Interstellar, l'un des évènements de l'année, transporte Matthew McConaughey dans un futur apocalyptique où le seul espoir est d'aller dans l'espace pour trouver une nouvelle planète. En dehors de tout ce qu'il offre aux spectateurs, le film de Christopher Nolan donne aussi l'occasion de redécouvrir McConaughey dans le genre de la SF. La première et seule fois qu'il s'y était plongé, c'était il y a déjà 17 ans et c'était déjà dans un film sur l'exploration spatiale : Contact. Un film de 2h33 (Interstellar en fait 2h50) qui s'est, depuis, fait un peu oublier mais qui reste un grand film de science-fiction doté d'un superbe casting (Jodie Foster, James Woods, John Hurt, Angela Bassett) et qui mérite d'être redécouvert tant il réserve de nouvelles expériences à chaque fois...
Contact, ça raconte quoi ?
Sorti en 1997, Contact raconte la passion d'Ellie Arroway (Jodie Foster), intacte depuis l'enfance, pour tout ce qui a trait à l'immensité de notre univers. Devenue une brillante astronaute, elle mène des recherches sur d'éventuelles vies extraterrestres et se heurte régulièrement à l'incompréhension de son supérieur qui y voit une perte de temps et d'argent. Coupée dans ses aspirations, Ellie continue toutefois ses recherches et finit par décrocher le gros lot lorsqu'elle capte un message extraterrestre en provenance de l'étoile Véga. A partir de là, le monde entier va se tourner, entre fascination et peur, vers ses recherches. Que contient le message ? Que veulent les aliens ?
McConaughey, déjà philosophe
Si Contact est un grand spectacle en termes d'effets spéciaux - lesquels ont d'ailleurs plutôt bien vieilli - le film est tout aussi riche dans les différentes thématiques qu'il explore, élaborant notamment des réflexions sur notre existence, la science et son pouvoir, la religion mais aussi la foi en l'être humain. McConaughey campe justement l'homme de foi du film (et le coup de coeur de Jodie Foster), Palmer Joss, un théologien et écrivain. Et déjà un personnage de philosophe dont les idées n'ont toutefois rien à voir avec celles qu'il détaillera 17 ans plus tard avec Rust dans True Detective ! Dans Contact, Joss ne va pas lui-même dans l'espace mais pose différentes questions existentielles. Certaines d'entre elles n'ont d'ailleurs pas pris une ride. Invité chez Larry King, il s'interroge ainsi sur les avancées technologiques :
"Sommes-nous plus heureux en tant qu'espèce ? Est-ce que le monde est fondamentalement un monde meilleur grâce à la science et à la technologie ? On fait nos courses de chez nous, on surfe sur Internet et, dans le même temps, on se sent plus vide, plus seul, et plus coupé les uns des autres qu'à n'importe quelle autre moment de l'histoire humaine."
Un film qui a failli ne jamais voir le jour
Contact, c'est aussi l'histoire d'un film qui a failli ne jamais se faire. Sorti en 1997, il aurait pu naître... dans les années 80 ! Carl Sagan avait en effet écrit un scénario avec son épouse dès 1979. Proposé à un studio, le projet est ensuite entré dans des phases cauchemaredesques de développement, calant au fur et à mesure du temps. En 1985, l'auteur transforme donc son scénario et publie un roman. Quatre ans plus tard, le projet de film renaît de ses cendres mais, rebelote, le voilà qui passe par de nouveaux problèmes. Deux réalisateurs sont ainsi engagés successivement : Roland Joffé qui abandonne le navire en route puis George Miller qui est renvoyé par Warner Bros. au moment de la pré-production.
Après 16 ans de développement...
En 1996, seize ans après sa mise en route, le projet est finalement repris par Robert Zemeckis (à qui il avait déjà été proposé quelques années auparavant !). Ce passionné de fantastique et de voyage - qu'ils soient temporels (Retour vers le futur), aéronautiques (Flight) ou ferrovières (Le Pôle Express) - sort alors de l'énorme succès de Forrest Gump et Warner lui offre les pleins pouvoirs artistiques sur le film. Avant le lancement de la production, il procède à quelques changements et offre notamment le rôle de Palmer Joss à McConaughey, rôle proposé à Ralph Fiennes au moment où George Miller était encore à la réalisation. De son côté, la future star d'Interstellar refuse un rôle dans Le Chacal pour jouer dans Contact étant alors sous contrat avec Warner Brothers.
Après tous ces déboires, Contact sort enfin dans les salles en 1997 et décroche d'assez bonnes critiques et un beau succès en salles. Malheureusement, Carl Sagan, l'homme derrière cette belle histoire de science-fiction, ne sera pas là pour le voir se concrétiser. Alors qu'il devait tourner un caméo dans le film, Sagan décède en décembre 1996, durant le tournage.
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Qu'on l'ait oublié, qu'on l'ait adoré ou qu'on l'ait détesté, Contact a en tout cas marqué la SF des années 90 (la preuve, l'équipe de South Park en a souvent parlé, en mal certes, mais tout de même !). Ce film rappelle aussi la belle boucle effectuée par Matthew McConaughey, très prometteur au moment de Contact, passé ensuite par un passage à vide et devenu, entre temps, une star au firmament des étoiles avec Interstellar.