Fabien Héraud et Jacques Gamblin dans De toutes nos forces © Guy Ferrandis
LE CINEMA
"C’est assez marrant, en fait. C’est un univers qui ne m’intéressait pas du tout, et je n’avais jamais voulu ni même pensé être comédien. Au départ mon kiné m’a dit 'vas-y, fais-le' alors que moi, j’hésitais vraiment. Je ne pensais pas que ça marcherait... Mais il m’a poussé, alors j’ai tourné une vidéo à l’arrache, je l’ai montée en musique, j’ai envoyé des photos et une lettre. J’ai ensuite passé un casting, mais en rigolant, sans pression. Je restais serein : si ça marche, c’est cool ; si ça ne marche pas, ce n’est pas très grave. Ça a commencé comme ça. Ensuite j’ai eu une coach et je me suis rendu compte que ça devenait sérieux !" (Rires)
LE CASTING
"Je fais beaucoup d’autodérision, et je pense que c’est ce qui a plu à Nils Tavernier. Peut-être aussi parce que je n’étais pas stressé, que je ne jouais pas ma vie dans cette audition. Parce que c’était cool, tout simplement. Après, il a dû me mettre un peu la pression pour voir si je pouvais tenir le choc d’un tournage, en me poussant un peu dans mes retranchements. Mais au final c’est allé tout seul, avec du travail car j’ai beaucoup bossé."
Jacques Gamblin et Fabien Héraud dans De toutes nos forces © Guy Ferrandis
LE TOURNAGE
"C’était très dur pour moi de multiplier les prises. Parfois vingt ou trente fois. J’ai des problèmes de concentration, j’ai un peu de mal à gérer ça. Du coup, chaque fois je me donnais à fond et je finissais rincé. C’était donc assez difficile. Mais après, Alexandra Lamy et Jacques Gamblin m’ont vraiment aidé et accompagné pour apprendre à gérer l’intensité. Et puis j’ai été coaché pendant quatre mois : j’ai pu vraiment travailler le personnage et donner mon avis sur la justesse des réactions et des situations. Même si le cinéma ne peut pas être la réalité, on a essayé d’être les plus proches et crédibles possibles. Avec des gestes notamment, et puis surtout des petites pointes d’humour car j'adore l’autodérision."
L’HUMOUR
"Pour la plupart des gens, le handicap, c’est forcément un handicap mental. Alors qu’on peut être en fauteuil et être super intelligent, ou du moins normal. Quand je suis confronté à des gens que je sens mal à l’aise, je n’hésite pas à déconner sur mon handicap. Ce qui les surprend, souvent. 'Il a rigolé ! Est-ce que je dois rigoler ?' Ben oui, rigole ! Tout va bien ! (Rires) Il y a le handicap, mais avant ça il y a une personne. Une personne qui s’appelle Fabien. Il ne faut pas l’oublier. Mais pour ne pas qu’ils l’oublient, et parce qu’ils ont souvent peur d’aller vers nous, c’est à nous de montrer qu’on est capable d’aller vers eux. Et du coup, leur peur est rapidement évacuée… C’est ce que je fais au lycée : au début de l’année, on me parle peu mais dès que je fais en sorte d’aller vers les gens et de rigoler avec eux, tout va bien. C’est juste à nous de faire le premier pas."
Jacques Gamblin et Fabien Héraud dans De toutes nos forces © Guy Ferrandis
A FOND !
"J’ai de très bons souvenirs des scènes à vélo. Je n’ai pas souvent de telles sensations de liberté, à 50 ou 60 kilomètres / heure, à fond dans les descentes… Dans ces situations, il n’y a pas de faux. Et c’est beau. Jacques est comme moi, il veut être le plus réaliste possible. Il y allait, par respect pour les athlètes qui verraient le film. Et c’était cool."
PAPA JACQUES
"Je l’ai plus côtoyé qu'Alexandra. C’est une belle personne. Je le revois de temps en temps, ce qui est compliqué entre son théâtre et mes cours. Mais quand on se revoit je suis hyper content, on déconne ensemble, et surtout il ne me voit pas comme un handicapé mais comme une personne. On parle naturellement comme deux potes qui se retrouvent."
Fabien Héraud et Jacques Gamblin dans De toutes nos forces © Guy Ferrandis
LE MESSAGE DU FILM
"J’ai pensé à un peu à ça mais comme le dit Nils, il faut parler du handicap sans forcément asséner de message. L’histoire entre ce père et son fils, c’est ce message qui passe, beaucoup plus que le handicap. C’est un film sur une personne en situation de handicap, mais on oublie le fauteuil. Et je trouve ça magnifique. Après, peut-être qu’après avoir vu le film, des gens verront le handicap différemment ? Tant mieux si ça peut aider des gens qui pensent qu’ils ne feront rien de leur vie parce qu’ils sont différents. Moi par exemple, j’ai voulu passer mon permis de conduire, personne ne pensait que j’y arriverais. Mais je me suis accroché et je l’ai eu. Il faut juste se donner les moyens et avoir le courage de le faire. Ce n’est pas parce qu’on est handicapé qu’on est condamné à ne rien faire de sa vie. Comme je dis toujours, quand on veut on peut. Nous, on est là pour vivre. Et se donner à fond."
ET APRES ?
"C’est LA grande question du moment ! (Rires) Là, je veux avant tout finir mes études. Pourquoi pas refaire du cinéma par la suite, mais pour le moment je me consacré à ma 1ère Techno pour me diriger vers un BTS Comm et travailler à terme dans la communication."
Propos recueillis par Malika Duchange et Yoann Sardet - Remerciements à Arnaud Rouvillois
Top départ de l'Ironman aux côtés de Fabien Héraud et Jacques Gamblin
De toutes nos forces