En août dernier, Alexander Skarsgård affolait les fans de True Blood avec le premier "full frontal" de la série !
©HBO
Porno (n.m.) : réalisation d'oeuvres à caractére sexuel particulièrement obscènes.
De cette définition découle un constat simple et sans appel : non, les séries de HBO ne sont pas pornographiques ! Elles sont tout au plus "érotiques". La puritaine Amérique qui s'est enflammée pour une paire de fesses pendant un épisode de New York Police Blues dans les années 90 ou pour les têtons percés de Janet Jackson pendant le sacro-saint Superbowl de 2004 n'a pas beaucoup changé : si des séries comme The Good Wife ou Scandal repoussent certaines limites -en tout cas pour les standards des networks- à travers la représentation romancée de la sexualité de leurs héros avec juste ce qu'il faut pour faire frétiller la ménagère un peu coquine, la sagesse reste de rigueur.
On peut parler de sexe de manière plus ou moins subtile et sans utiliser tout un tas de mots interdits -les sitcoms Mon oncle Charlie et 2 Broke Girls s'adonnent à cet exercice de style jusqu'à l'overdose- mais on ne le montre pas ! Le cas échéant, gare aux représailles : les comités de veille sont sur le qui-vive...
HBO, qui n'est ni plus ni moins que l'équivalent de Canal + dans sa ligne éditoriale et dans son business model, en a donc fait l'un de ses fonds de commerce, comme l'a parodié la vidéo "It's not porn, it's HBO", détournant habilement le mythique slogan de la chaîne "It's not TV, it's HBO !". Depuis, Showtime, Starz et DirecTV lui ont emboîté le pas.
Si les séries du câble ont toujours plus de succès, c'est évidemment pour leur qualité d'écriture supérieure indéniable, pour leur exploration de sujets plus variés, plus polémiques, mais aussi parce qu'elles sont plus libres d'appeler un chat un chat et de montrer des corps nus, parfois "en action". Toutefois, si pénis et vagins sont exhibés à l'occasion, ils ne sont jamais turgescents ni pénétrés. Il existe pour cela des chaînes spécialisées (Playboy TV, Hustler TV) et bien sûr internet...
"It's not porn, it's HBO !" la vidéo qui buzze en VOSTFR ci-dessous :
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Il faut de tout pour faire du "porno" sur HBO...
Le porno bavard : Dream On (1990)
Lancée en 1990 et imaginée par ceux qui deviendront les créateurs de Friends, l'une des toutes premières séries de HBO était aussi l'une des plus osées de la télévision à l'époque. En narrant les aventures d'un trentenaire divorcé qui multiplie les conquêtes, cette sitcom "pour adultes" n'a fait l'objet d'aucune censure. Elle a montré nombre de corps féminins dénudés et a osé mettre dans la bouche de son héros et de ses acolytes des mots que l'on avait peu l'habitude d'entendre sur le petit écran. Une petite révolution était alors en marche...
Le porno gay-friendly : Oz (1997)
Jamais une série américaine n'avait montré autant d'hommes nus que la carcérale Oz, et la plupart du temps de manière frontale ! Elle est aussi la première à avoir présenté l'homosexualité masculine sans détour. Violente, sans pitié pour ses protagonistes, elle les a trainés dans la boue, affamés, abîmés, violés... mais certains se sont aimés aussi, comme le couple phare Tobias et Chris.
Le parfait exemple d'une nudité qui n'était pas gratuite mais qui mettait au contraire en lumière l'humiliation constante qui règne en prison ainsi que la privation totale de l'intimité dès lors que l'on y entre. Accessoirement, elle a permis d'explorer le corps de Christopher Meloni sous toutes les coutures et d'assouvir le fantasme des adolescent(e)s fans de Beverly Hills lorsque Luke Perry (alias Dylan McKay) a tombé le bas. Mythique ! Prochainement, HBO va remettre le couvert avec la comédie Looking, mettant en scène trois amis gays à San Francisco. Sans doute plus ensoleillé et léger...
Le porno chic : Sex & the City (1998)
Lors de son arrivée en 1998, la dramédie avec Sarah Jessica Parker était présentée comme un Dream On au masculin. Elle est finalement allée encore plus loin en traitant d'absolument tous les sujets liés à la sexualité des femmes, mais aussi celle des hommes, forcément. Le téléspectateur n'a pas raté une miette des parties de jambes en l'air diverses et variées de Samantha Jones, la plus délurée de la bande.
