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    Sur le tournage de "The Last airbender" avec M. Night Shyamalan...

    Quand M. Night Shyamalan adapte en live la série animée "Avatar", ça donne "The Last Airbender, le dernier maître de l'air". Premières révélations... et premières images.

    Quelle est votre vision de ce film ? Est-ce une manière de vous réinventer ?

    M. Night Shyamalan : D'une certaine manière oui : c'est un nouveau souffle, un nouveau style de film pour moi. J'ai en fait toujours rêvé de monter une trilogie à la Le Seigneur des anneaux : la communauté de l'anneau avec une mythologie forte. Mais jusque-là, je n'avais pas été confronté à une telle possibilité car je voulais trouver un projet qui me permettrait d'y coller ma propre vision. Je voulais certain que ma voix serait un complément d'une franchise déjà existante. Et j'ai bien fait d'attendre puisqu'avec The Last Airbender, j'ai vraiment trouvé le projet parfait pour soutenir ma vison. Ce qui est amusant, c'est que l'idée est venue en famille : ce sont mes enfants qui m'ont parlé de la série animée et j'ai tout de suite accroché. J'ai tout de suite été mordu par la richesse de la mythologie du dessin animé et par sa profondeur philosophique qui approche autant le Bouddhisme que les arts martiaux. Et j'ai tout de suite compris que l'on pourrait en faire une adaptation cinématographique avec de vrais acteurs et des effets CGI (faits par ILM). Je savais que ce film serait un plaisir pour les yeux autant que pour le coeur et l'âme. Ma vision, c'était d'approcher ce film à travers ses personnages hauts en couleurs et de parler de themes aussi sérieux que le génocide, la balance intérieure de l'être humain, sa connection et son rapport organique avec la planète... Tous ces thèmes me sont chers et sont récurrent dans mes films. Pour moi, c'était capital de faire un film d'été à gros potentiel mais aussi une expérience intime et unique, vraiment émotionnelle pour le spectateur.

    Tous vos films sont assez politiques et soulèvent toujours le débat. Allez vous donc faire de même avec celui-ci ?

    Oui, j'espère que ce film soulèvera aussi certains débats. Par rapport au dessin animé, j'ai fait en sorte d'enlever tout cet humour un peu lourd, notamment les blagues enfatines. J'ai tenté de donner un ton plus sérieux à l'ensemble pour toucher un public plus large. Le ton politique du film est évident, et on ne peut que y voir des parallèles avec le monde dans lequel nous vivons. Ne sommes nous pas dans une situation où nous nous posons aussi la question sur l'existence de Dieu et le controle de notre destinée par exemple ? Ce film sucite à mon avis le débat religieux et spirituel. Nous traversons, je crois, une crise existentialiste en ce moment, et c'est un peu le sujet de The Last Airbender. Même si c'est aussi un spectacle fabuleux sur le plan visuel et sonore.

    D'après ce que l'on a pu voir à travers le teaser, on sent que votre univers s'inspire des films d'art martiaux et de l'univers d'Hayao Miyazaki...

    Je ne sais pas si je m'inspire de Hayao Miyazaki mais j'avoue mon admiration totale pour son travail. Je suis fan de ses films et je l'ai même rencontré au Japon lors de ma tournée promotionelle pour Phénomènes. Mon film favori est Le Voyage de Chihiro : du pur génie, c'est magique. En fait, The Last Airbender est plus inspiré de ma passion pour tous les films d'art martiaux. Je suis totalement obsédé par Bruce Lee et j'ai même une figurine de Bruce sur mon bureau. Ceci dit, j'ai tenté de donné au film un ton original, une vision unique et avec des scènes que vous n'avez jamais vu dans d'autres films de ce genre.

    Quel a été le plus grand défi à relever pour donner vie à "The Last Airbender" ?

