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Alejandro González Iñárritu - The Revenant
C’était une expérience extraordinaire. C’était long. C’était très dur. Mais ça restera un souvenir inoubliable. (…) Nous avons tourné dans la nature, en haute altitude, à des températures très basses… Les acteurs n’ont donc pas eu à faire semblant ! (rires) Ils ont su utiliser ces éléments pour livrer une performance habitée. (…) Nous avons tourné le film chronologiquement car c’était ce que l’Histoire demandait : nous avons débuté à l’automne, avant de tourner en plein hiver. Nous n’aurions pas pu faire autrement. La météo était un élément dramatique et narratif central. (…) Concernant la scène d’attaque de l’ours, quand vous regardez attentivement la façon dont un ours attaque une proie et se nourrit, c’est assez terrifiant. Notamment de voir à quel point c’est "ordinaire" pour eux. Ils commencent par retirer la peau, c’est très ritualisé en un sens. Ils ne se jettent pas sur vous pour vous dévorer. Ils prennent leur temps, ils s’en vont, reviennent… C’est donc assez terrifiant et ça créé une vraie tension dramatique de voir quelqu’un prendre son temps pour vous tuer. Nous avons donc travaillé avec les cascadeurs dans ce sens, pour définir les bons mouvements, le bon rythme, la bonne chorégraphie. Et nous avons ensuite travaillé les mouvements de caméra afin que le public puisse avoir l’impression d’être là tout en étant assez loin pour être un observateur extérieur. Cette séquence a donc demandé beaucoup de travail de conceptualisation. Nous avons ensuite utilisé tous les outils à notre disposition, depuis la création du cinéma jusqu’aux techniques les plus sophistiquées, pour matérialiser cette séquence.
George Miller - Mad Max : Fury Road
Revenir au monde de Mad Max était… différent. Beaucoup de choses ont évolué, notamment la façon dont on fait les films. La réception du public a changé également. C’était donc un exercice intéressant de transposer avec les outils d’aujourd’hui le monde que j’ai en tête. (…) Quand Tom Hardy est entré dans la pièce, il m’a rappelé Mel Gibson entrant dans la même pièce trente ans auparavant. Il a la même énergie, il est évidemment très bon acteur. Tom avait six semaines quand nous avons tourné le premier Mad Max ! (rires) Le rôle de Max est assez mutique. Tout passe par la présence. Il fallait quelqu’un capable d’exprimer ses sentiments sans la parole. Il faut donc beaucoup d’énergie, et Tom a cette qualité. (…) J’ai dirigé beaucoup de scènes depuis une camionnette, et c’était assez frustrant car même si je rêverais d’être au plus près des acteurs, comme c’est un film en mouvement, je devais les diriger avec un mégaphone depuis ce véhicule. Je ne pouvais pas donner beaucoup d’indications et c’est seulement en voyant les rushes que nous pouvions changer des choses. J’ai dû me reposer sur les cadreurs et sur les acteurs. J’étais dans la position d’un entraîneur qui regarde le match sur une télé depuis les tribunes au lieu d’être au bord du terrain.
Quand j’ai lu le roman, je savais déjà que beaucoup de réalisateurs étaient intéressés et que l’auteure Emma Donoghue recevrait beaucoup de propositions. Je me suis donc dit que je devais essayer de la contacter directement pour lui dire ce que j’avais ressenti à la lecture de son roman et la façon dont j’imaginais l’adaptation. Je lui ai donc écrit une lettre de dix pages, et j’ai eu la chance qu’elle lui arrive et qu’elle la touche profondément. C’est ainsi que nous avons commencé à travailler ensemble pour aboutir à ce film. (…) Mes deux acteurs principaux sont incroyables, j’ai beaucoup de chance. Brie Larson est unique. Tous ceux qui l’ont vue dans States of Grace le savent… Et au-delà de ses talents d’actrice, elle est extrêmement chaleureuse et nous avons passé de magnifiques moments. Quant à Jacob Tremblay, nous l’avons déniché après un long casting à travers les Etats-Unis et le Canada. Nous l’avons trouvé à Vancouver. C’est un prodige. Et il y a une grande alchimie entre eux, ce qui rend la relation mère/fils parfaitement crédible. C’était le cœur du film, il n’aurait pas fonctionné sans ça. (…) Nous avons vécu le tournage un peu comme les personnages vivent cette histoire : vous avez envie de sortir, mais vous vous habituez à cet environnement confiné. Et quand vous sortez, vous êtes confronté au monde extérieur, à la météo, aux badauds, aux aléas d’un tournage… Nous avons souvent eu envie de revenir à notre petite pièce.
L’avantage avec ce film, c’est qu’il parle de la vraie vie. Et la vraie vie ne se cantonne pas à un seul genre. Même dans les moments durs nous rions, et dans les moments heureux il nous arrive de pleurer. Ce qui me plaisait sur ce projet, c’est que je n’étais jamais cadré par un genre : l’histoire nous emmenait vers le ton qui était nécessaire. C’était assez libérateur. (…) J’ai laissé les acteurs improviser, mais c’était sans commune mesure avec les improvisations que peut offrir une pure comédie. Il y en a eu donc moins, mais il y en a eu et comme mon monteur, j’adore ça : ça vous donne plus de choix, ça vous donne des imperfections, ça vous donne des incompréhensions, ça vous donne de la vie en fin de compte. L’improvisation a surtout servi à épicer le film final, là où elle était souvent le plat principal dans mes autres réalisations.
J’ai initialement refusé Spotlight, car j’avais trop de projets en cours. J’avais trop de choses en tête pour aborder le projet correctement. Je n’ai pas laissé passer la deuxième chance. (…) Nous n’avons pas encore eu de retours de la projection du film au Vatican, mais le fait de savoir que ça a été vu par une commission chargée d’enquêter sur les abus sexuels sur mineurs est très important. Ça montre que le film a un impact, et nous espérons qu’il continuera d’en avoir.
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