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    Good Luck Algeria : rencontre avec Franck Gastambide, Sami Bouajila et Farid Bentoumi
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Le feel good movie Good Luck Algeria, premier long métrage de Farid Bentoumi, est sorti ce mercredi dans les salles. AlloCiné s'est entretenu avec le tandem Franck Gastambide, et Sami Bouajila, et le réalisateur et scénariste Farid Bentoumi.

    Ad Vitam

    AlloCiné : En quoi ce projet trouvait un écho particulier en vous ?

    Franck Gastambide, acteur : C’est un feel good movie, qui est un film d’auteur, et je n’ai pas l’habitude de ça. J’ai d’abord été extrêmement flatté qu’on me propose un rôle comme ça. On ne m’a jamais proposé un scénario aussi brillant, touchant, drôle et intelligent à la fois. Dans ma vie, je suis entouré par beaucoup d’Algériens, qui avaient tous très envie de le voir, je suis d’autant plus fier d’avoir participé à ce film là. Et puis, je le répète, Sami Bouajila a toujours été mon acteur préféré avant même que je ne le rencontre. C’est le film dont je suis le plus fier pour l’instant dans ma petite carrière.

    Sami Bouajila, acteur : C’est le registre. Je lis peu de comédies, surtout d’aussi belles, aussi fines et aussi bien écrites, donc j’ai sauté sur l’occasion. Et j’avoue que je trouvais ça très cohérent en plus que Farid [Bentoumi, le réalisateur] me propose ça. J’étais assez content. Très vite, il y a eu une grande complicité avec Farid et le reste de l’équipe. Donc ça rendait les choses d’autant plus cohérentes que c’est le genre de projet que j’adore.

    Farid Bentoumi, réalisateur et scénariste : Pour moi, ça a une résonnance particulière. C’est en grande partie autobiographique, c’est l’histoire de mon frère qui a fait les Jeux Olympiques pour l’Algérie en ski de fond en 2006 à Turin. En partant de là, ça parle vraiment de toute ma famille, c’est à dire qu’en effet les personnages des parents sont très proches de mes parents.

    Il y a beaucoup de choses que je voulais dire sur le fait d’avoir grandi dans une famille heureuse, bi-nationale, franco-algérienne. Je pense qu’avec tout le débat qu’on a actuellement en France sur l’identité, c’était très important pour moi. C’est un film qui est très personnel, mais qui est aussi très universel étrangement.

    J’ai passé 4 ans à écrire ce film, être le plus proche de ce que j’ai vécu, raconter ce que j’ai vécu d’heureux et comment je vis entre ces deux cultures de façon très heureuse. Mais bizarrement ça parle à tous les bi-nationaux, des franco-espagnols, des franco-italiens, ou des Corses qui ont vu des parallèles entre ce qui se passe sur l’Ile et sur le continent et qui ne veulent pas forcément revenir sur l’Ile.

    Ad Vitam

    Je suis très heureux d’avoir rencontré ces deux "animaux" là parce qu’ils sont super et qu’ils se sont entendus tout de suite. Le plus difficile entre des comédiens est de créer une vieille amitié, et là elle s’est créée tout de suite et c’est très beau. On a aussi la chance d’avoir Chiara Mastroianni, Hélène Vincent, Valérie Crouzet et Bouchakor Chakor Djaltia qui joue le père de Samy, au casting. Ce n’est pas un comédien, on l’a trouvé à Grenoble, il est super. C’est devenu un film de famille. 

    Franck Gastambide : Je rebondis sur ce que tu disais sur la complicité. Cette complicité est devenue tellement forte que je fais la transition avec Pattaya (le second long métrage écrit et réalisé par Franck Gastambide, sorti fin dévrier, Ndlr.), dans lequel Sami fait un caméo, ce qu’il n’a pas l’habitude de faire, venir juste pour une journée. Ca me rend d'autant plus fier de ce film.

    ==> Pattaya : l'interview-quiz !

    On voit assez peu Sami Bouajila et Chiara Mastroianni dans des comédies, à tort. Comment avez-vous eu l'idée, l'envie, de parier sur eux ?

    Farid Bentoumi : Sami, je l’avais vu dans le [Pierre] Salvadori (dans De vrais mensonges, sorti en 2010, Ndlr.). Je l’avais trouvé génial. Il a une palette de jeu qui est énorme, entre la comédie et l’émotion.

    Chiara, c’est totalement injuste. Les films qu’on lui propose sont très loin de ce qu’elle peut faire. Chiara, dans la vie, c’est quelqu’un qui n’a pas sa langue dans sa poche, qui est hyper cash, hyper drôle, et qui a la pêche, quoi !

    J’ai essayé de faire ressortir ça dans le film, et de créer un couple qui ne soit pas dans l’engueulade parce que ça ne m’intéressait pas. Souvent, dans les comédies, ou dans les films en général, quand il y a quelqu’un qui part un peu sur le côté, ils s’engueulent, « Vas coucher chez tes parents... », il y a un divorce… Ca ne m’intéressait pas. Je voulais qu’il y ait beaucoup d’amour entre eux, beaucoup d’amour dans le couple des parents. Que cet amour transparaisse dans le film. Quand Sami décide de prendre ce pari fou, elle le soutient. Elle lui dit : tu fais n’importe quoi, mais je t’aime quand même, sans doute parce que tu fais n’importe quoi. Et ça Chiara le joue très très bien.

    Un mot sur la performance sportive. Est-ce que vous étiez des skieurs avant ce film ? Avez-vous dû vous y mettre sérieusement pour être crédible ?

    Franck Gastambide : Ca a été ma première angoisse quand j’ai rencontré Farid. Je lui ai avoué tout de suite que je n’étais jamais monté sur des skis alors que je joue un ancien champion olympique de ski de fond ! Je suis un mec de banlieue parisienne, et le ski, c’est trop cher quoi ! La première fois de ma vie que j’ai pris un cours de ski de fond, c’était il y a un peu moins d’un an, ici, à l’Alpe d’Huez pour préparer le film. On a vite compris que je n’allais pas pouvoir obtenir un niveau suffisant pour tenir correctement sur des skis, donc on a plutôt travaillé sur les postures. Pour qu’on bluffe ! C’était mon angoisse, mais finalement il y a doublure…

    Farid Bentoumi : … Mais c’est très crédible. En fait, on a bien galéré pour la neige. On est parti tourner en France, mais il n’y avait pas de neige l’an dernier donc on est parti tourner en Italie, puis en Autriche… On a pris une doublure autrichienne pour Franck et ça marche très très bien. C’est hyper crédible. Et puis tu as un côté super sportif donc ça fonctionne à l’image.

    Est-ce que vous étiez skieur, ou comme Franck, vous avez dû faire illusion ?

    Sami Bouajila : J'ai fait comme Franck. On s'est surtout attelé à faire illusion. La réalisation avait pris les devants. On avait les doublures qu'il fallait pour faire la transition.

    Ca vous a donné goût au ski ?

    Franck Gastambide : Sami est skieur, mais moi j'en suis encore à l'étape de souffrance quand je fais du ski ! Ce qui est drôle, c'est que j'entends souvent des acteurs expérimentés dire qu'un rôle au cinéma va te donner goût à faire quelque chose. Je pense que je ne serais jamais allé faire du ski.

    La bande-annonce de Good Luck Algeria

     Propos recueillis au Festival de la comédie de l'Alpe d'Huez 2016

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