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    Tiens-toi droite : "Un film jazz ou punk ou rock"

    Laura Smet, Noémie Lvovsky et Marina Foïs sont trois femmes au bord de la crise de nerfs dans "Tiens-toi droite", le nouveau film de Katia Lewkowicz après "Pourquoi tu pleures ?", à découvrir en salles actuellement.

    Wild Bunch Distribution

    Synopsis de Tiens-toi droite : Louise, Sam, Lili. Trois femmes qui ne se connaissent pas mais dont la volonté farouche d’évolution va les faire se rencontrer, se rejoindre, se juxtaposer. C’est l’histoire de Louise qui quitte le pressing de famille pour travailler dans une grande entreprise de fabrication de poupée où l'a pistonnée son amant. De Lili, Miss Nouvelle-Calédonie, qui fait la rencontre d'un riche industriel. De Sam, mère de famille nombreuse, qui décide de prendre son indépendance.

    Il y a la pression de leurs mères, de leurs sœurs, de leurs amies. Il y a leurs hommes qui disparaissent. Il y a leurs filles qui les regardent, les imitent. Et il y a la conception de ce nouveau modèle de poupée, enfin à l'image de la femme.Mais est-ce le modèle qui doit s’adapter à la femme ou l’inverse ?

    La narration du film est originale. Vous parlez d’un film « jazz ». Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

    Katia Lewkowicz : Un film jazz ou punk ou rock… Des endroits où la structure est assumée mais libre. Une mélodie, un solo, puis des instruments qui reprennent la mélodie en force, et tout à coup une note longue, puissante… On suit un mouvement personnel et on ressent plus qu’on ne comprend. Et c’était d’une sensation dont je voulais parler. Prendre pour sujet la féminité c’était assumer que j’étais au centre d’un discours chaotique. Je devais mettre en rapport des désirs, des contradictions, des injonctions, des points de vues... Il fallait que ca s’entrechoque, que cela puisse passer d’une émotion à une autre sans préambule… Bref que ce soit du jazz…

    Quel cinéma vous inspire ? D'autres formes d’art peuvent-elles également vous inspirer dans votre travail ?

    Pour ce film particulièrement j’ai revu les films de Woody Allen, de Fellini, de Cassavetes… Trois monstres qui ont pour moi un point commun : Ils s’autorisent tout. Placer sa mère dans le ciel de Manhattan, faire danser une femme en robe blanche la nuit, convoquer des fantômes… Ce sont des cerveaux fous. En phase d’écriture tout est inspirant, je deviens une éponge obsessionnelle- Tout me parle de mon sujet : la musique, l’art contemporain, le théâtre. D’une manière où d’une autre tout s’inscrit.

    Wild Bunch Distribution

    Trois ambiances, trois personnages de femmes. En quoi les trois interprètes choisies leur correspondaient parfaitement ?

    Je voulais que ce soit un catalogue de corps de femmes, de cerveaux, d’énergies- Et je voulais jouer avec les clichés. Celui de la mère, de la beauté et de la « working girl ». Très vite la mère est devenue Noémie Lvovsky . Une femme généreuse, embourbée dans son quotidien, avec une farouche volonté d’évoluer. Puis il y a eu Marina Foïs. Une femme qui pense qu’on ne peut pas « tout avoir ». Et qui porte en elle une colère sourde. Et Laura Smet… Qui d’autre pour représenter les injonctions à vivre une vie exceptionnelle parce qu’on est une femme « trop belle ». Les rôles, elles les portaient dans leurs regards et dans leur corps. Et c’est par là qu’elles se sont imposées.

    Quelle est la place des hommes dans le récit ?

    Je ne voulais pas placer mon récit dans le cadre d’un combat homme- femme. Ce n’était pas mon sujet. Pour moi les hommes du récit sont ceux qui les accompagnent dans leurs trajets. Ils sont là. Près d’elles. Mais elles ne les voient plus. Trop concentrées sur leur propre chemins. Je voulais aussi qu’ils se modifient. Physiquement. Nous sommes des binômes. Si les femmes changent de route les hommes sont modifiés… Ils vont donc commencer à avoir des souffles aux cœurs, des malaises…

    Considérez-vous votre film comme militant en matière de féminisme ?

    Cela dépend de la définition que vous donnez au mot « militant ». Oui je milite pour les femmes. Mais en acceptant nos essoufflements, nos contradictions. J’essaie de placer le film à un endroit du quotidien, comme un catalogue de toutes les injonctions dont nous avons hérité, que nous transmettons et qui nous empêchent d’évoluer. Pour que chacun puisse trouver une façon de se frayer un chemin. Je ne milite pas pour une cause globale mais pour que chacune d’entre nous puisse se tenir plus droite. Si on arrive à évoluer à titre individuel, le reste suivra...

    Avez-vous un projet de nouveau long métrage en tête, en tant que réalisatrice ou actrice ?

    Oui c’est encore en « germe » mais je commence à prendre des notes… une comédie sur le deuil, notre besoin de consolation, l’héritage ou une cure d’amaigrissement dans un pays en guerre… On verra…

     

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