MISE A JOUR (14/07/2016) : Le tribunal administratif de Paris a confirmé ce mardi 12 juillet l'annulation de l'interdiction du film Salafistes aux moins de 18 ans : "La décision du 27 janvier 2016 par laquelle la ministre de la Culture et de la Communication a délivré un visa d'exploitation au film documentaire Salafistes est annulée", en tant que "ce visa d'exploitation est assorti d'une interdiction aux mineurs de 18 ans", rapporte ainsi Le Figaro. "Il ressort des pièces du dossier et notamment du visionnage du film Salafistes que celui-ci présente (...) des propos et des images extrêmement violents et intolérants susceptibles de heurter le public. (...) Toutefois, lesdites scènes, par leur portée et la façon dont elles sont introduites dans le documentaire, participent à la dénonciation des exactions commises contre les populations" et permettent "au public, du fait même de sa conception d'ensemble et du réalisme de certaines scènes, de réfléchir et de prendre le recul nécessaire face à la violence des images ou des propos qui ont pu y être présentés. (...) Contrairement à ce que soutient la ministre de la Culture et de la Communication, ledit documentaire ne peut être regardé comme véhiculant une propagande en faveur de l'intégrisme religieux ou incitant, même indirectement, des adolescents à s'identifier à des mouvements prônant l'action terroriste". face à cette décision, accueillie par le co-réalisateur François Margolin comme une "immense victoire pour les auteurs de ce film, en même temps que pour les libertés d'expression, de création et d'information", le Ministère de la Culture et de la Communication a "rappelé que la commission de classification des films a émis par deux fois avec une majorité forte un avis en faveur du moins de 18 ans, en raison de l'absence de commentaires et de l'extrême violence des images".
Décidément, le documentaire de Lemine Ould M. Salem et François Margolin aura fait couler de l’encre. Salafistes qui, sans voix off de contextualisation, donne la parole aux djihadistes, avait été interdit aux moins de dix-huit ans avec avertissement par Fleur Pellerin, alors ministre de la Culture, le 27 janvier dernier.
Ce jeudi 18 février, Le Point rapporte que le juge des référés du Tribunal Administratif de Paris a suspendu temporairement cette décision afin de n’interdire le film qu’aux moins de seize ans.
"Le film, qui comporte des scènes de résistance ou de dissidence, permet au public, du fait même de sa conception d'ensemble et de la violence de certaines images, de réfléchir sur la portée de ce documentaire et de prendre le recul nécessaire face aux images ou aux propos qui ont pu y être présentés", déclare le juge, qui estime donc que la mise en scène de Salafistes comporte suffisamment d’indications pour permettre aux spectateurs de comprendre le discours tenu par les cinéastes, qui se réjouissent de cette décision.
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"On nous disait qu'on faisait l'apologie du terrorisme, qu'on faisait le jeu des djihadistes et tout cela est démenti par le juge qui a dit que ce que nous avons voulu faire est exactement le contraire", précise François Margolin qui avait déjà présenté deux montages de son film à la Commission de Classification, avant de le sortir en salles le mercredi 27 janvier, interdit aux mineurs.
Cet avis d’interdiction aux mineurs avec avertissement était un cas d’école, jamais attribué jusque là. Le ministère de la Culture avait décidé de suivre cet avis rendu à deux reprises par la Commission de Classification des Œuvres Cinématographiques, jugeant que le film comportait plusieurs scènes d’une "extrême violence" sans contextualisation suffisante.
Entre les recours de l’association Promouvoir sur les films Love, La Vie d’Adèle ou Antechrist et cette suspension du Tribunal Administratif de Paris pour le film Salafistes, force est de constater que les avis de la Commission de Classification, majoritairement suivis par le ministère de la Culture, ont récemment fait l'objet de plusieurs réajustements par les tribunaux.