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    "Génération Pixels" : rencontre avec ses auteurs

    Revisitez 40 ans d’histoire du jeu vidéo à travers ses personnages intemporels, ses jeux mythiques et les récits de joueurs de tous âges avec le documentaire "Génération Pixels", diffusé ce lundi 3 décembre à 22h20 sur Disney Channel. L'occasion de poser quelques questions à leurs deux auteurs.

    Que faisiez-vous en 1982 ? Quels souvenirs gardez-vous de cette époque dont les héros s’appelaient Pac-Man, Space Invaders et Pitfall ? Les enfants qui jouaient à ces jeux ont aujourd’hui 40 ans et font partie de la première Génération Pixels. La diffusion du documentaire ce lundi à 22h20 sur Disney Channel nous a donné l'occasion de poser quelques questions à leurs deux auteurs.

    AlloCiné : Pouvez-vous déjà vous présenter ?

    Bertrand Amar : Je m’appelle Bertrand Amar, je suis journaliste spécialisé dans les jeux vidéo. Cela fait près de 20 ans que je traite ce sujet ; j’anime et produit des émissions, notamment consacrées aux jeux vidéo.

    Gemma Halsey : Moi je ne suis pas dans le circuit depuis aussi longtemps ! J’ai travaillé pour le New York Times à  Paris. Mais les jeux vidéo sont vraiment une passion ; j’ai donc eu la chance de rentrer là-dedans. Je travaille aussi pour le site Eurogamer.fr

    AlloCiné : pourquoi ce titre ?

    Bertrand Amar : En fait, on est parti d’un constat assez simple : les gens qui ont 35-40 ans maintenant, en gros qui ont l’âge du jeu vidéo puisque le premier jeu vidéo commercialisé est Pong, en 1972, constituent la première génération à partager cette culture avec leurs enfants. Nous, quand on était gamins dans les années 80,  nos parents, ils comprenaient pas ce qu’on faisait sur nos consoles Atari VCS 2600 ! Aujourd’hui, ce n’est plus ça. Cette culture du jeu vidéo est non seulement partagée entre les parents et les enfants, mais c’est sans doute la culture la plus partagée entre toutes. On ne lit pas les mêmes livres que ses enfants, on écoute souvent pas la même musique que ses enfants,  on ne regarde pas les mêmes films que ses enfants ni les mêmes émissions de TV que ses enfants. En revanche, on joue aux mêmes jeux ! On a donc voulu partir de ce constat pour montrer que les jeux vidéo apportent aussi du bon à la famille, là où malheureusement il se fait souvent taper dessus dans les médias généralistes.

    AlloCiné :  Pas plus tard que dernièrement encore, dans un article du magazine "Le Point" [NDR : un article du Point, "jeux vidéo : permis de tuer", a enflammé à juste titre la communauté des joueurs]

    Bertrand Amar : Ah oui ! merci à lui d’ailleurs, de prouver que notre démarche est justifiée !

    AlloCiné : Les jeux vidéo n’ont pas toujours une bonne image, que ce soit dans la presse généraliste, le monde politique ou autre. Mais à côté de ça, on est capable d’organiser une grande exposition dessus avec "Game Story", au Grand Palais ; ce qui marque quand même une sorte de reconnaissance officielle. Comment expliquez-vous ce décalage qu’il peut y avoir dans la perception de ce media ?

