Passé entre plusieurs mains, avec un casting différent à chaque fois, The Revenant fait partie de ces projets qui portent bien leur nom, tant le film a su disparaître à plusieurs reprises, pour mieux revenir sur le devant de la scène. Tout commence en 2001, lorsqu'Akiva Goldsman obtient les droits du roman homonyme de Michael Punke, alors à l'état de manuscrit non publié, dans lequel il est question d'un soldat laissé pour mort par ses amis après l'attaque d'un ours, et qui entreprend de se venger d'eux à la fin du XIXème siècle.
Peu de temps après, deux noms circulent pour mettre en scène et interpréter le film : Park Chan-wook et Samuel L. Jackson. Mais ceux-ci ont très vite fait de quitter la barque, qui reste à quai jusqu'au début des années 2010. Arrive alors un John Hillcoat tout juste auréolé du succès critique de La Route, avec l'acteur le plus en vue du moment, à savoir Christian Bale. Un duo de choc qui ne fait pas décoller l'affaire pour autant, puisque le cinéaste passe la main au Français Jean-François Richet en octobre 2010. Mais le tournage ne peut avoir lieu avant que Bale ne retrouve Christopher Nolan pour conclure la saga Batman, en avril 2011, et le metteur en scène abandonne également cette adaptation, au profit d'Alejandro Gonzalez Inarritu.
Le projet avance... et trébuche
Si le quatrième réalisateur attaché au projet sera finalement le bon, la première tâche du Mexicain est de trouver un remplaçant à Christian Bale, qui a fini par se désengager pour cause d'emploi du temps surchargé. Le nom de son successeur ne se fait pas attendre longtemps puisque, le 7 novembre 2011, Leonardo DiCaprio et Sean Penn entrent dans la danse pour tenir les deux rôles principaux de cette histoire de vengeance, et le tournage semble imminent. Du moins le croit-on, car Inarritu préfère d'abord tourner Birdman, entre avril et mai 2013.
Twentieth Century Fox France
Longue post-production oblige, le cinéaste ne revient pas vers The Revenant avant la mi-2014, et doit commencer par régler un problème de taille : le remplacement de Sean Penn, contraint de se désister pour cause d'incompatibilité de plannings. Et c'est donc à Tom Hardy que revient le rôle du méchant John Fitzgerald, tandis que Leonardo DiCaprio décline la proposition de Sony d'incarner Steve Jobs au profit de ce film, dont le tournage débute (enfin) au Canada en octobre 2014, avec également Domhnall Gleeson et Will Poulter au casting.
En lice aux Oscars 2016 ?
Devenu, au gré des semaines, l'un des grands favoris aux Oscars, Alejandro Gonzalez Inarritu doit alors alterner cérémonies de récompenses et prises de vues et révèle, en janvier 2015, que celles-ci vont s'étendre jusqu'en avril. La raison ? Une volonté de ne tourner qu'en lumière naturelle qui réduit le nombre d'heures de tournage pour l'équipe. Un marathon qui oblige, selon la version officielle, Tom Hardy à abandonner le Suicide Squad de David Ayer, dont il devait être l'un des héros, et prouve que le metteur en scène n'a pas décidé de prendre à la légère un projet passé par d'autres mains avant les siennes.
Lauréat des Oscars du Meilleur Film, Meilleur Réalisteur et Meilleur Scénario avec Birdman, quand Emmanuel Lubezki remportait celui de la Meilleure Photo, Inarritu se porte donc candidat à sa propre succession auprès de l'Académie, avec un long métrage attendu le 25 décembre aux Etats-Unis, et le 27 janvier 2016 chez nous. Après l'humour contenu dans Birdman, c'est dans le registre plus sombre de ses précédentes oeuvres qu'il fera son retour, avec un triple défi à la clé : montrer qu'il peut aussi briller en adaptant l'histoire d'un autre, repousser ses propres limites esthétiques et offrir son premier Oscar du Meilleur Acteur à Leonardo DiCaprio. Mais il va encore falloir patienter un peu pour connaître le fin mot de l'histoire.
Heureusement, "Birdman" sera là pour vous éblouir dès le 25 février :
