Comment le projet est né
Alice Winocour a commencé par s'intéresser aux photographes de guerre ayant du mal à retourner à la vie civile après avoir vu des choses atroces sur le terrain. La cinéaste a ensuite rencontré des soldats de retour d’Afghanistan qui présentaient les mêmes symptômes d'angoisse voire même de violence une fois de retour du front. De cette manière, le personnage de Vincent campé par Matthias Schoenaerts est né. Elle explique : "J’ai imaginé que mon personnage serait un soldat à qui l’on dit qu’il ne peut pas repartir en opération, comme un ouvrier usé qu’on met à la casse. Et que le trajet de ce personnage serait celui de quelqu’un qui reprend possession de son corps. L’idée du film d’action est venue de là, du personnage. J’avais aussi envie d’aller vers un territoire généralement réservé aux hommes, celui du film de genre. Il y a certainement dans mon choix l’idée de réaffirmer que pour les réalisatrices aujourd’hui, « tout est permis »."
Filmer la violence
Alice Winocour a cherché à faire en sorte que les scènes de violence du film soient les plus réalistes possible :"Une violence crue, efficace, dans laquelle les gestes n’obéissent à aucune chorégraphie."
Le choix Matthias Schoenaerts et Diane Kruger
La cinéaste confie avoir écrit ce film pour Matthias Schoenaerts, qui pour l'occasion incarne une fois de plus un homme dur au passé trouble. Alice Winocour ajoute : "Matthias s’est engagé complètement : durant le tournage, il ne dormait plus que deux heures par nuit et était réellement dans la violence du personnage ; dans un véritable malaise physique. Je sais qu’il est allé très loin vers ses propres démons." Au sujet du personnage campé par Diane Kruger, la femme d'un riche homme d'affaires libanais dont Vincent est chargé d'assurer la sécurité, Alice Winocour explique avoir voulu le rendre touchant malgré son côté "femme-trophée" évoluant dans un monde superficiel.
Un mélange de documentaire et d'horreur
Alice Winocour explique comment elle a travaillé avec le directeur de la photographie George Lechaptois, notamment en ce qui concerne sa volonté de mélanger aspect tradition documentaire et cinéma d’épouvante : "Nous avons cherché pour le film une mécanique de déréalisation progressive. Au début, lorsque le service de sécurité s’installe dans la maison, on est presque dans un documentaire – il y a d’ailleurs un vrai sniper dans l’équipe de sécurité. Puis peu à peu, on s’enfonce dans le cauchemar et le fantastique, comme si Vincent se promenait dans son rêve."
Thématique récurrente
Maryland possède une thématique commune avec Augustine, premier long métrage de Alice Winocour, à savoir la suivante : l'incapacité de maîtriser son corps. Ainsi, là où la patiente du professeur Charcot exprimait sa révolte par des crises d’hystérie, Vincent ne parvient plus non plus à avoir le contrôle de son corps après son retour des champs de bataille : "Dans le film on ne quitte jamais le point de vue de Vincent. Tout est construit autour de sa perception physique des événements, c’est sur elle que l’histoire se joue, sur sa vision altérée et fragmentée de la réalité. On ne comprend que ce qu’il comprend, on ne sent que ce qu’il sent, on ne dispose jamais d’autres informations que celles qu’il enregistre. Je voulais qu’on soit dans sa peau et qu’on éprouve le même vertige que lui face au réel", avance la réalisatrice.
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