    Bertrand Amar : Je pense que c’est en partie parce que c’est une culture jeune. Les choses changent dans le bon sens néanmoins. Une expo comme celle qui s’est tenue au Grand Palais n’aurait sans doute pas été envisageable il y a 5 ans. Aux journaux de 13h ou 20h il y a cinq ans, c’était à chaque fois ou presque pour dire qu’un Serial Killer était fan de jeux vidéo. Bon il ne faut pas se leurrer : ca continue encore, mais moins qu’avant. On voit plus de sujets positifs sur les jeux vidéo ; on hésite plus à diffuser par exemple des images de Making of de jeux. Mais c’est vrai que cela met du temps…Aujourd’hui, personne ne viendrait critiquer le cinéma en tant qu’art. On peut évidemment critiquer un film, comme on peut critiquer un jeu, mais on ne peut pas critiquer tous les jeux vidéo, comme on le fait encore dans certaines publications, de temps en temps. J’espère à l’avenir qu’on pourra critiquer un jeu, parce qu’évidemment tous ne sont pas bons, mais qu’on arrêtera de critiquer LE jeu.

    Gemma  Halsey : on espère d’ailleurs que notre documentaire contribuera justement à faire progresser les avis !

    Bertrand Amar : absolument. On a eu un peu cette démarche militante. Et d’ailleurs nous voulions aussi nuancer notre passion, en nous nous demandant si nous étions assez objectif. C’est pour cela que nous sommes aussi aller voir des spécialistes comme un pédopsychiatre, des psychiatres spécialistes des addictions. Des gens que nous avons contacté avant même de connaître leurs positions sur le sujet. Et tous nous ont dit qu’il n’y avait pas de problème, à la condition bien sûr de savoir mettre des limites ; c’est comme pour tout.

    AlloCiné : Vous avez eu une approche historique du média ?

    Bertrand Amar : Oui, aussi. Il y a deux traitements qui se croisent dans le documentaire. Il y a l’aspect sociétal, familial, où l’on a suivi les familles. Et entre chacun des témoignages de ces familles, il y a un focus sur un jeu. Et à travers tous ces focus, on remonte l’histoire du jeu. On s’intéresse donc à un des premiers héros qui est Pac Man ; à Mario, à Sonic, à Mickey. Celui-ci est d’ailleurs probablement un des personnages qui a le plus été adapté en jeux vidéo. Et c’est surtout un des plus vieux personnages de jeux vidéo : on le retrouvait dans les petits jeux électroniques à cristaux liquides « Game & Watch ». En fait, on s’est davantage interessé aux personnages qu’aux jeux ou aux consoles. Il ne fallait pas faire quelque chose de trop technique ; on voit peu de consoles d’ailleurs dans le documentaire.

    AlloCiné : Est-ce que vous vous définiriez comme des nostalgeek ?

    Gemma Halsey : Ah j’aime bien ce terme, ca me va ! Je n’ai pas connu cet âge d’or des années 80 comme Bertrand ; j’ai surtout construit ma culture vidéoludique dans les  années 90, un véritable âge d’or des jeux sur PC, avec des titres comme Half-Life. Mais je considère que c’est important de s’intéresser et connaître l’histoire des jeux vidéo, au même titre qu’il est important de s’intéresser à l’histoire du cinéma  ou de l’Art.

    Bertrand Amar : moi je ne me reconnais absolument pas dans ce terme. Je considère toujours que le meilleur est à venir. D’ailleurs, plus on avance, plus les nouvelles machines nous permettent de jouer aux vieux jeux, avec en plus les nouveaux !  Les anciens jeux ne vont pas disparaître. A titre personnel, je n’ai gardé aucune console, à part ma vieille Atari VCS 2600. A la limite si j’ai tout dans mon disque dur, je suis content ! Je ne suis par conséquent pas du tout matérialiste.  D’ailleurs, nous terminons le documentaire en posant précisement cette question sur l’avenir des jeux vidéo à de grandes personnalités qui ont fait son histoire, dont Nolan Bushnell, le créateur d’Atari ; Ralph Baer, le créateur des jeux vidéo et vraiment considéré comme le grand-père de cette génération Pixels…Je vous invite donc à découvrir ce qu’ils en disent !

    Propos recueillis par Olivier Pallaruelo le 28 novembre 2012.

    Génération Pixels, diffusé sur Disney Channel le 3 décembre à 22h20.

    Extrait :

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