Il y a quelque temps, les fans s’enthousiasmaient de voir Nicolas Winding Refn évoquer une possible adaptation de L’Incal parmi ses prochains projets. Vu la relation d'amitié qu'entretiennent depuis quelques années Alejandro Jodorowsky et son fils spirituel danois, on n’est pas vraiment surpris que maître Jodo apporte aujourd'hui sa caution au projet. Lors de l’entretien qu’il nous a accordé, il s’est montré relativement optimiste, et très enthousiaste : « Je serais extrêmement ravi si [Nicolas Winding Refn] fait L'Incal, comme il l'a dit. Lui, il ferait quelque chose de formidable. Parce qu’il sait manier l’industrie. » Comprendre : NWR sait composer avec les financiers (même s'il n'a jamais eu à gérer de gros budgets) sans renier sa vision d’auteur. Un sacré compliment dans la bouche d’un Jodo qui en connaît long sur la question (cf. son projet d’adaptation de Dune ou Le Voleur d'arc en ciel, expérience difficile suite à laquelle il délaissa le cinéma pendant deux décennies, malgré plusieurs projets avortés comme Sons of El Topo). L'occasion était trop belle : on en a profité pour glisser le nom de l’acteur fétiche de NWR, Mads Mikkelsen, pour incarner le Méta-Baron. « Oui, il serait parfait ». On est bien d'accord. Ne manque plus que des producteurs ambitieux, pour convaincre des executives qui ont autrefois mis fin au rêve du projet Dune...
Mads Mikkelsen en Méta-Baron, ça le ferait non ?
Alors que La Danza de la Realidad, réinvention très jodorowskienne de son enfance au Chili présentée à la dernière Quinzaine des réalisateurs, s’apprête à sortir sur nos écrans mercredi prochain, le réalisateur nous a également confié vouloir embrayer sur un nouveau projet intitulé Poésie sans fin : « On va voir quelle est la réception du film [La Danza]. Ce sera la continuation de La Danse. […] Quand mon père m’a coupé de Tocopilla [village natal de Jodo et cadre de son film], j’ai vécu dans la capitale comme au purgatoire. J’ai beaucoup souffert, mais vers 16, 17 ans j’ai commencé à écrire des poèmes, et le paradis a commencé. Jusqu’à 23 ans j’ai vécu parmi des poètes, de jeunes poètes chiliens. C’était l’époque de la guerre et le Chili était un paradis, parce que la guerre n’y parvenait pas. Alors tout le monde vivait dans une fête, tout le monde se saoulait. A six heures de l’après-midi, tout le Chili était saoul ! Il y avait de grands poètes et on vivait dans la poésie. C’est ça que je veux montrer. Une vie exaltante et poétique. »
La BA de La Danza de la Realidad :
La Danza de la Realidad
Alexis Geng