L'apport de Terence Fisher
Terence Fisher est définitivement associé à la firme Hammer. Avant d'être un réalisateur que certains qualifieront de sulfureux, l'homme est pressenti par ses parents pour intégrer l'armée. En 1920, il est engagé comme matelot et au bout de cinq ans, obtient le grade de second. A 23 ans, il décide de changer de cap et est engagé comme marchand de tissu. A ses heures perdues, il découvre le cinéma, qui devient vite sa passion. Dès lors, et à force d'abnégation, Fisher devient monteur. Il le restera onze ans, avant de pouvoir passer à la réalisation de son premier film, un moyen-métrage intitulé Colonel Bogey (1948), déjà dans le registre fantastique.
Son premier long-métrage, Le Mystère du camp 27, raconte l'histoire d'un professeur qui a perdu sa fille pendant la seconde guerre mondiale et qui la retrouve adoptée par un nazi, qui a profité de l'amnésie de la jeune personne. Fisher l'a considéré "plaisant à réaliser", mais le film n'a pas rencontré le succès espéré. En 1951, William Hinds l'engage dans sa firme Hammer Film Productions et Fisher réalise pendant cinq ans des films de commandes -des polars surtout- qui lui permettent de faire ses armes en tant que réalisateur. En 1956, il doit un film à la Hammer, qui veut faire du fantastique, genre qui a l'air de plaire au public. Le scénariste Jimmy Sangster profite du fait que le personnage de Frankenstein est libre de droits pour écrire une nouvelle histoire sur le baron et sa créature. Ce sera Frankenstein s'est échappé (1956), avec Peter Cushing et Christopher Lee.
Le succès est immédiat et Terence Fisher enchaine avec Le Cauchemar de Dracula, joué par Christopher Lee. C'est également un triomphe, et Fisher devient le réalisateur atitré de la firme. Il déclinera le baron Frankenstein sur quatre autres films entre 1958 et 1974, et Dracula dans Les Maîtresses de Dracula (1960) et Dracula, prince des ténèbres (1966). Entre ces franchises, Fisher tourne des films un peu moins célèbres, mais qui ont tous un succès raisonnable au box office : La Malédiction des pharaons, dérivé de La Momie (1932), La Nuit du loup-garou (1961), Le Fantôme de l'Opéra (1962).
Entre ces classiques, Fisher tourne des curiosités comme The Man who Could Cheat Death (1959), remake du sérum de longue vie de Ralph Murphy, dans lequel un homme rallonge sa vie en prélevant une glande secrétée par les jeunes personnes. Etrangeté toujours avec Les Etrangleurs de Bombay, qui montre entre deux scènes d'une rare violence (suggérée) une secte d'assassins indiens adorant une déesse sanguinaire au temps de la compagnie des Indes. Enfin, il signe un film de capes et d'épées mineur : Le Serment de Robin des Bois (1960).
Les films se succèdent avec La Gorgone (1965), inspiré de la mythologie grecques, des séries B de science-fiction, puis le retour au "style Fisher" dans Les Vierges de Satan (1967), qui voit Christopher Lee tenter de sauver un de ses amis d'un rituel satanique organisé par une secte de fanatiques. Le film mérite d'être découvert, d'autant qu'il est assez proche d'égaler certains classiques de la firme. Deux films marqueront les adieux de Fisher au cinéma : Le Retour de Frankenstein (1969), dans lequel le Baron se transforme en machine à tuer cruelle et impulsive, et le moins réussi (faute de moyens) Frankenstein et le monstre de l'enfer (1974). Terence Fisher approche des 70 ans, et il repose définitivement la caméra. Il décèdera d'un cancer le 18 juin 1980, en laissant nombres de créatures orphelines.
Ci-dessous, Nicolas Stanzick évoque les hommes de l'ombre de la Hammer...