    Pour moi, ça a été un défi de ne pas être ce maniaque qui aime tout contrôler ! D'habitude, je me sens obligé d'avoir un regard sur tout et de signer chaque petit detail. Mais quand vous faites un film aussi énorme que celui-ci, il vous faut déléguer et faire confiance. C'est impossible, par exemple, de diriger tous les acteurs d'une armée de 400 figurants ! Ou de vraiment tout contrôler sur la fabrication de plateaux aussi imposants que ceux que nous avons dû construire à Philadelphie où le gros du tournage a lieu. Donc pour moi, c'était comme de revenir à l'école, de m'émerveiller devant cette fresque fantastique que nous tentions de réaliser. Quelque part, j'ai dû apprendre à surmonter mes peurs de ne pas pouvoir être le seul maître à bord de ce navire. Mais cela en vaut la peine car le résultat est au-delà de mes espérances. Vraiment, je crois être devenu un meilleur réalisateur grâce à ce film.

    Quand avez vous pris conscience de la "grandeur" de ce film ?

    Dès la première semaine. Dès que nous avons commencé le tournage au Groënland. Quand nous avons posé les pieds au milieu d'un village reconstitué et que j'ai vu tous mes acteurs avec leurs armures, leurs casques... J'ai eu un choc et j'ai compris que c'était mon film le plus ambitieux que j'étais en train de tourner.

    Parlez nous du casting...

    Ca, ça a aussi été un défi à relever ! Trouver des acteurs qui peuvent jouer et apprendre à se battre en même temps... J'ai vraiment eu de la chance de tomber par exemple sur Dev Patel qui joue le role de Prince Zuko. Je l'avais rencontré avant son succès dans Slumdog Millionaire et j'avais peur de ne pas pouvoir l'avoir après les Oscars. Mais il a vraiment accroché sur ce film et je suis honoré de sa présence. C'est quelqu'un à la force intérieure énorme mais qui sait aussi révéler sa vulnérabilité et sa sensibilité quand une scène le demande. J'ai aussi eu beaucoup de chance de trouver un jeune de 12 ans comme Noah Ringer qui est pour moi le parfait Aang, le héros principal du film. C'est son prof de kung fu qui lui a demandé d'envoyer un DVD pour nous montrer son talent. C'est quelqu'un d'incroyable pour son jeune âge, qui a déjà plein de titres de champion. Il a juste suffit de quelques semaine de cours de comédie et le tour était joué ! Avec ces deux acteurs-clés, il m'a ensuite suffit de construire une structure parfaite pour la trilogie avec une évolution en trois temps à travers les éléments qui sont au coeur du film : l'Air, l'Eau, la Terre et le Feu. Pour l'instant, nous sommes presque au terme du tournage du premier film puis ce sera une longue période de post-production pour rajouter tous les effets visuels et sortir le film en juillet 2010. Et puis je vais me remettre très vite à écrire les deux prochains films...

    C'est un peu votre "Star Wars", finalement. Compareriez-vous votre trilogie à la trilogie de George Lucas ?

    Jamais de la vie ! Star Wars, c'est comme une religion pour moi : c'est ce qui me fait comprendre les gens qui sont religieux. Disons que si je me permets de comparer The Last Airbender à Star Wars, c'est sans doute au niveau du "voyage" qu'entrepend mon jeune héros. Comme Luke, il va mûrir et franchir des étapes spirituelles et physiques avant d'atteindre la plénitude de son être et la maîtrise de sa "Force".

    Le film traite de la notion des quatre éléments et de leur complémentarité. De quel élément vous sentez-vous le plus proche ?

    Question intéressante.... Je dirais que je me sens le plus proche de l'Air. Car j'essaye toujours de tout faire avec le moindre effort possible, avec le plus de légèreté... J'aime la simplicité.

    En plus de pernser aux deux autres films de cette trilogie, avez-vous d'autres projets ? Comme celui, peut-être, de faire une suite à "Incassable" ?

    Pour ce qui est de la suite de Incassable, et malgré les rumeurs, je n'en suis pas encore là et sans doute très loin car Samuel L. Jackson est parti vers des films tellement plus gros et Bruce Willis est injoignable.... De toute façon, je vais être très occupé à faire la meilleure trilogie possible avec The Last Airbender. Rendez-vous dans les salles dans un an !

    Propos recueillis par Emmanuel Itier sur le tournage à Philadelphie le 15 juin 2009

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