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    César, ciné, théâtre... Pierre Niney évoque son année idéale
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    A l'affiche du thriller "Un homme idéal", Pierre Niney revient avec nous sur les différentes étapes de la riche année qu'il vient de vivre. Au programme : cinéma, théâtre, série et César.

    Bestimage

    Un homme idéal

    Ce mercredi 18 mars, Pierre Niney est à l'affiche d'Un homme idéal. Son premier thriller et - surtout - premier film depuis le César du Meilleur Acteur qu'il a reçu en février dernier, au terme d'une année aussi riche que mouvementée. L'occasion pour nous de revenir avec lui sur les différentes étapes au cours desquelles il a brillé pendant ces derniers. En commençant bien sûr par son actualité la plus chaude.

    AlloCiné : "Un homme idéal" est votre premier thriller, comme vous l'avez souligné en annonçant le projet en 2014. Etait-ce une façon de dire que le fait de pouvoir s'essayer à un nouveau genre a compté dans votre choix ?

    Pierre Niney : Etrangement non en fait. Je ne le présenterais plus comme ça. Je l'ai fait car je trouvais qu'il y avait une très très bonne histoire et un truc qu'on voit rarement dans les thrillers, à savoir le côté solaire et sensuel, avec cette imagerie proche de Match Point ou Plein soleil avec Alain Delon, ce qui me plaisait beaucoup en plus d'être rare.

    C'est pour ça que je suis allé vers le film, en plus du personnage et de la très bonne histoire. C'est le projet en lui-même qui était solide, plus que de me dire "Tiens je n'ai jamais fait ça, je vais le faire." Je vais vraiment sur des scénarios pour lesquels j'ai un coup de coeur, point final.

    Se prendre pour un autre, c'est l'une des grandes questions du film

    Et on peut aussi voir un parallèle entre le personnage et le métier d'acteur, qui doit prétendre être quelqu'un d'autre. Est-ce que ça vous avait marqué à la lecture du scénario ?

    Oui, carrément. Il y avait beaucoup de thématiques que j'ai trouvées très intéressantes, surtout que c'est vraiment un film de divertissement avec du suspense et de la tension. Mais ça n'empêche pas qu'il y ait des réflexions de fond sur la création, l'inspiration ou la quête d'identité. Se prendre pour un autre, c'est l'une des grandes questions et réflexions du film. Mathieu prépare même, à un moment, ce rôle d'écrivain qu'il n'est pas en se préparant comme un acteur pourrait le faire.

    Il se renseigne sur la Guerre d'Algérie, puisqu'il a volé un livre qui se déroule pendant, donc il apprend les dates et les noms, et répète chez lui comme j'ai pu répéter des rôles. Je me suis reconnu là-dedans et j'aimais beaucoup l'idée de ce travail de composition, pour ensuite faire face aux médias ou au public. Il y avait aussi l'idée de création qui traverse tout le film : la question de ce qu'il faut avoir vécu pour pouvoir créer. Est-ce qu'il faut vivre ce genre d'expérience aussi violence, ce genre de tourments pour pouvoir créer quelque chose de valable ?

    Et puis le film s'intéresse à un personnage passionné mais qui n'a pas de talent, ce qui est rare finalement. On a beaucoup de prototypes de personnages qui sont des génies et très bons dans leurs domaines respectifs, et dont on voit la "success story". Là, pour une fois, il y a ce côté qui rappelle les loosers magnifiques des frères Coen, dans cette thématique seulement, mais ça me plaisait de me pencher sur quelqu'un qui n'a pas de talent et de voir comment il va s'en développer un, s'en inventer un.

    Mais s'inventer un talent n'est pas sans complications. La preuve :

    En parlant des médias : vous êtes-vous un peu reconnu dans ce personnage lorsque tout lui réussit et qu'il enchaîne les plateaux télé et les remises de prix ?

