nouveau venu dans la franchise et Autobot particulièrement apprécié des fans. "Il parle avec l'accent français. Il n'est pas Français mais il aime juste parler français. C'est un peu l'adjoint de Bumblebee", déclare l'Américain, qui semble marcher sur des oeufs en prononçant chaque mot.
Notre Faux Raccord "Transformers 4 : l'âge de l'extinction :
La discussion se conclue de manière plus technique, domaine où l'on sent Bay particulièrement à son aise. Le cinéaste vante sa manière de travailler. "Je n'aime pas utiliser d'écrans verts, j'en utilise le moins possible. Les gens pensent qu'on ne tourne pas en décor réel, mais c'est pourtant ce que nous faisons. Quand vous voyez des types dans des combinaisons qui volent dans la ville, ils le font vraiment. On fait des trucs dingues. Dans ce film, on a beaucoup de cascades de ce genre."
Le cinéaste avoue ensuite sa fierté de jouer dans des lieux jamais ou rarement filmés par des caméras de cinéma, au 10 Downing Street pour Transformers: The Last Knight, par exemple. "On tourne dans des lieux où tout vaut une fortune, et on laisse entrer une équipe de quinze personnes. Je suis toujours sur le dos de mon équipe pour qu'ils n'abîment rien. Je leur ai fait une liste de tous les lieux où j'ai été le premier à tourner. Toutes ces premières fois, c'est ce qui m'ouvre la porte de nouveaux lieux de tournage. Je ne dois pas manquer à ma réputation."
Je veux vraiment que les gens voient ce film en 3D, surtout en IMAX
Enfin, Michael Bay boucle l'entretien en se lâchant sur la 3D. "Nous sommes littéralement le seul film au monde à tourner en vraie 3D. Beaucoup en IMAX 3D. C'est très dur, c'est cher, c'est la première fois que cette caméra est utilisée pour de l'IMAX 3D", assène-t-il en pointant du doigt une machine impressionnante. "Mais c'est ce qu'il faut pour avoir de l'excellente 3D. On investit du temps. Je veux vraiment que les gens voient ce film sous ce format, surtout en IMAX." Soudain, on l'appelle. Il s'excuse et file rapidement préparer une nouvelle scène. "On se verra peut-être plus tard", lâche-t-il.
13h15 : La troisième scène de la journée nous en met plein les yeux... et les oreilles ! Il semble qu'on "double" les explosions de la scène matinale, mais cette fois en mode grand format. Mark Wahlberg n'est d'ailleurs pas présent, pas question de mettre en danger l'intégrité du comédien. Les préparatifs sont minutieux, on nous demande de nous boucher les oreilles. Compte à rebours... BANG ! Le bruit est assourdissant et un épais nuage de fumée monte dans les airs.
A la mi-journée, enfin, un véhicule vrombit sous nos yeux !
13h55 : La scène suivante met en vedette Mark Wahlberg et Anthony Hopkins, qui se sont retrouvés sur le petit chemin menant au château. Les deux hommes discutent quand, soudain, le moteur d'un puissant véhicule vrombit. Au loin, une voiture déboule à toute vitesse pour stopper net devant les comédiens. De quel engin s'agit-il ? On ne le saura pas. Michael Bay est concentré devant le moniteur. Visiblement, la scène, qui fera l'objet de plusieurs prises, a son importance dans le film. La tension monte...
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Propos recueillis par Clément Cuyer au Château d'Alnwick, Angleterre, le 15 septembre 2016.
L'une des dernières BA de "Transformers: The Last Knight" :