Peter Safran - Producteur
AlloCiné : Quand avez-vous su que vous alliez faire un second "Conjuring" ?
Pendant le tournage du premier, nous avions l’espoir de continuer la saga autour de ce couple d’experts en paranormal. Nous les trouvions fascinants et ils avaient tellement d’histoires à nous raconter... De plus, avec Patrick Wilson et Vera Farmiga pour les interpréter, nous avions des acteurs capables de les faire vivre indéfiniment grâce à leur talent. Quand le premier film a explosé au box office, l'opportunité de faire une suite est devenue évidente. Mais comme vous le savez, James Wan s’est immédiatement lancé dans Insidious 2 avant d’attaquer ensuite Fast and Furious. Et avec la mort tragique de Paul Walker et les problèmes du tournage il en est sorti lessivé. A tel point qu’à un moment, il n’a pas voulu revenir faire un autre Conjuring. Mais, le temps aidant et sa passion pour le premier film étant restée intacte, il a décidé que lui seul pouvait continuer cette franchise. Pour lui, Conjuring 2, est beaucoup plus qu’un film d’horreur : c’est l’histoire tragique d'une mère totalement désemparée par ce qui arrive à sa petite fille. Au coeur du film d’horreur, il y a un drame humain entre une mère et son enfant. C’est ce qui a ému James et l’a poussé à vouloir faire ce nouvel opus.
Comment expliquez-vous le succès du premier film et des films de James Wan en général ?
Je crois justement que c’est parce que ce ne sont pas uniquement des films d’horreur, avec du sang et des cris. Ce sont d’abord des drames humains avec de vrais personnages auxquels nous sommes attachés, un peu comme le premier Exorciste. Je pense que ceci explique l’engouement du public. Un public bien plus large que celui du cinéma d’horreur.
Pourquoi le choix de cette histoire en particulier ?
C’est vrai que nous n’avions que l’embarras du choix, car il y a des dizaines de "cas" disponibles et donc toutes sortes d’histoires à mettre en scène. Nous savions que nous voulions quelque chose de radicalement différent du premier film. En choisissant notamment un pays différent comme l’Angleterre et une époque différente, en l'occurence 1977. Dans cette histoire, Ed et Lorraine Warren sont appelés par le Père Gordon qui leur joue une cassette d’un vieil homme paraissant senile : quand ils apprennent que cette voix sort de la bouche d’une petite Anglaise de 12 ans, ils partent en Angleterre pour tenter de découvrir de quoi il retourne. James voulait créer un film effrayant mais totalement ancré dans le réel afin de pousser l’horreur à son maximum. Et puis cette histoire étant vraiment connue d’un certain public, cela nous permet -avant même que le film ne soit fini- de créer un état d’attente.
Pourquoi avoir choisi de tourner ce film en studio à Los Angeles plutôt qu'à Londres où se déroule l’intrigue ?
C’était plus pratique de tourner dans un endroit totalement "sous contrôle" comme un plateau de cinéma, au niveau de la logistique du tournage mais surtout de la liberté pour James de pouvoir manipuler sa caméra. L’intrigue se déroule essentiellement dans une maison et les maisons anglaises sont minuscules. C'est donc difficile d’y opérer. En studio, nous avons pu un peu "tricher" avec l’échelle et créer des conditions beaucoup plus efficaces pour James. Il voulait également garder l’équipe du premier film, à commencer par la chef-décoratrice Julie Berghoff. Si nous avions tourné à Londres, cela aurait été difficile de l’imposer car nous aurions dû prendre quelqu’un sur place. Or sa vision pour le premier film était tellement évidente et effrayante que James voulait absolument la faire revenir sur Conjuring 2.
Les protagonistes du film sont toujours vivants. Quelle a été leur réaction à l’idée de voir leur vie racontée dans un film ?
Nous les avons faits venir de Londres avant même d’élaborer un scénario, afin de passer quelques journées avec eux. Surtout les deux soeurs. Je sais qu’elles avaient vraiment aimé le premier Conjuring et la manière dont nous avions traité avec respect la famille de cette histoire-là. Elles se sentaient donc en confiance. Et grâce à cette confiance nous avons pu -je crois- créer un film authentique et fidèle aux évènements horrifiques qu’ont vécu ces femmes. 38 ans après, elles sont venues sur le tournage et ont découvert le décor recréé avec leur soutien et leur photos : elles ont vraiment été sous le choc. Je crois que lorsque vous verrez le film, vous aurez ce même sentiment de "vrai"... et cela décuplera votre peur.
Il paraît que vous avez fait venir un prêtre sur le tournage pour une bénédiction...
