Johnny Depp ("Las Vegas Parano" et "Don Quixotte")
Avant de travailler à nouveau avec lui pour L'Imaginarium du Docteur Parnassus, Terry Gilliam avait déjà fait appel à Johnny Depp pour l'inoubliable et psychédélique Las Vegas Parano, adaptation du roman de Hunter S. Thompson, ainsi que pour Don Quixotte, un projet encore inachevé, dont le tournage se transforme en catastrophe et est finalement abandonné.
Avec nous, le cinéaste revient sur son trip légendaire à Las Vegas et sur ce projet "maudit", qu'il a toujours l'intention de mener à son terme...
Johnny est une sorte de vampire, il a aspiré l’esprit de Hunter
Comment avez-vous pensé à Johnny Depp pour interpréter Raoul Duke dans "Las Vegas Parano" ?
Pendant 10 ans, les gens m’ont dit que je devais réaliser une adaptation de Las Vegas Parano. Je disais toujours non parce que j’avais d’autres projets en cours. Et puis le scénariste Alex Cox a commencé à travailler dessus et a rassemblé Johnny Depp et Benicio del Toro. Mais l’auteur du livre, Hunter S. Thompson, a viré Alex du projet, parce qu’Alex était stupide. Et donc ils sont venus me voir, ils m’ont dit qu’ils avaient Johnny Depp et Benicio del Toro. J’ai lu le script et je leur ai répondu que je réaliserai le film si je pouvais balancer le scénario à la poubelle et recommencer. J’avais rencontré Johnny un an auparavant à Cannes. J’adorais tout ce qu’il faisait et j'avais très envie de travailler avec lui. Donc j’ai pu réécrire le scénario et me mettre au travail. C’était génial ! Travailler avec Johnny, c’était incroyablement amusant. Il est si intelligent, si rapide. Et il a passé beaucoup de temps à étudier son personnage, il est devenu très proche de Hunter. Johnny est une sorte de vampire, il a aspiré l’esprit de Hunter, et il est génial dans le film.
"Don Quixote" marque votre deuxième collaboration avec Johnny Depp. Une seconde expérience plus compliquée…
Oui, ça a fait un bon documentaire (rires).
"Don Quixote" n'était pas une malédiction
Beaucoup parlent d’une sorte de malédiction sur ce tournage. Quel est votre avis ?
Ce n’était pas une malédiction. C’est juste cette situation particulière qui est devenue absurde. Ce genre de choses arrive sur tous les films. Mais là, il y avait juste trop de choses en même temps. Nous avons un meilleur scénario maintenant, c’est le bon côté de la chose. Nous avons pu en tirer parti. Mais travailler avec Johnny, c’était tout simplement fun. Parce qu’il a toujours voulu être un Monty Python. Il était trop jeune, mais il me disait que s’il était né plus tôt, il aurait peut-être pu faire partie du groupe.
Johnny a toujours voulu être un Monty Python
"Don Quixotte" semble être quelque chose de très important pour vous, comme une victoire sur la vie que vous voulez à tout prix remporter ?
Non, c’est plutôt comme une tumeur. Il faut que je l’enlève pour pouvoir continuer ma vie (rires).
"Don Quixote", c’est comme une tumeur. Il faut que je l’enlève pour pouvoir continuer ma vie
Impossible pour vous de simplement laisser tomber ?
J’aimerais bien, mais ça revient toujours. C’est tellement pervers. L’idée d’avoir perdu tant d’années de ma vie pour faire ce film...
Cette année, vous avez également signé un caméo dans la comédie grinçante d’Albert Dupontel "9 mois ferme". Qu’avez-vous pensé du résultat ?
C’est un très bon film, je l’aime beaucoup. J’adore Albert Dupontel, j’ai mangé avec lui hier soir. (ndlr : l'interview a eu lieu le 11 avril) La première fois que j’ai vu Bernie, je me suis dit : "Yes ! Il est dangereux, il est passionné." Albert est très drôle, c’est un excellent acteur. Et je pense que c’est un très très bon scénariste et réalisateur. Quand il m’a montré la séquence avec les différentes versions de la mort du vieil homme, je pleurais de rire. C’est une des scènes les plus drôles que j’ai jamais vues. Et je suis très content que ça soit un succès, parce que je souhaite qu’il fasse d’autres films. C’est quelqu’un de très particulier. Si je finis par réunir l’argent pour faire Don Quixotte, j’ai un rôle dedans pour lui. Et ce qui est drôle, c’est que pour Zero Theorem, Mélanie Thierry m’a été suggérée par Albert. Elle n’avait rien fait de la sorte avant, et donc je remercie Albert pour Mélanie.
Qu’en est-il de vos projets suivants ?
Mon problème, c’est que je dois me débarrasser de Don Quixotte. Donc je ne peux pas encore penser à d’autres choses. Mon prochain projet, à vrai dire, est un opéra. A mon retour dimanche je commencerai les répétitions pour deux mois. Après ça, j’ai le spectacle des Monty Python. Et puis, peut-être, Don Quixotte.
On l’espère !
(en français) Moi aussi ! (rires)