saviez-vous qu'une pensionnaire de la vénérable Comédie-Française figurait au générique de Salo ou les 120 journées de Sodome, le film en forme d'expérience-limite réalisé par Pier Paolo Pasolini ? Cette actrice, c'est Hélène Surgère, décédée dans la nuit de samedi à dimanche à l'âge de 81 ans. Elle avait intégré la Maison de Molière il y a seulement un an, après un long parcours sur les planches, ponctué de quelques belles rencontres cinématographiques. C'est Paul Vecchiali, grand amoureux des actrices, qui lui offre ses premiers rôles au cinéma, notamment dans Femmes, femmes, dans les années 70. En 1975, Pasolini en fait une conteuse dans son Salo sadien, mais on retrouve aussi son élégance et son air joyeux chez des jeunes esthètes comme Téchiné (Barocco) ou Jean-Claude Guiguet. Mais Hélène Surgère, qui fut commerçante avant de se lancer, à plus de 30 ans, dans la comédie, se consacre surtout au théâtre (avec Jean-Luc Lagarce, Bruno Bayen ou Alain Françon). Dans la dernière partie de sa carrière, elle travaille avec des cinéastes aussi différents que Raoul Ruiz, James Ivory, Didier Bourdon, Patrice Leconte ou Claude Berri (Ensemble, c'est tout), mais c'est le fidèle Vecchiali qui lui offre son dernier rôle dans Les Gens d'en bas (inédit en salles). Ces jours-ci, on pouvait la voir dans Les Trois soeurs de Tchekhov, à la Comédie-Française, dont elle était la doyenne -"et pourtant l'une de nos plus jeune pensionnaires" comme le souligne aujourd'hui la directrice Muriel Mayette.
Julien Dokhan