Sur le tournage du premier film, un grand nombre de choses bizarres se sont passées et nous n’avions pas fait venir un prêtre. Je ne veux pas rentrer dans les détails mais c’est vrai qu’il y avait une certaine tension pendant le tournage. Pour ce film, nous avons donc effectivement fait venir un prêtre pour donner une bénédiction et nous n’avons eu aucun problème, aucune bizarrerie. Alors, allez croire ce que vous voulez, en attendant je suis bien content de l'avoir fait venir !
Est-ce que Annabelle fait un caméo dans le film ?
Non ! (Rires) Annabelle est une telle star désormais qu’elle a ses propres films ! Annabelle 2 est en préparation, d’ailleurs. Elle est incontrôlable, vous savez. Donc, non, elle n’a pas souhaité faire un caméo pour notre film... (Rires)
Patrick Wilson - Ed Warren
AlloCiné : quelle a été votre réaction à l’annonce du tournage d’une suite ?
Ce que j'aime sur ce projet, c’est que même si nous reprenons les mêmes personnages, il s'agit d’un dossier totalement différent. Cette fois-ci, on nous retrouve à Londres pour aller exorciser un démon ayant pris possession d’une jeune fille dans une famille modeste de la banlieue de la City anglaise. Evidemment, j’ai été surpris par le succès du premier film, même si après avoir travaillé avec James sur Insidious je pouvais sentir que Conjuring risquait de marcher. Et ça a été le cas. Ce qui est fantastique, c’est que le premier n'a pas seulement attiré les fans de films d’horreurs mais aussi un public beaucoup plus large, notamment beaucoup de femmes. C'est très surprenant que Conjuring ait provoqué un tel engouement auprès de centaines de milliers de personnes de tout âge, de tout sexe et de tous horizons. J’ai l’impression que nous avons créé un classique de l’horreur, comme Shining ou Poltergeist.
Est-ce vrai que James ne comptait pas forcément réaliser cette suite ?
C'est vrai. Après Fast & Furious 7 et le décès de Paul Walker, il était sous le choc et devait en plus vivre tout un processus de reshoots avec le frère de Paul. Conjuring 2 allait donc se faire sans lui. Et je me souviens même lui avoir demandé qui il aurait en tête comme réalisateur. Mais finalement, après maintes hésitations, il a décidé de revenir et de nous effrayer à nouveau. C’est mon quatrième film avec James et je ne pense pas que nous allons nous arrêter là... Ce qui est amusant, c’est que je ne suis pas forcément un fan de cinéma d’horreur, mais travailler avec James est ma première motivation. Avec lui, ce sont des rôles très physiques et il vous pousse toujours au-delà de votre zone de confort. Et c’est ce que j’aime. Je suis une sorte d'adrenaline junkie, quelque part.
Justement, comparé au au premier "Conjuring", ce tournage semble beaucoup plus intense et physique...
Absolument. Je crois que Conjuring 2 repousse au maximum les limites du tolérable, physiquement parlant. Par exemple, dans une scène où le démon nous attaque, on a dû me mettre un harnais et faire passer un câble pour me faire voltiger dans tous les sens. Ce n'est pas confortable. Du tout même ! Émotionnellement, James Wan nous stresse aussi énormément. Il ne sait pas s’arrêter, il veut aller au bout de l'horreur. Et il réussit bien son coup.
Frances O'Connor - Peggy Hodgson
AlloCiné : Qu’aviez-vous pensé du premier film ?
Même si je ne suis pas une fan de films d’horreur, j’ai vraiment été fascinée par le premier Conjuring. Ce que j’aime, c’est l’absence de gore et la focalisation sur la peur psychologique que crée ce film. J’ai vraiment été impressionnée par le style de James Wan. Quand j’ai appris que j’avais le rôle dans Conjuring 2, j’ai sauté de joie… et de peur car tourner un film pareil a ses moments "inconfortables" ! Même si je dois confesser que rien d’anormal ou de surnaturel n’est arrivé pendant le tournage... Dieu merci !
Est-ce que votre personnage est vraiment calqué sur la véritable personne dont s'inspire le film ?
Je joue le rôle de Peggy Hodgson qui vient d’un milieu pauvre de la banlieue londonienne, avec quatre enfants à sa charge. L’un d’entre eux, une petite fille, est alors possédé par des forces démoniaques. Nous avons évidemment fait en sorte de rester fidèles aux évènements et à la véritable Peggy. Mais si c'est une femme forte en réalité, nous l’avons rendue plus fragile, plus vulnérable et au bord de la crise de nerfs.
Il paraît que deux des enfants dont la petite fille "possédée" sont venus sur le tournage ?
Oui et elles étaient adorables, paraît-il. Je n’ai pas voulu les rencontrer car je joue le rôle de leur mère et cela me semblait un peu gênant. En tout cas je sais qu’elles ont été ravies de cette visite et de constater que tout ce que nous avons recréé soit -selon elles- totalement authentique et effrayant. Au détail près !