Christoph Waltz ("Zero Theorem")
C'est fidèle à lui-même, à l'extravagance et à la jovialité qu'on lui connait, que Terry Gilliam nous acceuille dans la cour d'un hôtel parisien, sourire et margherita au coin des lèvres, l'oeil pétillant et la tête pleine de souvenirs qu'on brûle de l'entendre nous raconter.
Pour voyager à travers les plus grands films de sa légendaire carrière, nous décidons de le faire à travers ses rencontres avec des acteurs d'exception. Honneur aux nouveaux : on commence donc avec l'Autrichien Christoph Waltz, comédien principal de l'étrange et désabusé Zero Theorem, en salles cette semaine, et qui n'est pas sans rappeler un certain Brazil...
Comment le projet est-il né et comment avez-vous pensé à Christoph Waltz pour le rôle principal ?
Le scénario est né il y a peut-être 7 ans. A cette époque, je m’apprêtais à le réaliser avec Billy Bob Thornton. Et puis je suis parti faire L’Imaginarium du Docteur Parnassus, j’ai passé un an et demi à travailler à nouveau sur Don Quichotte, et tout s’est effondré. Donc je me suis dit : "Faisons Zero Theorem !" J’avais une certaine pression pour engager un certain type d’acteur, avec qui ça n’a pas marché, et puis le nom de Christoph est arrivé sur la table et je me suis dit : "C’est ça ! C’est parfait !" On s’est rencontrés il y a un an ou deux à une cérémonie, et on s’est dit qu’on devait absolument travailler ensemble. On a diné, ça s’est fait de façon très simple. (…) C’est ce qui arrive dans les festivals ou ce genre de manifestations, où vous tombez sur un acteur que vous admirez vraiment. On y trouve des combinaisons extrêmement intéressantes. Christoph et moi, on s’est tout simplement bien entendus. Il est très différent de moi, on est tous les deux intelligents et on comprend ce qu’essaie de faire l’autre. C’est génial.
Si vous avez un rôle pour lui, il trouvera un moyen pour faire en sorte que ce rôle fonctionne.
Si vous deviez le décrire en quelques mots en tant qu’acteur...
Il a une souplesse contagieuse. C’est un grand artisan, voilà ! Et si vous avez un rôle pour lui, il trouvera un moyen pour faire en sorte que ce rôle fonctionne.
Il est très présent dans le film, on le voit presque dans chaque scène. Comme si le film avait été fait pour lui, en son hommage…
C’est ce que je lui ai dit quand on a déjeuné ensemble pour en parler : "Tu es le film. Je te suivrai où que tu ailles. Et je te donnerai de l’espace pour le faire." J’ai tourné ce film d’une façon différente par rapport à ce que je fais d’habitude. Il n’y avait pas de directives précises du style : "Tu dois t’asseoir ici, bouger d’un pouce par là,…" Nous avons lâché du leste afin que les acteurs aient l’espace suffisant pour faire ce qu’ils se sentaient de faire. On s’est regardé faire et on a essayé d’apprendre. Et Christoph est tout simplement brillant.
Nous avons lâché du leste afin que les acteurs aient l’espace suffisant pour faire ce qu’ils se sentaient de faire.
"Zero Theorem" présente de nombreux thèmes en commun avec "Brazil". Les deux films ont un peu la même âme, on y trouve un univers très loufoque, une critique acerbe de la société... Etes-vous particulièrement attaché à ces thématiques ?
Brazil, c’était mon point de vue et mon état d’esprit sur le monde à l’époque. Avec Zero Theorem, ça a fini par devenir quelque chose de similaire. Ca n’a pas commencé comme ça, mais au fur et à mesure de l’évolution du film, je me suis dit que je pouvais parler de ce qui m’inquiétait à propos du monde actuel. Les textos, les tweets,… Je me suis mis à m’intéresser à l’idée d’un homme qui essaierait de se séparer de tout ça. Et ça a fini par devenir une sorte de déclaration sur comment je vois le monde, ou en tout cas une partie, en ce moment.