Guillermo del Toro, suite au rejet premier de FX concernant son scénario télévisé de The Strain, écrit, avec l'aide de Chuck Hogan, trois livres, qui deviennent des best-sellers ("La Lignée", "La Chute" et "La Nuit éternelle"). La chaîne américaine accepte finalement en 2013 la production et Carlton Cuse (Lost, Bates Motel) rejoint l'écriture. Véritable phénomène, The Strain, déclinée également par la suite en trois tomes dessinés, entre dans la culture pop américaine. Les audiences, montant au-dessus de la barre des 2 millions par épisode, sont déjà très correctes et doublent en Live+3. Vous serez peut-être étonnés d'apprendre, si ce n'est déjà, que le pilote a su totaliser plus de 12 millions de téléspectateurs en cumulant replay, VOD, et achats numériques, et est à ce jour, le record d'audience de la chaîne cablée. Voici donc de quoi ouvrir l'appétit.
5 bonnes raisons de ne pas la manquer :
- Marquant la fin d'une ère, d'un monde contemporain qui est le nôtre, The Strain construit un univers sombre et fantasmagorique décomplexé, sans jamais effleurer le misérabilisme écologique ou humain. Il est donc question de plaisir avant tout. "C'est comme du gaspacho, frais, acidulé et rouge" souligne le créateur mexicain.
- Guillermo del Toro a d'ailleurs tenu à ce qu'un maximum de créatures soit présentes sur le plateau et non rajoutées digitalement en post-production. Les prothèses et les maquillages sont donc à couper le souffle. De là à faire de l'ombre à The Walking Dead...
- De l'horreur à l'ancienne, gore, brutale, efficace et surtout amusante. Le réalisateur et producteur voulait que The Strain "ressemble à une série des années 70, à la Dan Curtis". Les créatures et la mise en scène rend donc un bel hommage, si ce n'est à la Hammer, à Kolchak : The Night Stalker de Jeff Rice.
- Pour sortir de la conception universelle aux dents longues. La thématique vampirique ouvre de nouveaux horizons. Après Nosferatu, Entretien avec un vampire, Buffy contre les vampires, True Blood ou The Vampire Diaries, The Strain fait du vampire, un vecteur reptilien de chaos métaphorique, un virus biologique qui ne saurait avoir de meilleur écho à ce jour.
- Mêlant conte de fée perverti et univers médical, la série est plus intelligente qu'elle n'y paraît. Carlton Cuse avoue qu'il s'agirait avant tout de "l'esprit humain capable de vaincre toutes circonstances imaginables". Et la première saison, allant crescendo dans le glauque désinhibé, surprend en jouant sur nos peurs passées et actuelles en révisitant les petites et la grande Histoire ! Le tout, couplé d'un jeu d'acteurs exceptionnels et d'une photographie contrastée...
Quelques bémols cependant...
- Le vampire de The Strain est très certainement aussi terrifiant que les créatures féminines de Penny Dreadful, mais le premier épisode, rallongé à plus d'une heure, ne témoigne pas suffisamment de profondeur en matière de fantasmagorie et cède volontiers aux stéréotypes du genre ou quelques facilités d'écriture. Et pour un pilote se devant d'attiser la curiosité, elle nous fait vite défaut.
- De fait, c'est toute la première heure qui manque d'originalité. Les personnages, tels des coquilles vides, agissent selon un ordre pré-établi qui laisse relativement peu de place à l'imaginaire ou au suspense. Les premières victimes ne sont pas très malines et les héros font tout ce qu'il ne faut pas faire. Heureusement que les acteurs compensent ce léger défaut scénaristique.
- The Strain joue la carte de la dramatisation à l'excès, avec voix-off qui parle beaucoup pour ne pas dire grand-chose et plans larges de New York dans la nuit.
Il faudra donc s'armer de patience et de courage pour atteindre le coeur fondant ou ce gaspacho acidulé et rafraîchissant pour reprendre la métaphore du cinéaste. Si vous êtes fans d'hémoglobines, d'épopées gothiques, de mythes savamment construits, ou de Guillermo del Toro tout simplement, The Strain est fait pour vous. Et pour tous les autres aussi, même ceux qui n'aiment pas la soupe froide espagnole...
Préparez-vous au chaos à partir de ce mercredi 18 février à 20h50 sur Canal+ Séries pour les deux premiers épisodes !