Le timing a quelque chose de malheureux. Alors que le jeu Deadpool est disponible sur PC, Xbox 360 et PS3 depuis le 28 juin dernier, une partie de l'équipe du studio de développement derrière le titre, High Moon, a vu une quarantaine de ses membres être remerciés en avril dernier...Deadpool donc. Parfait anti-héros de l'écurie Marvel qui a de nombreux fans, même s'il n'est pas aussi médiatique que ses copains Wolverine ou Spider-Man. Pourtant, le personnage a de bon atouts pour convaincre de s'intéresser à lui : déjanté, schizophrène, doté d'un humour ravageur et souvent gras, ultra violent, insolent, arrogant et imprévisible, obsédé par les charmes féminins, Deadpool, c'est tout cela à la fois, et plus encore.
Le personnage est ainsi au coeur d'un Beat'Them All sur plusieurs niveaux que vous parcourerez environ en huit heures. Le but de la manoeuvre, simple vous vous en doutez, étant de vous frayer un chemin, à grands coups de combos de sabres, pistolets mitrailleurs, pièges, grenades, pains explosif de C4 et décharge de gros sel à bout portant sur vos hordes d'adversaires plus ou moins résistants.
Deadpool aime taper sous la ceinture...
Le vrai point faible du titre, c'est d'abord sa faiblesse technique : niveaux peu inspirés et textures pas franchement "up to date" (à part le personnage, plutôt bien modélisé), un gameplay ultra répétitif, pas mal de bugs...On est à des années lumières du mètre étalon du genre : Bayonetta. Pourtant, en dépit de ces handicaps, Deadpool est un jeu vraiment sympathique.
Car sans doute conscient de ces faiblesses, le studio High Moon a joué un atout qui se révèle plutôt gagnant : la mise en scène de son personnage, très fidèle au comics d'origine. Du 100% fan service qui fait plaisir à voir / entendre. Tout y passe ou presque. Tout au long du jeu, Deadpool emploie le "nous" puisqu’ils sont plusieurs à l’habiter et n’hésite pas à faire des dialogues entiers entre ses différentes personnalités, interpelle en permanence le joueur, balance des rafales de blagues toutes plus graveleuses les unes que les autres entre deux Headshots, fait un hommage aux J-RPG (jeu de rôles japonais), aux jeux vidéo 8 bits et jeux de plateformes d'antan, se paye une séquence en chariot dans une mine rappelant furieusement celle d'Indiana Jones dans le Temple maudit, pratique la mise en abîme (le jeu dans le jeu), se paye une séquence avec la mort incarnée en parodiant la scène de danse de Pulp Fiction entre Uma Thurman et John Travolta...Conscient d'être acteur de son propre jeu, il se fend aussi de dialogues savoureux avec une voix off censée incarner...le patron du studio High Moon. Bref, on ne va pas tout vous passer en revue, mais ca vous donne déjà une petite idée.
Deadpool en plein activité d'éveil...
Si ce bombardement orbital d'humour et de situations absurdes peut sembler de prime abord être une volonté du studio de faire du remplissage à tout prix, quitte à tomber dans l'overdose, l'équilibre de l'édifice arrive assez miraculeusement à se maintenir, et rend de surcroît le personnage vraiment attachant. Une qualité rendue aussi possible par le monstrueux abattage de Nolan North, que les joueurs connaissent bien : c'est lui qui prête ses traits et sa voix au personnage de Nathan Drake dans la saga des jeux Uncharted.
En résumé : Deadpool n'est certes pas le Beat'Them All de l'année (en même temps, il n'a jamais prétendu à ce titre), mais il devrait aisément trouver son public parmi les fans. En tout cas, on doute beaucoup que le film X-Men Origins : Deadpool, que doit réaliser Tim Miller ave Ryan Reynolds dans le rôle-titre, atteigne un tel degré dans le politiquement incorrect et d'esprit aussi trash. A moins d'en faire un film classé "R". Et encore. On prend les paris ?
Ci-dessous la bande-annonce de lancement du jeu, qui vous donnera un petit aperçu du personnage...
Olivier Pallaruelo