    Disons que c'est le passage obligatoire de ce qu'on appelle un "rise and fall" : il fallait qu'il y ait un peu de "success story" au début pour qu'ensuite, lorsqu'il s'enfonce dans cette spirale de mensonges et de meurtres, ça ait du goût et qu'il regrette vraiment cet état qu'il avait au début. Maintenant, le parallèle là-dessus... Je l'ai fait parce que je joue un jeune homme qui connaît un engouement médiatique, mais bascule très vite, et je n'arrivais pas plus que ça à faire le parallèle : tout est question d'imposture dans ce film, donc chaque photo prise et chaque autographe qu'il signe est un moyen de s'enfoncer un peu plus dans le mensonge.

    Donc il y a quelque chose d'assez fatal et faustien. Un côté pacte avec le Diable à partir du moment où il décide de mettre son nom sur cet ouvrage qu'il n'a pas écrit. Pour moi il y a beaucoup d'échos de ça dans chaque chose qui se passe dans le film, donc le lien était, mais oui et non quoi. En plus c'est le milieu de la littérature auquel je ne connaissais rien avant de faire le film.

    Le César est une bonne façon de mettre une lumière sur le film

    Est-ce que vous vous êtes renseignés sur les auteurs et leur façon de faire ou de créer du coup ?

    Oui, je me suis un peu rencardé. Yann Gozlan est beaucoup plus fan de littérature que moi, donc on a pas mal discuté en préparation, mais il avait aussi en tête dès le début que le personnage soit écrivain comme il pourrait être peintre ou sculpteur, car l'idée de la création et de l'usurpation lui plaisaient beaucoup au-delà de ça.

    Est-ce que vous ressentez plus de pression à l'idée que le film sorte juste après votre César ?

    Non, je crois que ça ne peut pas être pire (rires) C'est aussi une bonne façon de mettre une lumière sur le film, mais je n'ai pas plus de pression. Peut-être que je devrais, je ne sais pas.

    Mars Distribution

    Ce sera pour le jour de sortie.

    Le jour où le film sort en salles, c'est toujours un moment d'excitation et d'anxiété en même temps, car tu vois à quel point les gens vont le voir et sont curieux pendant les premiers jours. C'est toujours intéressant, lorsqu'un film sort, de voir ce que ça raconte sur aujourd'hui et notre société : c'est quand même le reflet de ça aussi.

    Mais pour en revenir au César, je pense que celui-ci a refermé la parenthèse Yves Saint-Laurent : c'était la fin d'une grande aventure qui a duré longtemps, entre les 5 mois de préparation, le tournage, la promotion 1 an plus tard et les César l'année d'après. Entre temps on a voyagé. On l'a présenté à Berlin, à Tokyo... J'ai l'impression que ça ferme un chapitre et pour moi, Un homme idéal c'est un autre chapitre, donc pas vraiment de pression supplémentaire.

    Pensez-vous que le regard de la profession a changé sur vous, et que l'on vous propose moins de comédies et plus de drames ou de thrillers ?

    Je ne crois pas. J'ai la chance de recevoir des comédies et des choses différentes, et je prie pour que ça continue. Je me sens très chanceux et dans une vraie position de luxe, déjà de recevoir des scénarios, mais aussi de recevoir des choses différentes. Pour le moment je reçois encore des comédies mais comme je fais Casting(s), qui est ma série et vraiment de la comédie, je pense que les gens savent que j'ai un vrai amour et une vraie affection pour ça. Le prochain film que je fais est d'ailleurs une comédie [Five d'Igor Gotesman, ndlr].

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    Un projet sur lequel nous reviendrons dans un prochain article, car il est temps de revenir en arrière pour parler des précédents moments forts de ces derniers mois. Première étape : une très convoitée compression, évoquée un peu plus haut et dont l'acteur reparle page suivante. Mais avant ça, plongez-vous dans l'univers "solaire et sensuel" d'Un homme idéal.

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