"Sous le Sable", le malaise funèbre
Un magnifique portrait de femme qui fait enfin l'unanimité de la critique et du public, peut-être parce que François Ozon privilégie le mystère au massacre, les silences aux palabres et qu'il choisit l'actrice collant parfaitement à son univers, amoureux, endeuillé, vidé. Dans Sous le Sable, le malaise vient de la fascination morbide que la magnifique et renaissante Charlotte Rampling cultive pour son mari disparu (l'imposant Bruno Cremer).
Personne ne pourra le remplacer malgré ses quelques essais, comme le prouve violemment le fou rire détonant qui la prend, lorsqu'au lit avec son amant, elle s'aperçoit qu'il est "trop léger". Inconfort de celui qui ne fait pas le poids mais aussi inconfort du spectateur, renforcé par l'incertitude liée à la disparition du corps aimé. Corps d'un homme qui a laissé derrière lui un vide brutal et qui, à n'importe quel moment, semble pouvoir ressurgir, mais sur un mode encore plus puissant.