De quoi ça parle ?
Dimanche 31 août 1997. La princesse Diana meurt des suites d'un accident de voiture survenu sous le pont de l'Alma à Paris. Si cette disparition plonge la planète dans la stupeur, elle provoque en Grande-Bretagne un désarroi sans précédent.Alors qu'une vague d'émotion et de chagrin submerge le pays, Tony Blair, élu à une écrasante majorité au mois de mai précédent, sent instantanément que quelque chose est en train de se passer, comme si le pays tout entier avait perdu une soeur, une mère ou une fille.Au château de Balmoral en Ecosse, Elizabeth II reste silencieuse, distante, apparemment indifférente.Désemparée par la réaction des Britanniques, elle ne comprend pas l'onde de choc qui ébranle le pays. Pour Tony Blair, il appartient aux dirigeants de réconforter la nation meurtrie et il lui faut absolument trouver le moyen de rapprocher la reine de ses sujets éplorés.
C'est passé quand ?
Mercredi 6 avril à 20H45 sur Ciné+émotion
Le choix du sujet
C'est la disparition brutale et prématurée de Lady Diana ainsi que l'émotion que celle-ci a suscité auprès du peuple britannique qui a inspiré The Queen : "La mort de la princesse possédait toute la dramaturgie nécessaire à un film : une terrible poursuite en voiture par d'impitoyables paparazzi se soldant par le décès d'une jeune femme dans la fleur de l'âge, une histoire d'amour sujette à caution et stoppée net avant même qu'elle puisse s'épanouir, une population anéantie par la nouvelle de sa mort, et des journaux qui, jugés responsables du décès de la princesse, cherchent à tout prix à détourner l'attention." Cependant, la productrice Christine Langan, aidée de Stephen Frears et Peter Morgan, a voulu s'intéresser à un autre aspect de ce drame en centrant le film sur la manière dont la famille royale a géré ce drame.
Un travail d'écriture minutieux
Le scénario, concernant l'adaptation des évènements liés à la mort de Lady Diana, a connu plusieurs phases d'écriture comme le précise Peter Morgan : "Au départ, je pensais écrire une sorte de relevé exhaustif des événements se déroulant sur 24 heures, mettant en scène les personnages – connus et inconnus – qui ont été touchés par ce drame." Il a ensuite décidé de se concentrer sur la réaction de la famille royale quant à cette tragédie. Ne tenant pas un thème suffisamment fort au goût du scénariste, il s'est alors servi des recherches effectués par Christine Langan et son équipe quant à l'implication de Tony Blair durant la semaine ayant suivi le décès de la princesse de Galles. Par conséquent, le scénario insiste sur le contraste entre l'ordre ancestral du pouvoir héréditaire et le monde moderne du pouvoir acquis par une élection démocratique : "L'élément clé de l'histoire était la relation entre le Premier ministre et la reine, car Blair a su tout de suite qu'il était un partenaire incontournable dans la gestion de cette crise.", précise Christine Langan.
Un film polémique
Le producteur Andy Harries ainsi que le reste de l'équipe de The Queen ont conscience du risque de rejet que peut susciter le film : "Nous n'avions aucunement l'intention d'être anti-royalistes. C'est l'audace même du projet qui rend le film aussi fort. Car il s'agit bien d'un film autour d'un monarque encore en vie.". Le réalisateur Stephen Frears rajoute : "Le film sera polémique en raison de son existence même. Il y aura un énorme écart entre l'idée que se feront les gens du film et le film lui-même. Je m'attends à ce que les journalistes y recherchent l'aspect sensationnel, mais ils ne le trouveront pas dans ce film. Son propos n'a rien de choquant ou de scandaleux, et le film ne révèle rien qui ne soit de notoriété publique. Mais le fait de parler de la reine comme une femme, plutôt que comme une icône, en choquera sans doute certains."
Images d'archives
La production de The Queen a utilisé de nombreuses images d'archives afin de coller au mieux à la réalité historique des évènements relatés dans le film. C'est en étroite collaboration avec le documentariste Adam Curtis (Madame Henderson présente), remarqué pour son documentaire sur Al-Qaida, que le réalisateur Stephen Frears a choisi et placé au cours du récit différentes images d'archives : "Il y a peu de scènes sans un téléviseur allumé. Adam Curtis nous a apporté sa propre sensibilité dans le choix des images d'archives, mais surtout, il sait parfaitement dénicher les meilleures. (...) Il y a deux ou trois séquences où les images d'archives sont montées, presque sans raccord, avec des plans qu'on a tournés, ce qui permet de mieux s'y retrouver dans le déroulement des événements."
Les décors
Les décors et le choix des lieux de tournages ont servi à appuyer le contraste existant entre l'atmosphère guindée de la famille royale et l'ambiance plus détendue et conviviale de la famille Blair. Le chef décorateur Alan MacDonald en charge des décors de The Queen a tenu à montrer aux spectateurs des lieux plus intimes appartenant à l'univers de la Reine : "On voit la reine dans sa chambre, dans son lit, en train de regarder la télévision ou conduire sa voiture dans le domaine de Balmoral. Cela m'a dérouté au départ, mais je me suis rendu compte que ça nous permettait d'être particulièrement audacieux sur le plan visuel."
La reine sait aussi s'amuser