Lou Bloom - "Night Call"
L'obsessionnel sociopathe
Un sourire bizarrement chaleureux qui devient carnassier, un regard ébahi et enfantin qui devient vide et inquiétant... Le Lou Bloom de Night Call est un être obsessionnel dont la nature est particulièrement difficile à saisir. Saura-t-on jamais qui était Lou ? C'est toute la force de ce premier film signé Dan Gilroy.
Quelle obsession ?
Lou revend des marchandises volées mais tente surtout de démontrer qu'il est capable de beaucoup plus. Il veut une carrière à tout prix, réussir et s'élever. Dans n'importe quel domaine. Le hasard fait qu'il assiste à un tragique accident de voiture et rencontre des chasseurs d'images. Meurtres, viols, cambriolages... Ces derniers cherchent le scoop qu'ils pourront vendre aux chaînes d'information locales. Lou entrevoit les possibilités que ce travail peut lui apporter. Il se procure une caméra, un scanner pour capter les fréquences de police, embauche un homme désespéré pour le seconder et, toutes les nuits, navigue obsessionnellement dans les rues de Los Angeles en quête de sang frais...
Comment ?
Lou s'apprivoise d'abord comme un être faussement chaleureux, presque hilarant dans sa manière de concevoir le monde... Mais révèle très vite un manque total d'ethique et d'empathie. Dans ce rôle de sociopathe, Jake Gyllenhaal est physiquement méconnaissable. Il offre un visage inhumain, mélange de loup, de mort vivant, de serpent doublé d'un renard et capte la dimension effrayante d'un personnage qui a gommé les frontières entre le bien et le mal, entre la légalité et l'illégalité, la vérité et le mensonge et qui ne s'en cache même pas.
Ma devise : pour gagner au loto, il faut de l'argent pour acheter un ticket"
L'obsession qui mène à...
Jusqu'où ces chasseurs d'images sont capables d'aller ? Ce travail peut-il être réalisé par n'importe qui ? Et surtout, peut-il être placé entre les mains d'un homme comme Lou... Comme il le dit, ce dernier ne veut pas être juste celui qui filme, il veut être "celui qui possède la chaîne de télévision, qui possède les caméras". Reste à savoir jusqu'où cette obsession de la réussite l'amènera...