La série a su vulgariser le sexe, tout en sachant rester chic en toutes circonstances... enfin sauf quand les héroïnes se réunissaient pour parler de leurs aventures en n'omettant absolument aucun détail de l'anatomie de leurs partenaires ou de leurs étranges manies ! Le show décomplexé par excellence, qui a marqué toute une génération.
Le porno historique : Rome (2005)
Un show se déroulant dans la Rome Antique ne pouvait pas éluder la question de la sexualité. Rome n'y est pas allée avec le dos de la cuillère. Orgiaque. Boardwalk Empire ou Deadwood, dans d'autres styles, ont également su faire du sexe l'un de leurs attraits principaux. Plus récemment, les protagonistes de Game of Thrones n'ont rien caché de leurs déviances, notamment leurs amours incestueux. Rafraîchissant !
Le porno intello : Tell me you love me (2007)
Cette série choc tourne autour du Dr May Foster, une conseillère conjugale et trois des couples qu'elle suit en thérapie. Dave et Katie semblent heureux mais n'ont plus de relations sexuelles. Carolyn et Palek désirent avoir un enfant mais n'y parviennent pas. Quant à Jamie et Hugo, ils ont des problèmes de fidélité... Avant même sa diffusion, Tell me you love me a lancé une polémique. Certaines scènes montraient tellement bien les actes de masturbation ou encore de pénétration que beaucoup ont pensé qu'il s'agissait d'une série purement pornographique, où rien n'était simulé.
"En les voyant, les gens ont tendance à penser que ces scènes sont réelles, mais elles ne le sont pas. C'est un jeu d'acteurs", expliquait alors Jane Alexander, l'une des actrices. HBO a su jouer de cette ambiguïté pour en faire la promotion. Mais preuve que le sexe ne vend pas à tous les coups : les audiences ont été très soft, elles. Et les téléspectateurs sont passés à côté d'une série extrêmement réaliste, avec des personnages "normaux" auxquels ils pouvaient facilement s'identifier... Pour voir l'une des scènes les plus explicites de la série, avec Ian Somerhalder dans toute sa splendeur, c'est par ici et c'est évidemment NFSW ! Six ans plus tard, Ryan Murphy travaille sur un projet similaire mais probablement plus fédérateur intitulé Open.
Le porno sanglant : True Blood (2008)
Avec les vampires, le sang et le sexe font toujours bon ménage. Après la relative sagesse de Six Feet Under, Alan Ball s'en est donné à coeur joie en faisant de True Blood un objet sexuel non identifié où la fée Sookie est la convoitise ultime pour les suceurs de cou mais aussi pour les shapeshifters et les loups-garous. Les frasques du frère de l'héroïne, un animal on ne peut plus sexué, ont également permis d'assurer le quota de scènes de sexe bestial. LE guilty pleasure qui sait faire durer le plaisir !
Le porno sans demi-mesure : Hung (2009)
Comme son nom l'indique ("bien monté), Hung est l'histoire peu commune de Ray, un entraîneur de basket bien pourvu d'une quarantaine d'années qui trouve un moyen de tirer avantage de son atout majeur : il se lance dans la prostitution ! Malgré son pitch provocateur -qui permet évidemment d'enchaîner les séquences hot- la dramédie s'inscrit dans un contexte social de crise qui ajoute du fond à la forme. Drôle ET pertinent. Un peu bancal aussi.
Le porno démocratique : Girls (2012)
Lena Dunham, la créatrice, scénariste, réalisatrice et productrice du dernier petit bijou de HBO a du cran et n'a pas froid aux yeux. Son physique peu avantageux, hors-norme pour une héroïne de télévision, elle en fait son plus bel atout pour choquer dans un premier temps, faire parler, puis faire réfléchir. Il n'y a pas que les gens beaux et sexy qui font l'amour et il était temps qu'une série le montre ! En deux saisons jusqu'ici, plusieurs scènes ont marqué les esprits. Des scènes où la nouvelle star n'hésite pas à se faire malmener et insulter. Un Sex & The City de la réalité. Le show decomplexant par excellence en somme.
Ci-dessous un extrait de la première saison de Girls :
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Jean-Maxime Renault & Julien Dokhan